3 (més)aventures d'Harold Lloyd
1921

Troisième grand comique du cinéma muet américain avec Charlie Chaplin et Buster Keaton, Harold Lloyd est resté célèbre comme « l’homme aux lunettes d’écaille ». Dans ces trois courts-métrages, sommets du burlesque, il promène un personnage loufoque et casse-cou, une sorte de roi de la poursuite et du gag. Le prétexte est toujours le même : séduire la belle Mildred. Mais avec son innocence romantique, Harold se retrouve dans des situations toutes aussi cocasses et absurdes. Dans Oh, la belle voiture !, il se bat contre une automobile rétive et folle. Dans Viré à l’Ouest !, il s’exile au Far West et vient à bout d’une horde de bandits. Enfin, dans Voyage au paradis, Harold rate son suicide sans le savoir et, se croyant au paradis, finit par escalader un gratte-ciel en construction. Trois grands moments de cinéma réunis dans un programme exceptionnel.

Voisins par leurs lieux de travail, Harold et Mildred s’aiment d’amour tendre. Mais Mildred, secrétaire d’un chiropracteur, est menacée d’être congédiée par son patron, qui n’a aucun patient. Qu’importe, le rusé Harold a plus d’un tour dans son sac pour lui trouver de la clientèle ! Il engage un acrobate pour exécuter sur le trottoir une chute spectaculaire. Harold survient alors et, par quelques massages « thérapeutiques », remet le malheureux sur pied en un clin d’œil. Il ne lui reste plus qu’à distribuer les cartes de visite du chiropracteur à tous les badauds ébahis, qui s’empressent d’envahir la salle d’attente du patron de Mildred. Malheureusement, un agent de police vient perturber le beau scénario : son intrusion empêche Harold d’intervenir à temps alors que son ami vient à nouveau de s’étaler sur le trottoir, deux fois de suite, devant un mendiant éberlué. Et lorsque Harold réussit enfin à se débarrasser de l’agent, c’est pour tenter de ranimer vainement un pauvre quidam qui a reçu un pot de fleurs sur la tête à l’endroit même où son complice s’était livré à son petit manège… De retour à son travail, Harold entrouvre la porte du bureau de Mildred pour voir cette dernière dans les bras d’un colosse de deux mètres de haut. Désespéré, le pauvre amoureux décide de se suicider. Mais toutes ses tentatives échouent une à une, jusqu’à ce qu’une poutre manipulée par des ouvriers travaillant sur un gratte-ciel en construction enlève son fauteuil dans les airs. Harold se croit alors au paradis, mais lorsqu’il se rendra compte de sa situation, il déploiera des trésors d’imagination pour sauver cette vie qu’il voulait sacrifier. De retour sur la terre ferme, il comprendra enfin sa méprise lorsque Mildred lui présentera son grand frère, récemment ordonné pasteur, qui était venu spécialement en ville pour marier sa petite sœur.


Au début des années 1920, Harold Lloyd est au faîte de sa popularité : un référendum organisé par le magazine “Photoplay” le place en tête des vedettes plébiscitées par le public, devant Chaplin, avec 4 650 voix contre 3 060 ! C’est alors qu’il décide d’abandonner le court métrage qui avait établi sa gloire, pour la grande production. Jusqu’en décembre 1920, il n’était apparu que dans des “deux bobines” (sensiblement 25 minutes de projection) et va tourner trois films de trois bobines (45 minutes) en 1921, HAROLD BONNE D’ENFANT (Now or Never, mai), LA CHASSE AU RENARD (Among Those Present, juillet), puis ce VOYAGE AU PARADIS (octobre), son dernier court métrage et l’un de ses premiers classiques. Ensuite, ses films ne totaliseront pas moins de quatre bobines – MARIN MALGRÉ LUI (A Sailor Made Man, 1921) – et plus.
VOYAGE AU PARADIS exploite pour la troisième fois le thème de l’escalade d’un gratte-ciel qui demeure l’une de ses marques de fabrique : il l’avait déjà abordé dans LOOK OUT BELOW (mars 1919), MA FILLE EST SOMNAMBULE (High and Dizzy, juillet 1920), et devait s’y adonner encore trois autres fois, dans MONTE LÀ-DESSUS (Safety Last, 1922), À LA HAUTEUR (Feet First, 1930) et OH ! QUEL MERCREDI ! (The Sins of Harold Diddlebock, 1947).
Mildred Davis (1900-1969), sa partenaire pour la onzième fois, allait encore tourner quatre longs métrages avec lui avant de devenir son épouse en 1923.
Quant à Charles Stevenson (1888-1943), il fut l’un de ses partenaires les plus fidèles de 1920 à 1925. Son rôle le plus célèbre aux côtés de Harold Lloyd est celui du beau-frère parasite de OH ! CES BELLES-MÈRES ! (Hot Water, 1924).

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1h17

 
Fred Newmayer