Editeur : Bac Films. Août 2008.

Suppléments :

  • Entretiens avec David Cronenberg et les comédiens
  • Bandes-annonces, galerie photos.

James et Catherine Ballard s'ennuient. Leur couple est prêt de succomber lorsque James est victime d'une violente collision. Le couple fera la rencontre d'une sorte de secte de fanatiques des accidents de voiture et se lancera dans des expériences sexuelles inédites.

Crash montre comment le désir sexuel de la pénétration pourrait contaminer notre environnement moderne en le générant à partir de toutes les cicatrices des corps ou des multiples accidents de la circulation routière.

Crash est d'abord analyse d'un désir qui peut conduire à la mort et à la folie et n'est qu'accessoirement un film de voitures ainsi que l'indique Cronenberg :

"Tout est basé sur les acteurs. Ce n'est pas un film de voitures mais sur des gens dans des voitures, sur ce qui leur arrive et ce qu'ils sont. Ce point de vue était important. Quelques priorités de ce film peuvent paraître bizarres au premier degré. Je n'ai jamais filmé les scènes de collisions au ralenti. Elles sont brutales, méchantes, intenses et rapides comme le sont les véritables accidents. Nous n'avons pas de cascades au ralenti et de voitures qui explosent. Car je voulais convaincre de l'authenticité de l'accident. Je pense qu'on a su se débarrasser des clichés".(Interwiev sur le DVD ).

Les actes de James et Catherine sont mis en scène dans une série de décors qui pourraient être ceux d'un d'opéra. Leurs actes sont une série de cérémonie dans un monde sans conflit, lisse, beau, parfait, promettant une éternité de douceur mais aussi sans ouverture et sans jouissance. Ainsi l'opposition dans l'aérogare entre d'une part, la rutilance de la carrosserie associée au satin de la lingerie et de la peau de Catherine ainsi qu'à l'élégant mouvement de grue et, d'autre part l'acier des hélices, la brusque apparition de la nudité de Catherine derrière une carlingue et le montage cut sur un pied féminin bientôt rejoint par celui d'un homme. cette opposition n'est pourtant pas suffisamment forte pour satisfaire Catherine... ou le spectateur

Eros et Thanatos...

Le crash automobile est lui semblable à l'orgasme sexuel : la faille, l'ouverture, l'épanchement des fluides permettent de retrouver l'intensité de la jouissance de par sa proximité avec la mort. Catherine en aura le pressentiment en décrivant à James l'état de sa voiture après l'accident : "Les revêtements étaient humides. Ça puait le sang et d'autres liquides corporels ou mécaniques". Pourtant là aussi sa douceur, ses mains qu'elle a lavées avant de masturber James rendent impossible l'assouvissement du plaisir.

Dans son atelier, Vaughan dira d'abord à James que son projet est "le remodelage du corps humain par l'application de nouvelles technologies " puis lui avouera qu'il ne s'agit là que d'un concept de science fiction primaire, qu'il a un autre projet à faire vivre à partir de ses photographies d'accidentés : " la photographie d'un accident produit une sorte d'exaltation. Il y a une psychopathologie complaisante qui nous fait un signe. L'accident de la route n'est pas destructeur mais au contraire fécondateur d'une libération d'énergie sexuelle concentrant la sexualité de ceux qui sont morts avec une impossibilité à atteindre sous toute autre forme "

Catherine et James l'expérimenteront par leur fascination progressive pour les plaies qui trouvera son aboutissement pour Catherine dans l'étrange étreinte violente dans la laverie de voitures et pour James dans sa relation sexuelle avec Vaughan après qu'il se soit fait tatouer sur la cuisse le sigle de sa voiture.


....partout présents dans le monde moderne


La fascination pour le crash associé au plaisir sexuel est une névrose qui semble toute particulière mais dont Cronenberg montre la contagion possible pour tout à chacun pourvu qu'il regarde autour de soi

Les accidentés de la route cités dans le film sont tous mythiques : mort de James Dean dans sa Porshe puis celle de Jayne Mansfield, morte avec son chihuahua, la Facel-Vega de Camus, le break de Nathanael West, la Rover 3500 de Grace Kelly. Et la Lincoln noire de Vaughan est identique à celle où John Kennedy trouva la mort, victime lui aussi d'une sorte d'accident de voiture.

Cet environnement mythique gagne le quotidien :"La circulation a augmenté. J'ai l'impression qu'il y a trois fois plus de voitures en circulation qu'avant mon accident" dira James permettant ainsi à tout à chacun de sentir le frisson de l'accident et de la jouissance par le seul regard porté sur la circulation routière.

J.-L. L. le 3/08/2008

 

 

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Crash de David Cronenberg