L'étreinte du fleuve

2010

(Los Abrazos del Rio). Avec : les habitants autour de Wilches et San Pablo. 1h12.

"Du temps des ancêtres, les guides spirituels, les Mohans, disaient quand il fallait semer, couper le bois ou partir à la guerre. Avec l’arrivée des espagnols, les Mohans se sont réfugiés au fond des océans où ils savent qu’il existe des cavernes pour continuer leur rôle de guides spirituels."

Deux hommes et une femme discutent sur les rives du Magdalena, le fleuve le plus important de Colombie. Il n'y a plus de poissons, il faut apporter des cigares et de l'eau de vie au Mohan. Les hommes n’y croient pas, mais à la maison, les femmes fument le cigare de la main gauche pour faire venir le Mohan. L'une des femmes raconte que le Mohan attend les femmes qui viennent au bord du fleuve et les invite dans son palais doré tout au fond du fleuve. Quelques-unes reviennent enceintes, les autres disparaissent à jamais.

Un pêcheur déclare que le Mohan aime faire fuir les poissons et taquine les pêcheurs en faisant des nœuds dans leurs filets. Parfois il va jusqu'à les noyer.

Mais aujourd'hui, en Colombie, le Mohan sort de moins en moins . Les paramilitaires sèment la terreur et le fleuve Magdalena ne charrie désormais plus que des cadavres. Un homme a vu quatre sacs ensanglantés; des hommes découpés puis des taxis et un camion plein d'hommes et femmes exécutés. Le chef du village, au sein de sa communauté, se souvient de comment les paramilitaires ont proposé leur "protection" contre une obéissance absolue. décompte des morts entre 2003 et juin 2004. Des témoignages des cadavres mutilés charriés par le fleuve quotidiennement. témoignent des femmes dont les maris ont été enlevé et qui ont disparus ; une femme a perdu coup sur coup ses deux freres, une uatre son fils. Avec leurs portraits, elles se souviennent. Le Mohan du fleuve reviendra peut-être un jour.

Montgolfière d’or 2010 au festival des Trois Continents de Nantes. Le film oscille entre documentaire de fabulation sur les rites, joués pour l'occasion , rendus au Mohan du fleuve Magdalena et l'enregistrement plus sobre et empathique du récit des femmes ayant perdu mari, frères ou fils, exécutés par les paramilitaires.  

Jean-Luc Lacuve, le 25 novembre 2020

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