Le premier mai à Saint-Nazaire
1968

Pour la première fois depuis 47, Force ouvrière se joint aux autres syndicats ouvriers et enseignants, la CGT, la CFDT et la FEN pour commémorer la fête des travailleurs.

C'est un 1er mai très spécial, après 62 jours de grève depuis le 1er mars. 3 200 employés des Chantiers de l'Atlantique et entreprises affiliées ainsi que de Sud aviation sont en grève. Ils veulent réajuster leur salaire en retard de 16 % par rapport à sur ceux de Paris. Le 20 mars, la direction avait décidé le lock-out des 7 500 ouvriers payés à l'heure qui, sans faire grève, apportaient leur total soutient aux grévistes. Le leader syndical indique que vers une heure du matin a été signé à Paris un accord permettant la reprise du travail. La délégation est de retour au train de 13h23.

Le chef de la délégation reçue à Paris, porté en triomphe, explique les mesures négociées pour améliorer le projet du 16 avril : augmentation des salaires de + 3,35 % et salaire minimum porté à 56 000 anciens francs par mois. C'est un succès dans le cadre du blocage des salaires imposé par le Veme plan.

Le film interroge les intervenants de ces deux mois de grève où 5 000 CRS ont été mobilisés pour contenir 9 000 grévistes qui souffraient de voir Saint-Nazaire appelée capitale de la violence pour ses conflits ouvriers. Ils sont fiers de n'avoir pas eu à dénombrer un seul incident et ce face à des forces de police qui contraignent souvent à la provocation ou à la dispersion. Ainsi lors du barrage de la manifestation initiale ils passent à côté des forces de police et longent la rue sur une voie parallèle à coté d'eux. Il importe de pouvoir manifester sous la protection de la population. Il n'y a pas eut de bagarres comme en 55. La population trouve émouvant toute cette masse défilant avec dignité

800 000 anciens francs en espèces ou en bons d'achat ont été donnés aux grévistes par une chaîne d'alimentation. Les deux responsables du magasin disent les difficultés économiques rencontrées par les grévistes : ils achètent deux carottes et pas un kilo et davantage de steaks hachés que de cotes premières
Le responsable du rayon viande explique que, par mois, ce sont 250 tonnes de moins qui sont passés à l'abattoir. Les gens achetant deux parts pour quatre.

M Guegan est interrogé chez lui avec ses trois enfants sa femme qui a soutenu le mouvement bon gré mal gré. M. Guegan dit s'être fait beaucoup de camarades parmi les mensuels ce qui renforcera l'unité pour les mouvements à venir.

Dernière assemblée générale. Deux trois ans pour récupérer l'argent perdu. Les pécheurs ont donné un coup de main et les grévistes devaient faire la queue au poisson et au pain. Le Fond de solidarité mis en place permettait à cet ouvrier père d'une petite fille de percevoir deux paquets de sucre, un kilo de riz et une plaquette de chocolat. Heureusement dit-il émue au bord des larmes que sa belle-sœur de Nantes lui a envoyé un mandat de 20 000 francs.

Ce fonds de solidarité a rassemblé plus de 160 millions d'anciens francs collectés dans les villes de France. Les pécheurs ont donné 45 tonnes de poissons et les agriculteurs 10 tonnes de pommes de terre. Le fonds a permis trois distributions de cinq kilos de pommes de terre par gréviste.

Un gréviste rappelle aussi les ventes sans bénéfices de commerçants les dons anonymes et puis "un vieux de 60, 62 ans " qui dit s'être senti revivre depuis un mois. Tous pourront dire "on était de 67 "

A la bourse du travail, quartier général des grévistes sont rassemblés Jean Lescure CGT, Louis Maurice CFDT, Roger Tudal pour FO. Les camarades étaient toujours présents presque comme à leur place numérotée, comme à l'église au bas de la tribune. Partis 3 000 mensuels en grève, nous sommes 3 000 militants. La société capitaliste voudrait nous imposer le message " Produit, consomme et tais-toi " la grève a appris à chacun à être responsable dans l'entreprise mais aussi de leur vie entière. Essentiel dignité d'être des hommes plus que l'argent perdu dans la grève

Lundi 4 mai, sept heures du matin, c'est la reprise du travail, tête haute. La veille, les ouvriers ont fait une haie d'honneurs aux camarades d'une entreprise plus petite. Bientôt le travail reprendra aux Ateliers et forges de l'ouest puis à la SMPA.
On se quitte difficilement, comme après un long voyage ensemble.

 

Test du DVD

Montparnasse, octobre 2008. Format : 1.37. 4DVD- 15 films. 55 €

DVD 1 - 1967/1968. Le vent se lève, Les premières usines occupées.
DVD 2 - Mai 68 à Paris. L'explosion
DVD 3 - Du côté des usines.
DVD 4 - Juin 1968 ou le Retour à l'ordre

 

 

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Marcel Trillat et Hubert Knapp
Genre : Documentaire
 
dvd
Thème : Mai 68