Le grand départ
1971

Un couple regarde la télévision : c'est l'interview exclusive du président Charles Elrachid qui nationalise les bonnes volontés et rallie le camp du socialisme. Après le dictateur socialiste, c'est une actrice italienne et un joueur de bourdon interprétant Korsakov qui passent dans le poste sous les yeux indulgents du couple bientôt rejoint par une voisine qui s'en va lorsque el couple roucoule. La femme dit aimer le moderne réfléchi, le moderne classique. Ils sont soudain interrompus par ce que la femme désigne par "ton sale chat de fils".

Le chat s'enfuit sur une mobylette, vole la voiture d'un général américain et embrasse la paysanne de l'Angélus de Millet. Il se dénomme Caïn et appelle Innocence, une très jeune fille. Il lui dit avoir largué Mona Lisa qui était triste car la vie de couple c'est parler d'allocations familiales.

Le chat promet à Innocence d'atteindre bientôt le paradis où règne monsieur Nature. Lorsqu'ils atteignent la ferme en question, le chat essaie de contraindre la vache Mona Lisa à faire l'amour avec lui. Ils rejoignent bientôt monsieur Nature qui se dit en relation directe avec le tout-puissant et qui promet à tous Le grand départ pour quitter cette vie intermédiaire. Ils atteindront bientôt une terre de douceur et de tranquillité.

Madame nature proteste :"Ici on aurait pu vivre tranquille encore pendant un moment. On ne va pas mourir si vite". Mona Lisa se prépare au mariage. Elle va épouser Mao pour une existence simple et sage dépourvue de passion.

Un temps, la secte semble être menacée par la police mais un mystérieux triangle bleu l'éloigne. La procession du mariage se dirige vers la rivière où le grand départ va avoir lieu. Le chat viole et tue une jeune femme dans la forêt.

Monsieur Nature explique le voyage à Innocence. Sans vraiment savoir où elle s'apprête à migrer, la communauté embarque sur le "radeau de l'espoir", lequel dérive et ne tarde pas à devenir le théâtre des cauchemars nichés dans la mémoire et l'imagination collectives les surimpressions de La liberté guidant le peuple puis celles, plus présentes du Radeau de la méduse, la présence du masque de la mort, de l'orage et des tonalités rouges suggèrent le naufrage.

Sur le rivage, Innocence regarde l'eau qui s'apaise après l'orage et s'en va :"Et quand il n'y a plus de lune, je prends ma flûte et marche vers les dunes du désert" dit-elle.

Pour son premier long-métrage après une série de courts qui l'on fait reconnaître au sein du cinéma expérimental, Martial Raysse dispose d'un budget de production normal et d'acteurs très connus : Sterling Hayden dans le rôle de Monsieur Nature et Anne Wiazemsky dans celui de Mona Lisa.

Il ne va pourtant pas abandonner ses recherches sur les effets visuels menées depuis ses débuts. Après le générique, où il joue sur les effets de flou et de mise au point et une première séquence surréaliste sur un couple de petits-bourgeois ruraux regardant la télévision, il embraye sur l'histoire du chat Caïn et de monsieur Nature. Cette histoire de secte toute à la fois rêveuse et mortifère est projetée à partir d'une copie du négatif et c'est alors tout autant les couleurs qui s'affrontent ou se mêlent que les personnages.

 

Test du DVD

MK2, novembre 2008. Format : 1.33. 2DVD réunissant un long métrage et douze courts-métrages.

Jesus-Cola, Homero Presto, Portrait éléctrique machin chose, Camembert Martial extra-doux, Pig Music, Le grand départ, Lotel des folles fatmas, Intra Muros, La petite danse, Sous un abre perché, Mon petit cœur, Ex-Voto, Re-Fatma.

 

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Avec : Sterling Hayden (M. Nature), Anne Wiazemsky (Mona Lisa), Gilles Raysse (Caïn), Lucienne Hamon (Mme Nature), Alexandre Raysse (Innocence). 1h11.

dvd chez Carlotta Films
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