Jacques Rouffio

(1928-2016)
14 films
   
   
 
 

Jacques Rouffio démarre sa carrière dans le cinéma comme assistant-réalisateur sur nombre de films de Jean Delannoy (La Route Napoléon, Obsession), Bernard Borderie (Ces dames préfèrent le mambo, Le Gorille vous salue bien...) et de Jean-Pierre Mocky (Les Dragueurs, Les Vierges). Son passage à la réalisation de longs métrages s'effectue en 1966 avec L'Horizon, l'histoire d'un jeune soldat blessé que sa compagne tente de convaincre de ne pas repartir au front. Interprété par Jacques Perrin et Macha Méril, ce drame sentimental sera un véritable échec commercial, et Jacques Rouffio devra attendra 1975 pour mettre en scène son deuxième film, le sombre et glacial Sept morts sur ordonnance. La critique se fait cette fois-ci plus élogieuse et permet au cinéaste de décrocher une nomination au César du Meilleur film en 1976.

Enchanté par cette première collaboration avec Gérard Depardieu et Michel Piccoli, Jacques Rouffio fera de nouveau appel à eux pour donner la réplique à Jean Carmet dans Le Sucre (1978), comédie acerbe sur la spéculation boursière. Là encore, l'accueil de la presse et du public sera des plus chaleureux. Moins populaire aura été son précédent film, Violette et François (1977), où comment un jeune couple formé par Jacques Dutronc et Isabelle Adjani tente d'assurer sa subsistance en vivant en marge de la société.

Au début des années 80, Jacques Rouffio est le dernier metteur en scène à faire tourner Romy Schneider. Sous sa direction, elle devient l'émouvante Passante du Sans-Souci. Le tournage de cette adaptation du roman homonyme de Joseph Kessel ne se fera pas dans la facilité, la comédienne connaissant quelques problèmes de santé et devant surmonter le décès de son fils survenu quelques mois auparavant. Les talents de virtuose de Jacques Rouffio ainsi que sa direction d'acteur sont une fois de plus salués par la critique. Malheureusement, ses films suivants s'avèrent beaucoup plus mineurs. Malgré leur casting de première classe, Mon beau-frère a tué ma soeur (1985) et L'Etat de grâce (1986) ne parviennent pas à séduire, et c'est en 1989 qu'il signe son dernier long métrage pour le cinéma, L'Orchestre rouge, récit d'espionnage interprété par Claude Brasseur et Daniel Olbrychski.

A partir des années 90, Jacques Rouffio tourne essentiellement pour le petit écran. Dans la collection Scoop, il commet Le Stagiaire (1991) avec Roland Blanche et Bernard Fresson, puis il imagine Thierry Fortineau sous les traits de Jules Ferry (1993) et enfin Didier Bezace sous ceux de Charles Pathé (1995), l'un des pionniers du Septième Art. Dernier fait d'arme du réalisateur, avoir signé l'un des épisodes de la première saison de la saga télévisée Chez Maupassant en 2007.

Filmographie :

1967 L'horizon
En 1917, Antonin, jeune soldat blessé, retourne chez lui. Il retrouve Elisa, jeune veuve dont il tombe amoureux. Elisa tente de le convaincre de ne pas retourner au front après sa convalescence.
   
1975 7 morts sur ordonnance
Pierre Losseray, médecin d'origine modeste est chirurgien dans la clinique mutualiste d'une petite ville de province. Victime d'un infarctus juste avant une opération, il se voit prié de cesser d'exercer par le "clan" Brézé, quatre mandarins de la médecine libérale locale et leur père, le vieux professeur Brézé, soucieux d'affaiblir une pratique médicale concurrente de la leur. Rétabli, Pierre refuse de se plier aux injonctions des Brézé dont il apprend qu'ils ont détruit, dix ans auparavant, la réputation d'un autre médecin, Jean-Pierre Berg. Personnalité provocatrice, fantaisiste, peu conformiste, Berg était considéré, par ses collègues et patients, comme un chirurgien sûr. Sommé de renoncer à la pratique chirurgicale sous le prétexte d'une insuffisante acuité visuelle, Berg avait passé outre les menaces des Brézé qui s'étaient alors attaqués à sa moralité. Or, le jeune médecin, joueur passionné, était aussi un habile tricheur. Démasqué et déshonoré, il avait tué sa jeune femme Jane et ses enfants, avant de retourner l'arme vers lui. Une ancienne patiente de Berg, Madame Giret, l'épouse d'un commissaire de police, décède sur la table d'opération de Losseray. Les Brézé se déchaînent : Losseray est malade du cœur et, disent-ils, doit cesser d'exercer. Après quelques tentatives de résistance et une ultime opération, Pierre, moralement détruit, tue sa femme Muriel et se suicide. Les Brézé ont retrouvé leur monopole.
   
1977 Violette & François
Contre l'avis de sa famille, Violette vit avec François, un garçon instable dont elle a un enfant. Ils vivent de petits boulots qu'ils ne gardent jamais très longtemps, surtout François, systématiquement renvoyé. Alors, pour faire vivre sa famille, François se met à voler, se servant des vêtements du bébé pour dissimuler son butin. Violette est ulcérée de son attitude. Très perturbé par la révélation de son paternel qui lui a avoué qu'il n'est pas son vrai père, François s'avère incapable de se confier et de répondre aux questions de Violette. Pourtant, il l'aime et il la demande en mariage. Violette accepte et finit par s'associer à ses larcins. Imperméable, colis, gros ventre truqués, ils acquièrent une technique imparable jusqu'au jour où Violette se fait prendre la main dans le sac et subit l'humiliation de sa vie. François lui annonce alors une bonne nouvelle : le journal qu'il cherche à créer depuis des mois a enfin trouvé son payeur. Le N°1 de " Moi Je " sort dans l'allégresse, mais se vend mal et les crédits sont coupés. François recommence à voler. Appréhendé par la police, il tente de s'échapper et passe en jugement. La condamnation est légère, mais Violette lui annonce qu'elle veut le quitter, car, même si elle l'aime encore, ses frasques à répétitions la lassent. François s'en va alors vivre chez son père. Violette lui écrit qu'elle vit avec un autre homme. qu'elle travaille et qu'elle a mûri. Elle attend des nouvelles de sa part. François déprime, songe à se suicider, mais y renonce en souvenir de Violette.
   
1978 Le sucre
Avec : Jean Carmet (Adrien Courtois), Gérard Depardieu (Raoul), Michel Piccoli (Grezillo), Nelly Borgeaud (Hilda Courtois). 1h44.

Adrien Courtois, fonctionnaire des finances, place sur les conseils de Raoul, qui n'est en fait qu'un arnaqueur, toute la fortune de sa femme sur les actions du sucre en bourse. Ruiné, il tente de se suicider. Mais Raoul se prend d'amitié pour lui, le sauve, et décide de l'aider a récupérer sa mise.

   
1982 La passante du Sans-Souci
Paris 1981. Max Baumstein, président du Mouvement de Solidarité Internationale, découvre dans le dossier qu'il étudie, deux photos qui le bouleversent. Le lendemain, comme prévu, il est reçu par l'ambassadeur du Paraguay auquel il est venu demander la libération d'une jeune Britannique. Froidement, Max l'abat de deux balles de revolver et se constitue prisonnier. L'ambassadeur s'appelle en fait Ruppert von Leggaert et était conseiller à l'ambassade d'Allemagne à Paris en 1933. Lina, la femme de Max, a la permission de voir son mari au dépôt. Il lui raconte. Berlin 1933. Max a dix ans. Son père est tué devant ses yeux par un groupe de S.A. Lui-même a la jambe brisée et marchera toute sa vie avec une canne. Max est recueilli et soigné par des amis de son père. Elsa et Michel Wiener. Elsa est chanteuse. Michel est éditeur et opposant au régime hitlérien. Menacé par les nazis, Michel pousse Elsa et Max à partir pour Paris, où il les rejoindra. À Paris, Maurice, un exportateur de champagne, s'est vu confier par un inconnu une importante somme d'argent, dans le train qui le ramenait d'Allemagne. L'homme, immédiatement arrêté par la Gestapo, c'est Michel. L'argent est pour Elsa. Maurice retrouve la jeune femme dans une boîte de nuit de Montmartre où elle est chanteuse. Touché par sa beauté et sa fragilité, il décide de la prendre en charge. Elsa veut sauver son mari. Seul, un homme a le pouvoir de sortir Michel du camp où il est enfermé depuis deux ans : Ruppert von Leggaert qui, fasciné par Elsa, passe ses soirées dans la boîte de nuit où celle-ci chante. Désemparée, elle accorde une nuit à Ruppert. Michel est libéré. Elsa le retrouve à la gare. Mais, quelques minutes plus tard, ils sont tous deux abattus devant le café "Le Sans-Souci" où Michel a voulu se rendre pour transmettre des messages aux émigrés. Max, impuissant, assiste au drame. Libéré, Max retrouve Lina, sosie d'Elsa. Eux aussi seront abattus un an plus tard.
   
1984 J'ai bien l'honneur
  Téléfilm
   
1986 Mon beau-frère a tué ma soeur
En ce jour de grâce, Octave Clapoteau, le célèbre anthropologue qui a étudié les moeurs des Pornos, est reçu à l'Académie française par son hilare ami Etienne Sembadel, le non moins célèbre auteur du "Sexe, sa vie, son œuvre". Eternels gamins bambocheurs, les deux Immortels retrouvent, après la réception d'usage, la jeune et belle Esther Bouloire, profession vétérinaire et habituée de la clinique psychiatrique de Sembadel. Cette égérie particulière n'a guère qu'une phrase à la bouche: "Mon beau-frère a tué ma sœur". Las de ses répétitions, les deux acolytes décident de mener une enquête. Du beau-frère escroc mégalo à la cousine avocate ingrate, en passant par le tonton maquignon à pognon, les voilà en train de suivre une étrange piste bordée de cadavres. La Suisse où elle les mène en compagnie d'une tonitruante italienne maîtresse insatiable de Clapoteau, leur fait l'honneur de ses prisons. De retour à Paris, où Sembadel manque de s'amender et de reprendre une vie familiale cohérente, les événements les poussent dans leurs derniers retranchements. Et le beau-frère acculé avoue tous les meurtres qu'il a commis pour le tonton Jocelyn, qui asseyait ainsi sa fortune en se vengeant de son infortune de bossu. A peine confessé, le beau-frère est à son tour abattu. En voiture Esther, décident les Immortels, mettant le cap sur l'Italie, tandis que l'avocate tombe sous les pruneaux. Mais la demeure en feu de l'Italienne ne les abritera pas. Direction Rome maintenant, où d'ailleurs la piste semble aboutir. Le tonton ne sort-il pas du Vatican au moment où Clapoteau et Sembadel y entrent pour se rendre à l'audience papale qui leur a été accordée? Les voilà dehors, tout joyeux, légers, légers. Et les plombs qu'ils reçoivent, presque sous les yeux de leurs amies, les font monter au ciel: assurément la protection qui vient de leur être promise ne concernait pas la Terre.
   
1986 L'état de grâce
Florence, femme mariée et chef d'entreprise, s'éprend d'Antoine, membre du gouvernement socialiste. Lorsqu'elle doit faire face à un conflit social, Antoine lui apporte son soutien.
   
1988 L'argent
  Téléfilm
   
1989 L'orchestre rouge
En 1937, Berzine, chef des Services Secrets soviétiques, demande au militant communiste Léopold Trepper, juif d'origine polonaise, de constituer un réseau d'espionnage en Europe afin de surveiller l'Allemagne nazie. Aidé de ses trois amis, Grossvogel, Katz et Lydia, Trepper/ Otto installe et dirige l'Orchestre Rouge. d'une redoutable efficacité, qui, une fois la guerre engagée, depuis Bruxelles, Paris, Vichy et même Berlin, embarrasse souvent les Allemands. Si quelques membres craquent ou quelques "pianos" (émetteurs) tombent, c'est parce que les Soviétiques en demandent parfois trop : émissions fréquentes et cachettes sont alors repérées. Staline qui, entre-temps, a liquidé Berzine, n'utilise pas toujours au mieux des renseignements pourtant sûrs qui faciliteront quand même la victoire soviétique sur le front Est En France, Otto dirige en apparence une société et vend (cher !) aux Allemands du matériel parfois médiocre, pour construire le Mur de l'Atlantique - " Nous sommes riches, financés par l'ennemi lui-même ", constate Otto. Exaspéré, Hitler en personne, dont le réseau détourne parfois la sténographie des réunions qu'il préside, nomme une commission antiOrchestre Rouge. A sa tête, deux policiers, le dangereux Giering et Berg, las de la guerre et des massacres. Quelques proches tombent et Otto/ Gilbert lui-même est arrêté. Les Allemands tentent de l'utiliser pour saboter l'alliance Est-Ouest et renouer avec l'Union Soviétique. Otto retourne sa captivité à son avantage et, aidé par Berg. S'évade fin 1943. Lydia se sacrifie pour lui. Il se cache et rejoint Moscou en 1945. Emprisonné sur ordre de Staline, il est libéré en 1954 et réhabilité. Il retourne vivre en Pologne, mais l'antisémitisme qui y sévit l'oblige, en 1968, à fuir en Israël où il meurt en 1983.
   
1991 Le stagiaire
  Téléfilm
   
1993 Jules Ferry
  Téléfilm
   
1988 V'la l'cinéma ou le roman de Charles Pathé
  Téléfilm
   
1989 Miss Harriet
  Téléfilm dans la série Chez Maupassant