Carl Th. Dreyer

1965

Genre : Documentaire

Episode de Cinéastes de notre temps. Avec : Carl Theodor Dreyer, Anna Karina, Preben Lerdorff Rye, Henrik Malberg, Lisbeth Movin, Jørgen Roos, Bendt Rothe, Ib Monty, André S. Labarthe, Janine Bazin. 1h01.

Anna Karina lit les propos de Dreyer dans un numéro des Cahiers du cinéma où elle figure en couverture : "Le style n'est pas quelque chose que l'on peut dégager des œuvres d'art terminées. Il la pénètre et l'imprègne tout en demeurant invisible et indémontrable".

Voix off : Les films danois ne nous ont guère habitués au visage de Copenhague et ceux de Dreyer ne font pas exception. C'est que le réalisme en art n'en est pas à un paradoxe près. Le lien entre le caractère d'une ville et l'œuvre de son plus grand artiste. La streillette, rue interdite aux véhicules cette même qualité transparence des bruits comparable à Ordet ou gertrud comme chez Kierkegaard et Anderson. Le français qui aime les voyages a du mal à assimiler les cultures qui lui sont étrangères.

Rohmer interroge Ib Monty, directeur de la cinémathèque danoise qui voudrait bien avoir un jour les manuscrits originaux de Dreyer que Rohmer perfidement pense aller chez Langlois

Lisbeth Movin déclare que Dreyer est un solitaire dans sa ville et sur ses tournages, modeste mais sûr de lui, qui ne transige pas

On n'arrive pas deux fois en retard avec le maitre, affirme Preben Lerdorff, encore meurtri d'avoir été à peine reconnu pas lui dix ans après le tournage d'Ordet

Bendt Roth confirme que Dreyer parle doucement et peu.

Rohmer convient que devant "L'effacement têtu de l'homme devant le mystère de son œuvre, la conversation due donc prendre d'étranges détours". Dreyer choisit Falconetti, qui tournait alors des comédies légères (puis après Jeanne d'arc, la dame aux camélias) parce qu'il savait trouver le visage de la paysanne derrière le maquillage. Les rides sont le paysage du visage. Lisbeth Movin et Preben Lerdorff confirment son horreur du maquillage : "Je maquille avec la lumière" disait-il

Anna Karina poursuit la lecture du numéro des cahiers : "Quiconque a vu mes films saura quelle importance j'attache au visage de l'homme. C'est une terre que l'on n'est jamais las d'explorer. Il n'y a pas de plus noble expérience, dans un studio, que d'enregistrer l'expression d'un visage sensible à la mystérieuse force de l'inspiration ; de le voir animé de l'intérieur, en se changeant en poésie"

Extrait de Vivre sa vie où Anna Karina voit La passion de Jeanne d'Arc de Dreyer et pleure comme elle à l'annonce de sa mort.

Dreyer concède que le décor abstrait dans Jour de colère lui a été suggéré par Le livre des merveilles dans lequel le décor est plus petit que les personnes. Il aime les murs blancs. Il concède faire des plans longs parce que "l'œil aime suivre les choses et les gens en mouvement", ce sont ses travellings. Les plans fixes longs, c'est pour forcer le public à écouter les répliques

Lisbeth Movin explique comment elle a pleuré.

Extrait d'Ordet où, à la fin du plan, Bendt Roth, le mari d'Inger éclate en sanglot. Difficile d'obtenir cela à la fin d'un plan long. Pourtant Dreyer fait peu de répétitions et demande à ses acteurs de ne pas se livrer à fond lorsque la répétition a pour but de régler les mouvements de caméra ou la lumière.

Il faut suivre monsieur Dreyer comme un aveugle dit Bendt Roth

A la fin du film Rohmer interroge Dreyer sur la peinture qui n'a plus le visage pour sujet et sur le théâtre. Dreyer leur préfère le cinéma où l'on peut se rapprocher des personnages et de leurs visages.

Dreyer s'exprime dans un bon français.

Test du DVD

Editeurs : Potemkine et Agnès B. Novembre 2013. 30 DVD et leur déclinaison blu-ray pour les 22 films restaurés HD. 200 €.

DVD4, La collectionneuse. Suppléments : Nadja à Paris (Eric Rohmer, 1964, 0h13). Les écrans de la ville, émission du 14 mars 1967 (0h29). Entretien avec Barbet Schroeder (0h13).