Lumière silencieuse
2007

Nord du Mexique, région du Chihuahua. Un long plan séquence laisse défiler en accéléré la nuit étoilée se transformant en soleil rougeoyant éclairant un arbre puis la lande immense.

Johan, sa femme Esther et leurs six enfants prient selon le rite des mennonites les yeux fermés avant de prendre leur petit déjeuner. Esther s'en va bientôt laissant seul Johan qui pleure.

Johan s'en va chercher un vilebrequin chez son ami garagiste, Zacarias, auquel il avoue ne plus pouvoir supporter d'être déchiré entre sa femme Esther qu'il a tant aimée et Marianne qui est certainement plus faite pour lui. Il retrouve Marianne. Ils font l'amour dans les prés puis, plus tard, dans une chambre. Cette fois ci, Johan avait laissé ses enfants sous la garde d'un ami. Il les retrouve tous en train de regarder une émission sur Jacques Brel à la télévision. Marianne s'en retourne seule.

Plus tard Esther et Johan s'en vont en voyage laissant leurs enfants seuls à la maison. Johan avoue sa faute à Marianne ; celle-ci se laisse mourir de froid et de désespoir sous la pluie. Le médecin conclut à une rupture d'anévrisme et Johan s'en va enterrer sa femme. Il est désespéré car, dit-il il pourra encore moins bien vivre son amour avec Marianne. Celle-ci pleure sur la joue d'Esther et la ressuscite. La journée se termine et la nuit prend sa place.

L'apport de Reygadas aux thèmes de la fidélité et de l'adultère s'avère des plus réduits et c'est par la fresque universaliste et la cinéphilie qu'il tente de donner sens à son improbable histoire. Il n'est pourtant pas bien sur que les réjouissantes références à Tarkovski et Dreyer fassent oublier l'indigence du propos.

Chez Tarkovski, l'attention à la matière se double d'une réflexion sur le temps et la mémoire. Le sens du toucher assure le passage entre matière et mémoire. Ici le style délibérément visuel et esthétisant des grains sur la peau, les landes herbeuses, des ciels lourdement chargés ou de la pluie ruisselante ne valent que pour eux-mêmes et n'apprennent rien de l'identité des personnages.

La référence avouée au miracle de Ordet, (Esther/Inger Johan/Johannes, position du cercueil, atmosphère blanchâtre, petite fille convoquée qui demande si la mort c'est un sommeil dont on ne se réveille pas) ne se double pas ici d'une façon pour une communauté d'évoluer ou non vers une modernité des rapports humains.

Certes les tronches des acteurs non professionnels rappellent l'innocence archaïque de Dreyer mais seul Jacques Brel assure cette liaison entre sueur et souffrance d'une part et spiritualité désirée mais fragile de l'autre. Un film trop bétonné par son esthétisme pour émouvoir vraiment.

 

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(Luz silenciosa). Avec : Cornelio Wall (Johan), Miriam Toews (Esther), Maria Pankratz (Marianne), Jacobo Klassen (Zacarias), Peter Wall (Le père), Elizabeth Fehr (La mère). 2h16.