Editeur : Wild Side Video, juin 2009. 1h24 minutes | Master restauré - 1.85, 16/9e comp. 4/3 Langues : Anglais Mono | Sous-titres : Français

suppléments :

  • Elia Kazan outsider : portrait d’Elia Kazan par Michel Ciment réalisé en 1982 (53’)

 

Bill Schmidt et Marthe Wayne vivent à la campagne avec Harry, le père de Martha, un écrivain de westerns. Par un jour d’hiver deux étrangers, Mike et Chico débarquent chez eux. Ils viennent de passer deux ans en prison pour avoir violé une jeune indigène pendant la guerre du Vietnam. Venus pour se venger de Bill qui les a dénoncés, ils se lient d’amitié avec son beau-père, un macho qui méprise son gendre. L’engrenage est en place pour une journée de violence.

Aucun grand réalisateur américain d’un statut égal ne s’est jamais lancé dans une aventure comparable à celle des Visiteurs. A plus de 60 ans, Kazan, incapable de trouver le financement pour ce projet audacieux auprès des grandes compagnies, est reparti à zéro. Pour 100 000 $, avec une équipe de quatre techniciens et autant de comédiens débutants (plus un vétéran de l’Actors Studio), il a tourné en 1971 avec une caméra Super 16 et dans sa maison de campagne le premier film sur le conflit vietnamien et le retour des combattants traumatisés par leurs expériences au front. Dans Les Visiteurs, qui révéla James Woods, on retrouve son talent pour tirer le meilleur de ses interprètes, pour créer un climat de tension et un récit haletant, pour traiter une fois de plus des affres de la culpabilité et des problèmes de la délation.

Elia Kazan outsider (53’)

Michel Ciment interviewe Elia Kazan dans sa maison de campagne qui sert de décors aux Visiteurs, à New York, près de l'endroit où fut tourné Sur les quais et dans le petit théâtre de l'actor's studio où Robert de Niro viendra aussi témoigner.

Grec en Turquie, Elia Kazan a eut dès l'enfance le sentiment d'appartenir à une minorité, d'être un outsider, comme les juifs ou les Grecs.

L'Actor's studio est la continuation du Group Theater avec ses pièces sociales, notamment celles de Clifford Odetts. La méthode, lointainement inspiré de Stanislavski, consistait à affiner les sensations comme, par exemple entrer dans une pièce très chaude alors qu'il neige dehors ou avoir la même émotion en regardant une fenêtre que si l'on voyait vraiment quelque chose dehors. Il s'agissait d'un entraînement à comprendre toutes les valeurs symboliques d'un objet autour duquel les personnages vont discuter. Cette méthode permet une improvisation souvent géniale ainsi l'épisode du gant que Eva Marie Saint laissa accidentellement tomber dans une scène de Sur les quais. Brando le ramasse, y met la main avec un symbolisme sexuel qui n'échappe pas au personnage féminin qui joue alors la gêne.

De Niro, acteur principal du Dernier nabab reconnaît aujourd'hui l'intérêt des indications de jeu de Kazan : montrer de la timidité envers les filles et penser à autre chose que ce qui se dit durant la conversation.

Sur les quais fut tourné, de façon nouvelle à l'époque, en décors naturels. C'est un film social dans la tradition des années 30 avec la crise comme contexte central.

Kazan a été communiste pendant quinze mois. Il jugea le système capitalise cruel et injuste lorsque son père est moralement détruit par la dépression. Au bout de ces quinze mois, en 1935, il est condamné à démissionner par 22 voix contre deux car il ne veut pas continuer ses efforts artistiques dans la ligne du parti. Il soutient l'URSS jusqu'au pacte germano-soviétique.

Ciment lui demande si avec Sur les quais, où il donne raison à Terry Molloy de dénoncer les syndicats mafieux, il défend son attitude de témoin coopératif au procès Mccarthy

Kazan refuse cette interprétation : il n'a pas témoigné sous la pression mais a répondu à sa propre conviction. Des personnes ont été blessées par son attitude mais, dit-il, l'URSS a vraiment fait des erreurs qu'ont révélé ensuite Soljenitsyne et Kroutchev. C'est une vraie guerre.

Ciment enregistre cette défense et constate que les films de Kazan sont devenus meilleurs après ses dénonciations. Ils deviennent meilleurs car plus complexes et ambivalents. Kazan approuve disant avoir voulu révéler dans toute opposition la valeur des deux points de vue. Et puis dans chaque combat, on perd quelque chose pour en gagner une autre.

 

 

 
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Les visiteurs d'Elia Kazan