Une famille respectable
2012

Alors qu'il demande à un taxi de le conduire à l'aéroport, un homme est enlevé, violemment tabassé et trainé, évanoui, dans un couloir.

Arash hurle au guichet du consulat de Chiraz qu'on lui redonne son passeport. Il a bientôt terminé la période de sept mois d'enseignement à l'universitaire et veut retourner chez lui en Occident. On lui fait comprendre que seules les autorités de Téhéran peuvent lui fournir la dispense de service militaire nécessaire au retrait de son passeport.

Asrah retourne chez sa mère où il réside depuis sept mois. Ils reçoivent la visite d'un avocat venu leur proposer de signer les papiers pour un don que veut leur faire leur père et mari mais que la mère d'Asrah refuse. Asrah lui-même n'est pas allé voir son père depuis son retour mais ne comprend pas pourquoi sa mère refuse cet argent. Il promet à l'avocat de venir le voir à Téhéran.

Asrah retourne, excédé, donner son dernier cours à l'université qui la invité lui promettant aussi de créer une fondation en l'honneur de son frère martyre de la révolution iranienne. Mais les autorités de l'université censurent son cours en confisquant aux étudiants son polycopié qu'il s'était résolu à tirer faut d'avoir pu publier son livre. Dans les couloirs il croise Hamed, son neveu. Celui-ci le raccompagne chez lui et lui demande de l'aider à rejoindre l'occident. Il le supplie aussi d'aller voir son père qui va bientôt mourir à l'hôpital de Téhéran.

C'est dans le taxi d'Hamed que celui-ci amène son oncle vers Téhéran, éloigné de 500 kilomètres. Durant el voyage Arash se souvient de son enfance avec son frère. C'était en 1981 durant la guerre conter l'Irak. Leur mère découvrit que son mari était un profiteur de guerre, vendant très cher le riz et l'huile nécessaire à chacun. Elle envoya son fils chez sa tante à Chiraz. Mais il fut bientôt militaire et mourut en martyr. Dans sa douleur, elle rendit son mari responsable de la mort de leur fils. Le père d'Asrah fit alors venir dans la maison sa seconde épouse qu'il avait jusque là dissimulée. Elle vint avec leur fils, le cruel Jafar.

A Téhéran, Asrah comprend qu'on el manipule. Il a tout juste le temps d'embrasser son père à l'hôpital qu'il décède. Jafar lui dit que c'est leur père qui l'a fait inviter en Iran.

En fait, c'est Hamed, le félon, qui manipule son père pour que Asrah soit dépossédé de l'héritage de son père. Il a aussi envoyé l'avocat pour qu'il soit accusé de détournement de fond. C'est lui qui le fait enlever et intimider par la police.

Asrah s'en retourne en occident San savoir rien compris mais ressent inconsciemment une injustice profonde. Il quitte la voiture de son demi-frère et se mêle à la foule qui manifeste pour un Iran plus juste.

L'ambition d'Une famille respectable semble d'être de faire dialoguer le terrible endoctrinement des années 80 mené de manière terrible et douçâtre par l'ayatollah Khomeiny et la corruption terrible et tout aussi masquée de l'Iran d'aujourd'hui sous Amanidejab.

La forme choisie est toute à la fois celle du thriller avec le flash-forward initial et de la fresque historique avec l'utilisation de flashes-back espacés pour raconter les traumatiques des années 80. L'ensemble donne une forme assez artificielle et démonstrative. La machination pour spolier Arash de son héritage est un peu compliquée et sans grand intérêt. Massoud Bakhshi ne se préoccupe pas vraiment de nous renseigner pour savoir si le père avait ou non des associés et si l'assassinat de l'avocat était prémédité. Le but est de nous montrer, mais bien pesamment, que Asrah est désorienté dans ce pays dont il ne posséderait plus les codes qui seraient ceux de la corruption généralisée. Son refus final de quitter le pays pour se mêler "aux veaux qui manifestent" est une pirouette pas très convaincante.

L'utilisation d'images d'archives et d'un extrait de film pour embrasser trente ans d'histoire iranienne n'est pas très convaincante non plus. On ne peut pas vraiment reprocher à l'ayatollah Khomeiny d'avoir embrigadé la jeunesse dans une guerre qui est exclusivement due à l'agresseur irakien. Certes, après la libération de Khorramchahr, le conflit aurait pu s'arrêter et des milliers de vies épargnées mais ce message n'est que très difficilement perceptible dans le second extrait d'images télévisées montré.

Au total ce thriller inabouti sur une base documentaire insuffisante se conclut par un message un peu plat, celui d'une sorte de retrait du monde choisi ou subi par les femmes (et les occidentaux). La mère qui découvre en même temps le trafic de son mari et perd son fils en déduit que le premier événement est responsable du second et choisit de s'éloigner du monde. Zohreh, dont fut autrefois amoureux Arash (la séance de la photo) et qui a fini par épouser son demi-frère Jafar, est devenue allergique à l'impureté.

Jean-Luc Lacuve le 11/11/2012

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Festival de Cannes 2012 :  Quinzaine des réalisateurs (Yek Khanévadéh-e Mohtaram). Avec : Babak Hamidian (Arash), Mehrdad Sedighian (Hamed), Ahoo Kheradmand (La mère), Mehran Ahmadi (Jafar), Parivash Nazarieh (Zohreh). 1h30.