Les temps qui changent

2004

Avec : Catherine Deneuve (Cécile), Gérard Depardieu (Antoine), Gilbert Melki (Natan), Lubna Azabal (Nadia/Aïcha), Malik Zidi (Sami), Tanya Lopert (Rachel), Jabir Elomri (Saïd), Nabila Baraka (Nabila), Nadem Rachati (Bilal).1h30.

Antoine sur un chantier un dimanche. Dans des fondations innondées, il est soudain enseveli sous des tas de terre. Aéroport de Tanger, il est accueilli par Nabila, public realation. Riche homme d'affaires, il doit superperviser un chantier. il ne cesse de penser à Cécile qu'il a follement aimée et qu'il n'a pas vu depuis 31 ans exactement. Amoureux transi qui a mal vieilli, il compte les jours et les heures passés depuis leur séparation. Bientôt ils se retrouveront.

Cécile, installée à Tanger depuis de nombreuses années, a épousé un médecin. Son vieux couple bat de l'aile. Elle attend son fils, Sami, à l'aéroport. A son arrivée, il lui fait la surprise d'être accompagné de son amie, Nadia. Belle-mère et fille sont embarrassées. L'une propose le gîte et le couvert, l'autre précise qu'elle attend sa sœur qui doit l'héberger. Cette dernière ne donnant aucune nouvelle, tout le monde embarque bientôt pour la villa de Cécile.

Nadia, complexée, semble rongée par un mal qu'on ignore jusqu'à ce qu'une sœur jumelle fasse son apparition. Sami hésite entre, Bilal, son amant tangérois et celle avec qui il vit à Paris

La première séquence place le film sous le signe de la résistance à l'enfouissement. Antoine parviendra-t-il à résister aux gravats qui lui sont tombés dessus et sera-t-il capable de résister aux temps qui changent ? A l'aéroport de Tanger, Téchiné place dans la bouche d'Antoine une phrase (" ça s'est mal passé à Tunis ") permettant de faire oublier qu'il s'agit d'un flash-forward mais le film reste imprégné de ce sentiment d'un désastre à venir.

L'accident d'Antoine se brisant presque le nez dans la vitre du supermarché où il vient de rencontrer Cécile puis la rencontre de ces deux anciens amants dans cette posture assez déconcertante participe aussi de l'esthétique du désastre que l'on aurait sans doute aimé que Téchiné poursuive plus avant. Mais, à l'image des chiens qu'il refuse de lâcher sur Sami, celui-ci s'en tirant finalement par une simple morsure, Téchiné en reste au tricotage romanesque sans jamais atteindre à la tragédie des Innocents ou des Voleurs.

On s'étonne alors des plans ralentis, déconnectés, des pelleteuses mécaniques ou sur le corps de Depardieu. Pourquoi faire moderne quand on tricote de vieille rengaine ? Car l'histoire d'amour entre Antoine et Cécile parait bien pâlotte : aucune longue scène entre les deux acteurs (la panne de voiture est probablement la meilleure). Rien de bien torride pour une passion qui semblait si forte. Si les temps changent c'est que les personnages sont devenus bien mièvres. Probablement conscient de cette faiblesse, Téchiné construit d'autres intrigues parallèles guère plus intéressantes : celles des deux jumelles qui doivent apprendre à vivre séparées, celle de Sami et Nadia, celle de Sami et Bilal, celle de Nathan et Aicha.