Welcome to Pine Point
Les Googles :
Paul Shoebridge et Mike Simons
2010
Documentaire sur Internet en accès libre sur le site de l’ONF (Office National des Films canadiens) : Welcome to PinePoint

Ce projet raconte, à travers des archives familiales et municipales et des documents produits au présent, le destin d’une ville minière canadienne, rayée de la carte par le vent de l’histoire industrielle à la fin des années 1980. Dans l’introduction, Mike Simons raconte que cette petite ville fut, quand il avait 9 ans, sa première destination de voyage. Une recherche sur Internet deux décennies plus tard lui a appris qu’elle avait été rasée, mais qu’un site Internet, conçu par certains de ses habitants de l’époque, en conservait précieusement la mémoire. Baigné dans une musique électro-ambiant, le récit est construit sous forme d’un livre animé où des images d’animation coexistent avec du texte, des archives en super8, de vieilles photos en couleur, en noir et blanc, des vidéos actuelles… Guidé par Simons qui personnalise chacun de ses chapitres en reliant son expérience intime à la matière de son sujet, le récit se nourrit de ces différentes formes.

Après une première partie consacrée à l’histoire de cette petite ville, la seconde porte sur les PinePointers, les ex-habitants de Pine Point que les auteurs ont rencontrés. Ils les font parler de leur jeunesse à Pine Point et font courir leur parole sur de vieilles photos d’eux, prises à l’époque. Comme dans un trombinoscope - un “facebook”- on retrouve ainsi “la belle”, Kim Feodoroff, une sorte de Kim Wilde de province qui chantait dans un groupe glamrock amateur. Ou Richard Cloutier, un bagarreur invétéré qui s’est mis au karaté puis au body-building, et qui fut un temps le petit copain de Kim… Leur apparence actuelle se dévoile dans un second temps, dans des séquences filmées aujourd’hui, pour le documentaire, où ils racontent ce qu’ils sont devenus.

Une autre partie recueille leur parole sur un événement précis, la chute d’un satellite russe, Cosmos 954, dans la région.

Le projet est d’une grand richesse, d’une beauté émouvante, sensuelle, qui vous absorbe dans ce monde englouti. Avec son esthétique rétro soigneusement travaillée, qui rappelle celle du site des frères Safdie , il saisit de manière inédite, pleine de charme, la saveur du temps perdu. L’intelligence du projet tient au fait qu’il travaille à partir d’un site Internet, et réfléchit en même temps qu’il l’expose à la notion de communauté virtuelle, interrogeant la forme sucrée que celle-ci propose de sa ville d’origine qui a cessé d’exister, et par là, la notion de nostalgie.

Isabelle Regnier : film bazar

 

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