Editeur : Wild Side Video, mars 2010. Master restauré. V. O. avec sous-titres français. : 1h56. 15 €.

Supplément :

  • Présentation du film par Noël Simsolo et Christophe Repplinger (26')

1943. Le capitaine Cash reçoit pour mission de prendre la petite ville de Valerno. Les habitants attendent en fait avec impatience l'arrivée des Américains et sont prêts à se rendre pourvu qu'on les laisse finir leur match de football…

 

Le maître de la comédie Blake Edwards (La panthère rose, La Party, Diamants sur canapé…) renvoie dos à dos les belligérants, se moquant tout autant des Italiens opportunistes que de l'armée américaine vue sous un jour particulièrement peu prestigieux. Il joue avec bonheur sur le mélange des genres, Italiens et Américains faisant semblant de continuer la guerre alors que les Allemands risquent d'investir la ville.

 

Présentation du film par Noël Simsolo et Christophe Repplinger (26')

Le burlesque a souvent été associé au thème de la guerre depuis Charlot soldat en 1918, Soupe au canard (McCarey 1933), Le soldat récalcitrant (Hal Walker 1950 avec Jerry Lewis) ou De l'or pour les braves (Hutton 70). De plus, le film de guerre a connu un renouveau récent avec Le pont de la rivière Kwai (David Lean 1957), Les canons de Navaron (1961). Enfin et surtout, Edwards sort d'une belle série de succès. Pourtant le film, qui coûtera sept millions et n'en rapportera que quatre, sera un échec commercial et critique.

Certes ni James Coborn, qui a pourtant fait Les sept mercenaires, La grande évasion ni Dick Shawn, acteur de théâtre et de télévision qui a joué dans Un monde fou, fou, fou de Stanley Kramer et qui jouera dans Les producteurs de Mel Books ne sont des stars. Mais Blake Edwards avait fait de Peter Sellers une star avec La panthère rose.

Qu'as-tu fait à la guerre, papa ? reprend la thématique constante du rapport entre apparence et réalité chère à Blake Edwards. Italiens et Américains devront diriger un faux combat et surtout le travestissement, facilité par l'alcool, est partout. Il conduit à faire passer des morts pour des vivants (le colonel SS), des Américains pour des Italiens et des Italiens pour des Américains (après la partie de poker) et les deux pour des Allemands et, autre grande constante de Edwards, des hommes pour des femmes (Lionel Cash courtisé par l'officier allemand).

Si la thématique est là, reste que sa fonction (L'émotion surgissant au moment à partir duquel les gens sont autres et ne sont plus ce qu'il était ?) disparaît au profit d'une confusion généralisée avec ce maire qui parle allemand et lui seul, les deux voleurs qui creusent des souterrains et les communistes italiens qui rêvent d'enlever le colonel pour être récompensés par Staline.

Ce sont donc toutes les structures, grande (l'institution militaire) comme petites (vol, relations amoureuses, communisme béat, manie du vol) qui interdisent les pulsions qui sont attaquées par Edwards.

Blake Edwards n'a pu aller au bout de son intention de faire d'abord un vrai film de guerre pendant une demi-heure comme il en tient encore le pari durant le générique et les séquences initiales avec Aldo Ray interprétant ses personnages de sergent comme chez Walsh. Le tempo du film semble ainsi lui avoir échappé, le glissement de l'humour décalé (le colonel sentimental "Seul ma femme et le président m'appellent Max...mais de moins en moins souvent") vers la pagaille généralisée semble ainsi bien moins maîtrisé qu'il ne le sera dans La party.

La musique subvertit doucement les codes du genre : ne doit pas être perçue consciemment par le spectateur (pas d'instruments dans le champ) et servir d'accompagnement psychologique (rapide quand action, douce dans les scènes sentimentales) pour renforcer et accompagner les effets.

 
présente