Nos plus belles années

1973

(The Way we were). Avec : Barbra Streisand (Katie Morosky), Robert Redford (Hubbell Gardner), Bradford Dillman (J.J.), Lois Chiles (Carol Ann), Patrick O'Neal (George Bissinger), Viveca Lindfors (Paula), Allyn Ann McLerie (Rhea Edwards), Murray Hamilton (Brooks Carpenter). 1h58.

Juive et militante communiste, Katie Morosky a connu Hubbell Gardiner en 1937 à l'université. Issu d'une famille aisée, Hubbell vivait sans souci du lendemain alors que Katie était contrainte de travailler comme serveuse pour payer ses études. Mais elle fut séduite par son réel talent naissant d'écrivain. Quelques années plus tard, durant la guerre, le premier roman de Hubbell connaît un énorme succès. Ils se marient et s'installent à Hollywood où le jeune homme doit travailler à l'adaptation cinématographique.

En 1947, la chasse aux sorcières du sénateur McCarthy fait rage. Katie entraîne Hubbell à Washington pour protester contre le Comité des activités anti-américaines. Mais Hubbell refuse de s'engager plus avant sur le plan politique et accepte des compromissions dans l'écriture de ses scenarii. Ils finiront par se séparer à la naissance de leur premier enfant. Quelques années plus tard, Katie et Hubbell se rencontrent à nouveau. Remariée, elle milite maintenant contre la bombe atomique. Lui est devenu un écrivain renommé à la télévision. Ils s'aiment toujours, sans doute, mais savent qu'ils ne pourront jamais être heureux ensemble.

 Sydney Pollack poursuit sa recherche du temps perdu, en quête d'une Amérique disparue. Il traite ici des années 50 et du maccarthysme, avec sa chasse aux sorcières et Hollywood. Il prolonge ainsi son exploration des années 20 entrepris dans Propriété interdite, des années 30 et de la dépression, avec ses salles de bal et ses marathons de danse vus dans On achève bien les chevaux. Il achèvera ce cycle avec les années Nixon et le Watergate dans Les trois jours du condor.

Pollack décrit l'Amérique d'aujourd'hui en la filmant au passé, adoptant comme il le dit un point de vue "oblique". Il traite en effet moins des genres que des thèmes : le rêve américain, l'illusion et la recherche du bonheur.

Les vingt ans de l'Amérique, de l'aube des années 40 à la fin des années 60 sont ainsi vus ici au travers d'une romance sentimentale. La différence de classe qui semble pouvoir être surmontée par l'amour, la jeunesse et l'idéal ressurgit progressivement avec les choix à faire pour construire sa vie.

La densité romanesque du film donne une épaisseur aux personnages et une intensité à leur tragédie sentimentale. Celle-ci est toujours vécue en majeur par rapport à l'analyse sociale, juste implacable.