C’est bien connu, après le cinéma, la seconde passion de Clint Eastwood est le jazz, passion qu’il avait mis avec talent dans « Bird », sur la courte et géniale vie de Charlie Parker.
Eastwood est d’ailleurs un bon pianiste et son fils Kyle qui jouait son propre rôle dans le trop sous-estimé « Honky-Tonk man » est un musicien (bassiste) de talent (1).

Martin Scorcese a eu l’idée de produire une série de DVD sur le blues, base de ce qui fut la grande nouveauté musicale du 20° siècle, l’équivalent de la musique classique comme disait Claude Nougaro.
»Piano Blues » fut confié à Clint qui fait donc un documentaire, genre nouveau pour lui. C’est une vraie leçon de cinéma à tous les niveaux : mise en scène, texte off (écrit et dit par l’acteur), montage. Mais le plus impressionnant est le comportement, le style d’Eastwood à l’image rencontrant les grands de cette musique. Il ne tire pas la couverture à lui, il respecte, pose les bonnes questions se tenant avec élégance en retrait. C’est l’hôte parfait, affectueux, à l’écoute et de toute évidence en admiration, lui le grand acteur-réalisateur.

Le clou est la rencontre émouvante avec Ray Charles, " the genius", dont ce devait être la dernière apparition à l’écran peu de temps avant sa mort. On en a les larmes au yeux, comme à la fin de "Million Dollar Baby".
"Piano blues" est à voir absolument, même si l’on n’est pas un fan de jazz, car ce "docu" comme l’on dit dans le métier, prouve qu’Eastwood maîtrise sans faille, avec talent et modestie, tous les genres du cinéma.


(Réal. Clint Eastwood, 1988)
Dans ce film racontant la vie de l'artiste maudit Charlie Parker, les titres les plus marquants qui ont jalonné la carrière du géant du sax alto, permettent à Lennie Niehaus un exercice de style aussi délicat que réussi. La présence dans ce film du ballet "L'oiseau de feu" de Stravinski constitueégalement une belle surprise, qui curieusement prend toute sa place dans cet univer très jazz.

Impitoyable
(Réal. Clint Eastwood, 1992)
Pour ce western, Clint Eastwood permet à Lennie Niehaus de marquer de son talent la déjà riche histoire des scores dédiés au western. Si son écriture est bien propre à ses habitudes, les arrangements et l'orchestration prennent parfois des accents que le Maestro Ennio a dû apprécier à leur juste mesure...
Cette réussite s’agrémente d’un titre composé par Eastwood lui-même, « Claudia’s thème » qui démontre, si besoin était, l'étendue du talent du Monsieur.

Un monde parfait
(Réal. Clint Eastwood, 1993)
Retrouvez ce score entièrement confié à Niehaus, et qui s'accompagne de titres très "made in USA", au travers des titres de Chris Isaak et Johnny Cash, pour ne citer qu’eux ! Celle ci n’est plus disponible qu’en import ce qui fait d'elle un vrai trésor!

Sur la route de Madison
(Réal. Clint Eastwood, 1995)
Les perles de blues et de jazz de cette bande originale sont enveloppées dans les compositions sensibles de Niehaus, et chose plus rare ponctuées par des airs d'opéra, notamment la Norma de Bellini et Samson et Dalila de St Saëns. Le tout accompagnant les amours feintes et subtiles d' Eastwood et Meryl Streep et donnant toute l'émotion à un film d’une finesse et d’une sentimentalité rares.

Space cowboys
(Réal. Clint Eastwood, 2000)
Ce film extrêmement ironique, voire cynique, réunissant Clint Eastwood, Tommy Lee Jones, Donald Sutherland et James Garner est servi par un score de Niehaus plus léger, à nouveau accompagné par Eastwood sur un morceau, mais aussi par plusieurs morceaux de Brad Mehldau, Maceo Parker ou encore Frank Sinatra…

Mystic river
(Réal. Clint Eastwood, 2003)
Pour ce film sombre et déroutant, premier score de l'ère post Lennie Niehaus, Clint Eastwood s'est associé à son fils, Kyle Eastwood, musicien de jazz au talent déjà reconnu, pour une bande originale magnifique.

Million dollar baby
(Réal. Clint Eastwood, 2004)
Dernier chef d’œuvre en date, ce Million dollar baby nous fascine aussi par sa musique plus bluesy d’une beauté aussi sobre que sombre, composée par Clint Eastwood lui-même. A noter deux compositions du fiston Kyle sur cette œuvre déjà incontournable qui confirme l’arrivée au firmament du talent d’Eastwood, jusqu’au prochain chef d’œuvre !

 

Bibliographie: