Les fils de l'eau
1953

Le générique, prononcé avec malice par Pierre Braunberger, n'indique pas que ce qui va suivre est la compilation d'extraits en noir et blanc de cinq précédents films en couleur de Jean Rouch, dont nous indiquons ici le titre.

Le mois de mai, le temps du chaud et du sec. La brousse est vide. Lions et hommes la désertent. Pas de pluie depuis sept mois. Le septième jour du septième mois, tous vont à la maison de Dongo, le génie du tonnerre pour la fête de la pluie, le Yenendi. Le chef de la fête c'est Wadi Sorko. C'est un fils de l'eau, il connaît toutes les paroles et toutes les musiques de la pluie.

Les dieux sont paresseux. C'est pourquoi il a fixé au manche se son violon la dig-bas, la longue queue de fer qui va porter la musique jusque dans les oreilles des dieux. Personne ne résiste à la musique. Quand les femmes entendent la musique, elles sont obligées de danser. Quand les dieux entendent la musique, ils sont obligés de venir. Les danseurs s'appellent "les chevaux des génies". La danse s'appelle "danse de possession". Les chevaux doivent danser pendant des heures. Une femme est possédée, c'est Niaberry, la terre. La terre est paralytique, la terre danse à genoux.

Sadyara, l'arc en ciel, le serpent de toutes les couleurs qui perce la terre avec sa tête pour y enfouir l'eau des nuages. La possession est difficile: il faut aider les chevaux qui tombent, encourager ceux qui tremblent.La doyenne des femmes tranquilles habille les dieux. Dongo accepte les cadeaux faits pour que la pluie tombe.

Pour calmer Sadiara, l'arc-en-ciel, le serpent qui aime le sang frais, une chèvre est sacrifiée devant l'arbre arc en ciel. Les dieux décident de la pluie et, quand elle vient, elle est surabondante.

Cimetières dans la falaise (de 13'25 à 20')

Là-bas dans les falaises de Bandiagara, au pays Dogon, les sentiers sont devenus des torrents.

Un homme est tombé sur les pierres glissantes. Un homme est mort, le dieu du torrent rend le corps. Le soir, les hommes l'enveloppent dans la couverture des morts et se préparent pour les funérailles du lendemain.

La route des morts doit être pure ; les guerriers l'ouvrent à coups de lances. Alors le mort, peut entrer sur la place et le chemin qu'il suit est sinueux, c'est le chemin de la lumière, le chemin de l'eau, le chemin de la naissance. Le pleureuses l'accompagnent jusqu'à la maison des morts. C'est un trou dans la montagne seuls les oiseaux peuvent y aller et des hommes plus agiles encore que les oiseaux. La mère salue son fils une dernière fois.

Les gens du mil (de 20' à 31')

La maison des morts est fermée. Maintenant, ce n'est pas le temps des morts, c'est le temps de vie.

Salue le travail Douma Besso, maitre des champs. Salue, Yacuba le forgeron, maitre des outils de culture. Les hommes et les femmes sèment les graines de mil. Le mil pousse. Le temps du travail, c'est le temps de la faim. La vieille récolte est épuisée. Les greniers sont vides. Dans la brousse, les femmes ramassent le feniau.

Le mil est haut. Les hommes sarclent matin et après-midi. Alors les tambours disent au village : aujourd'hui dans le champ de Yacuba, c'est fête de culture. Les hommes chevauchent et nettoient al rizière. Ils mangent ensemble. C'est le jour de la récolte dans le champ de Douma Besso.

Pour conserver le mil, il faut des greniers. Ce sont les femmes qui font les greniers car le travail du village est une honte mais les femmes n'ont pas de honte.

La circoncision (de 31'à 40')

Maintenant le temps de travail est fini. Les pilons disent : aujourd'hui c'est la nourriture de guerre. C'est la guerre des enfants. Aujourd'hui, trente enfants vont devenir trente hommes. Aujourd'hui c'est la circoncision.

Les enfants ont peur à ne pouvoir parler, à ne pouvoir marcher. C'est pour ça que les mamans ne sont pas là car les mamans ne sont pas bonnes pour le courage. Ce sont des enfants sans sexe qui sortent du village, ce seront des males qui reviendront de la brousse quarante jours plus tard.

Celui qui ne pleure pas sera le falonga, le chef des circoncis. Les papas conduisent les enfants sur les lieux de repos. Les bâtons fendus empêchent les blessures de saigner. Ils doivent s'asseoir à un endroit précis, à l'endroit qu'ils auront plus tard dans le conseil des hommes. La poussière est bonne pour les plaies, le sang s'arrête vite. Les hommes coupent les bois et les fils de coton qui sont les habits des circoncis et fabriquent les plumeaux.

L'après-midi la peur est oubliée mais il ne faut pas oublier de secouer les petits plumeaux, de chanter des chansons. Les circoncis de l'année dernière injurient els circoncis. Le circonciseur fait entrer les enfants dans un carré de pierre ; il fait entrer les hommes nouveaux dans le monde. Il ne faut plus de plumeaux d'enfant ; il ne faut plus que des bâtons d'hommes : nous battons la poussière, nous battons la brousse, nous n'avons plus de honte. Nous sommes des hommes.

Maintenant, c'est le temps de rivière; c'est le temps de la chasse aux hippopotames.

Les pêcheurs de Firgoun, d'Ayoruu de Koutougou se réunissent, fabriquent des harpons à flotteurs. Ils construisent la grande pirogue des hippopotames. Zirbini le méchant crochet de métal pendant un mois 40 pécheurs font 80 harpons et la grande pirogue. C'est Noé qui fabriqua la première grande pirogue du monde.

Huit pirogues s'en vont. Les hippopotames savent désormais qu'il y a la guerre : ils se cachent dans les herbes. L'hippopotame a trois harpons planté dans la tête ; le rôle des petites pirogues est fini. Les hommes sur la grande pirogue achèvent l'hippopotame. Le lendemain c'est la fête de la viande. Elle est cuite et mangée. L'hippopotame tué est une femme ; son bébé n'a pu rejoindre le troupeau. Damouré le soigne.

Les hippopotames ont remonté la rivière, les rapides de l'Abzingua. Un vieil hippopotame, le barbu de Tamoulès, est prêt à défendre son troupeau. Il brise une pirogue et Nehou est blessé à la jambe. C'est la peur. Mais le chef, Oumarou, met son bonnet magique, fait un charme de courage et ordonne d'attaquer l'hippopotame avec la grande pirogue. Le barbu de Tamoulès détruit la grande pirogue, le chef ordonne qu'elle soit réparée. Le lendemain combat. 50 harpons dans le dos, il s'enfuit vers les marais du nord. C'est honte de brousse, c'est honte de chasse.

La guerre des hippopotames avec les fils de l'eau est finie. Une saison aussi est finie ; déjà voilà les nouveaux nuages, les nouvelles pluies, voilà une nouvelle année qui commence sur le grand fleuve.

Rassemble une compilation d'extraits en noir et blanc de cinq précédents films en couleur de Jean Rouch : Yenendi, les faiseurs de pluie, Cimetières dans la falaise, Les gens du mil, La circoncision, Bataille sur le grand fleuve.

 

critique du DVD
Editeur : Montparnasse, novembre 2011. Coffret 10 DVD. Formats image : 1.33, 1.55, 1.77, 1.85. Durée totale : 26h. 70 €

Supplément au coffret :
Filmer le monde - les prix du festival Jean Rouch

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Genre : Documentaire , Niger, Mali. 0h54.
Voir : édition DVD