After hours

1985

Thème : New York

Avec : Griffin Dunne (Paul Hackett), Rosanna Arquette (Marcy), Linda Fiorentino (Kiki Bridges), Teri Garr (Julie), Catherine O'Hara (Gail), Verna Bloom (June), John Heard (Tom Schorr), Larry Block (Le conducteur du taxi). 1h37.

Un gentil informaticien, Paul Hackett, aborde la séduisante Marcy Franklin dans un snack. Il lit Tropique du cancer d'Henry Miller, livre qu'elle aime aussi. La jeune femme lui laisse le numéro de sa colocataire dans son loft de Soho du 28 Howard street, Kiki Bridges une artiste dont la spécialité est la création de petits pains en plâtre. Paul rentré chez lui, s'ennuie devant sa télévision. Il téléphone à Kiki qui lui passe immédiatement Marcy et celle-ci l'invite, bien qu'il soit déjà plus de onze heures 30 à venir chez elle. Paul lui donne rendez-vous trois quart d'heure plus tard mais le taxi qu'il prend roule à tombeau ouvert, musique à fond et fenêtres ouvertes tant et si bien que son billet de vingt dollars s'envole le laissant sans un sous pour payer le taxi et finir la soirée

Devant l'immeuble de Marcy, c'est Kiki qui lui lance les clés et le reçoit car Marcy est partie à la pharmacie et ne semble plus avoir très envie de revoir Paul alors qu'elle vient de se disputer avec son petit ami. Kiki demande à Paul de finir sa statue en papier mâchée et Paul s'enhardit à lui faire un massage. Quand Marcy revient, elle trouve Paul a coté de kiki endormie. Marcy est bizarre. Paul s'était deja s'inquiété de voir chez elle un livre avec d'horribles photos de grands brulés. Lorsqu'il voit dans le sac de Marcy une pommade de grands brules, il se souvient d'une remarque de Kiki ventant son propre corps sans cicatrice. De retour de la douche, Marcy l'invite dans un snack pour discuter et lui apprend qu'elle est mariée à un certain Franklin qu'elle ne voit plus depuis longtemps. En rentrant, elle propose de prendre de l'herbe et Paul croit voir sur sous sa jupe une profonde cicatrice. Effrayé il fuit dans la rue. Sous une pluie battante.

Paul pense pouvoir prendre le métro avec les 90 cents qui lui restent en poche mais les tarifs viennent de doubler dans la nuit, passant à 1,5 dollars et l'employé se montre intraitable... Il trouve ouvert le "Terminal bar". Tom, le barman, lui propose de lui donner un jeton de métro et l'envoie avant chez lui, 128 spring street au dernier étage, vérifier l'alarme car un troisième cambriolage vient d'avoir lieu dans de la soirée et le quartier est sur les dents.

Paul est pris à parti par deux locataires mais les convainc qu'il rend bien service à Tom. En retournant vers le bar, il surprend dans Howard street deux cambrioleurs sortant de cher Marcy et Kiki. Il croit que Kiki est ligotée mais elle se livre à une séance sado maso. Il veut s'excuser auprès de Marcy mais découvre qu'elle s'est suicidée aux barbituriques. Il se rend compte que sa peur d'une brulure ou d'une cicatrice n'était pas justifiée. Marcy n'avait qu'un tatouage sur la cuisse, une tête de mort fantaisie, la même que celle accrochée au porte-clés de Tom.

De retour au Terminal Bar, Paul trouve celui-ci fermé. Julie, la serveuse toute aussi niaise qu'entreprenante, l'invite chez elle, juste en face, et lui fait le portrait en attendant Tom revienne. Lorsque celui-ci revient, un coup de téléphone lui apprend que Marcy s'est suicidée. Paul s'éclipse doucement et retourne chez Julie lui dire adieu... mais quand il revient, Tom s'est de nouveau absenté. Paul se rend chez Tom mais cette fois-ci les locataires sont persuadés que c'est lui le voleur qui écume le quartier. Paul se cache dans le snack et se rend au club Berlin où Kiki lui avait donné rendez-vous bien avant dans la soirée. C'est la soirée iroquoise et Paul manque de peu se faire couper les cheveux.

Paul se rend de nouveau chez Marcy où il avait vu son billet de vingt dollars collé sur la statue de papier mâché. Il parvient à échapper une nouvelle fois au groupe des habitants en colère pour se trouver un taxi. Mais le chauffeur est justement celui qui l'avait conduit à l'aller et il lui vole son billet de vingt dollars. La cliente du taxi, Gail, l'héberge chez elle. Elle est vendeuse de glaces. Elle est égocentrée et quand il tente d'appeler son ami Peter Patzack dans Mulburry street, Gail lui fait oublier le numéro. Elle a envie de panser celui qu'elle a blessé sans écouter Paul qui voudrait rentrer chez lui dans la 91e rue. Elle propose enfin de le reconduire dans son camion à glaces mais elle découvre les affiches accrochées partout dénonçant Paul. Elle siffle à tout va ramenant tout Soho aux trousses de Paul.

Paul court, court et demande refuge à un homosexuel refoulé. Il appelle sans succès la police. Il est cinq heures du matin. Il voit Julie et comprend que c'est elle qui colle les affiches pour le rechercher. Il demande l'aide de Tom qui passe dans le camp de des habitants de Soho. Paul, affolé, retourne au club Berlin qui est maintenant passé à une soirée "art conceptuel". Il y rencontre June, une artiste, qui vit dans le sous sol de la boite. Quand les habitants de Soho veulent investir le club Berlin, elle le cache en le couvrant de papier mâché pour en faire une statue. La statue de Paul est emportée par voleurs qui la remmènent dans leur camion. Paul, via Houston street, 8e avenue, Madison avenue, et finalement 48e rue, est ramené devant l'immeuble de son entreprise. La statue de papier mâché y tombe en effet à l'aube et Paul, hagard, rejoint son bureau pour une nouvelle journée de travail.

Grand cauchemar de toute une nuit, où Paul, gentil informaticien qui se voudrait héros du roman Tropique du cancer, va faire l'expérience de sa peur de l'inconnu et du sexe pour être refoulé et ramené dans le seul milieu qu'il maitrise, son bureau.

Dans la chambre avec Marcy, Paul croit voir des marques de griffures et s'en va. Il s'agissait en fait d'un tatouage. Celui-ci est néanmoins lié à la mort puisque semblable au crane qui orne le porte-clés de Tom. Dans les WC de celui-ci figure également un graffiti lié à la peur de la castration.

Le point de départ du film fleure bon la romance et le titre promet une ambiance chaleureuse de détente propice aux rencontres (After hours soit après les heures de bureau est aussi le titre d'un standard du jazz de Avery Parish, 1940). Mais Paul Hackett, informaticien, semble être la victime d'un bug dans sa vie jusque là sans surprise, réglée comme un programme informatique (hackett à rapprocher de hacked").

C'est aussi l'opposition entre l'Upper west side et Soho, entre la classe aisée des salariés d'entreprises high-tech et celle des artistes. Paul habite la 91e rue, tout en haut de l'Upper West side et travaille un peu plus bas dans la 48e rue, près de Rockefeller center. Son trajet de départ dans le taxi fou consiste donc à descendre tout Broadway pour atteindre Soho où Marcy Franklin et Kiki Bridges habitent un loft au 28 Howard street. Il estime avoir besoin de trois quarts d'heure, pour s'y rendre. Tom, le barman du "Terminal bar" l'envoie chez lui, au dernier étage du 128 Spring street. Paul est ramené devant l'immeuble de son entreprise via Houston street, 8e avenue, Madison avenue, et finalement 48e rue.

Le quartier de Soho était devenu célèbre durant les années 1960 et les années 1970, alors que les usines abandonnées, installées dans les fameux Iron Buildings, offraient un espace immobilier bon marché pour les artistes. Nombre d'anciens bâtiments industriels furent alors transformés en studios, en lofts. Dans les années 1990, Soho comptait quelque 300 galeries d'art et était célèbre pour ses créations contemporaines (graffitis, happening, photoréalisme, etc.). Suite à cette réappropriation par une nouvelle population, le prix du mètre carré augmenta à nouveau, ce qui entraîna finalement un nouvel exode des artistes vers des lieux plus abordables.

Jean-Luc Lacuve le 5/05/2011

Bibliographie : Arnaud Devillard dans Eclipses n°35, juin 2003.