Editeur : Warner, mai 2007. Langues Français - anglais. Sous-titres, Français, anglais, arabe....

Suppléments :

  • Introduction de Clint Eastwood
  • Le livre et le scénario
  • Six hommes courageux
  • Les coulisses du film
  • Le drapeau sur l'île
  • La création des effets visuels
  • Documentaire : un regard sur le passé

 

Dans une lumière bleue nuit, un soldat court sur une terre dévastée. "Infirmier", "infirmier" crie-t-on autour de lui sans qu'il parvienne à trouver l'origine de l'appel. C'était un cauchemar et celui qui se réveille est aujourd'hui un vieil homme qui se rendort difficilement, réconforté par sa femme.

Un homme est interviewé. Il rappelle l'enthousiasme que suscita la photo qu'il prit le 23 février 1945 : six soldats américains hissant la bannière étoilée au sommet du mont Suribachi, sur l'île japonaise d'Iwo Jima, alors théâtre du plus violent affrontement de la guerre du Pacifique....

Archéologue de l'Amérique, Eastwood complète avec ce film sur la seconde guerre mondiale son exploration des fondations mythiques, légendaires, mensongères de l'histoire. Dans les plis du temps gît un secret, qui fonde la croyance dans le présent tout en le corrodant. C'était le sujet explicite de Impitoyable, où le journaliste écrivain est le scribe honteux d'une réécriture de l'histoire en légende crapuleuse sous l'influence du shérif, Gene Hackman. C'était celui d'Un monde parfait qui explorait la tragique ascendance des fils de l'Amérique condamnés à répéter les crimes de leurs pères et à en être les premières victimes. C'est enfin celui de Mystic river qui mettait en parallèle la malédiction des origines dont sont frappés les trois garçons après l'enlèvement de Dave, avec la malédiction de la communauté américaine qui parade le jour de Colombus day en trouvant dans le déni de justice une façon de progresser vers le pouvoir.

La complexité de la réalité est l'objet de la révélation d'un triple secret qui s'oppose à cette innocence de l'Amérique. Celle-ci s'incarne dans le parcours de la photo, image vue cent fois mais toujours efficace de la Une qui touche tous les foyers américains à commencer bien évidemment par ceux qui reconnaissent leur fils : ici Belle Block qui reconnaît les fesses de son sergent de fils qu'elle a talqué enfant. Le film se terminera aussi par une image paisible mais il aura fallu entre-temps recoudre les fils de la mémoire.


Eastwood confirme qu'il est le plus grand cinéaste actuel de l'interrogation de la mémoire. Trois périodes s'entrelacent dans le film : le présent et deux strates de passé, celui des combats sur l'île et celui de la tournée que firent les trois survivants du cliché de Rosenthal aux Etats-Unis, acclamés comme des héros au cours d'une campagne publicitaire destinée à inciter les Américains à acheter des bons de guerre. Réaliste dans ses descriptions de scènes de guerre, celles -ci sont néanmoins toujours vues depuis une autre strate du temps qui cherche à savoir ce qui a bien pu se passer, à quel moment quelque-chose n'a pas fonctionné ?

(voir : suite de l'analyse)

DVD Mémoires de nos pères de Clint Eastwood

 

Dans l'édition collector du DVD sont proposés sept suppléments, abordant le film sous ses aspects technique ou historique. Aucun d'eux n'analyse la mise en scène. Les plus intéressants sont les deux derniers : la création des effets visuels et le documentaire, Un regard sur le passé. Leurs visions successives montrent que l'idée d'un drame photo-réaliste tant vantée par les auteurs des effets spéciaux ne tient pas : les images du documentaire sont beaucoup plus vives et colorées que l'image grise de fin du monde du film. Très probablement quand même, c'est bien le film qui donne l'idée que l'on se fait de comment aurait pu être photographiée la guerre au milieu des années 40. La diffusion des bandes d'actualité en couleur est encore trop récente pour avoir durablement marqué l'imaginaire des spectateurs.

Introduction de Clint Eastwood

Les Américains qui partent en guerre sont marqués par la grande dépression. Après la guerre du pacifique où il s'agit de reprendre des d'îles précédemment conquises par les Japonais. C'est ici premier combat sur le sol japonais.

Iwo Jima, gardée par des Japonais et des Américains est aujourd'hui interdite aux touristes. Sont érigés des monuments aux morts japonais et aux marines

Eastwood espère que son film sera perçu comme un message de solidarité : à la guerre, on apprend à dépendre de son voisin.

 

Le livre et le scénario

James Bradley explique qu'il a travaillé quatre ans sur un premier scénario avant l'arrivée de Spielberg puis de Paul Haggis avec Eastwood. L'un des axes essentiels est que Doc n'arrive pas à protéger Iggy.

Six hommes courageux

Les acteurs s'expriment sur leurs personnages. John Bradley n'a jamais parlé d'Iwo Jima à son fils parce qu'il n'a vu que le pire. Tous les morts dont Mike Strank, le vieux, le sergent Mike, mort à 24 ans dont la mère s'écroule dans la cuisine en apprenant sa mort. Franklin Sousley, le naïf, mort à 19 ans. Harlon Block 22 ans qui veut toujours imiter Mike et que sa mère, Belle Block, reconnaît de dos.

Les coulisses du film

Tourné en août en Islande, la bataille eut lieu en février au Japon sur une île volcanique de sable noir avec cinq kilomètres de plage en pente sans végétation. Des tonnes de sables ont été ramenées sur les 228 mètres reconstitués pour avoir un plateau semblable à celui de l'île.

Le drapeau sur l'île

Une bande de copains en Islande.


La création des effets visuels

Le but des effets spéciaux numériques est de les rendre invisibles pour un "drame photoréaliste". La rotoscopie sépare l'avant-plan de l'arrière plan pour passer de la scène filmée à la scène composite avec trucage. Les balles rouges disposées sur la plage servent à mesurer les distances réelles. Elles seront ensuite effacées quand auront été calculées les distances pour les composites ajoutés à l'ordinateur. La tonalité de la lumière a été changée pour passer d'uen atmosphère de vacances agréable en Islande à la tonalité de la guerre. Le film devait donner l'impression d'avoir été tourné pendant la guerre. De vraies pyrotechnies et de la fausse numérisée.

Le matériel de référence utilisé pour conserver l'aspect historique a consisté en des photos d'époque et des vieux matériels de guerre. Quelques engins amphibies pour faire des photos ont été empruntés aux garde-côtes islandais. Tous les autres engins ont été réalisés par Digital Domain. L'attaque de l'avion et Iwo Jima, le dessin de ses vagues et la fréquence de l'océan, sont entièrement numériques.

Le Programme informatique "Massive" est comme un cerveau qui prend une suite de décisions. A partir d'une plaque de la plage, il permet d'animer des soldats, chacun réagissant différemment au son (à genoux, tombe par terre, se plie, baisse la tête, se jette à terre..). Il gère le fait que les soldats ne doivent pas se rentrer dedans.

 


Un regard sur le passé

Genaust avec sa caméra et Rosenthal avec son Speed Graphic ont filmé la deuxième levée du drapeau sur le mont Suribachi (182 mètres). Le drapeau américain est le premier drapeau étranger à flotter sur le territoire japonais à 11 heures le vendredi 23 février 1945. Du 24 février au 26 mars, il restera encore 31 jours de combat.

 

J. L. L. le 30/05/07

(© 2007 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.)

 

 

Mémoires de nos pères de Clint Eastwood