Thirst, ceci est mon sang

2009

Thème :

Festival du film asiatique deauville 2010, hommage (Bakjwi). D'après Thérèse Raquin d'Emile Zola. Avec : Song Kang-ho (Sang-hyun), Kim Ok-bin (Tae-ju), Shin Ha-kyun (Kang-woo), Kim Hae-suk (Madame Ra), Park In-hwan (Noh), Oh Dalsoo (Young-du), Song Young-chang (Seung-dae), Mercedes Cabral (Evelyn), Eriq Ebouaney (Immanuel). 2h13.

Sang-hyun est un jeune prêtre coréen, aimé et respecté. Contre l'avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie. Pourtant, il ressuscite soudain et ses lésions disparaissent progressivement.

De retour en Corée, la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pèlerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d'enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju.

Sang-hyun s'aperçoit qu'il est de plus en plus sensible aux odeurs et aux sons... et qu'il a besoin de sang. Il s'ouvre alors à son conseillé spirituel Noh, le vieux prêtre aveugle et lui révèle que c'est très probablement la transfusion sanguine d'origine inconnue qu'il a subie en Afrique qui l'a ramené à la vie... et transformé en vampire.

Sang-hyun succombe alors à la violente attirance charnelle qu'il éprouve pour Tae-Ju. Sa force est devenue gigantesque, il est capable de grimper aux murs mais doit se cacher la nuit dans la chaufferie pour éviter les mortels rayons du soleil

Tae-Ju déteste son mari, Kang-woo, et se plaint à Sang-hyun d'être battue par lui. Au cours d'une partie de pêche, les deux amants se débarrassent du mari gênant mais celui-ci vient hanter leurs nuits qu'ils passent dans l'appartement repeint en blanc.

Sang-hyun se nourrit du sang de suicidés ou de transfusés mais l'insatiable Tae-Ju veut du sang frais et même celui des policiers qui enquêtent sur la mort de son mari. Sang-hyun découvre même que Tae-ju lui a menti ; que son mari ne la battait pas et qu'elle s'en est débarrassé par pure haine.

Un soir qu'ils avaient invité leurs anciens amis à jouer au go, ceux ci arrivent à interpréter les battements de cils de la mère de Kang-woo, devenue tétraplégique, où elle leur révèle que Sang-hyun et Tae-Ju ont tué son fils. Les deux vampires n'ont d'autres ressources que de les tuer mais Sang-hyun épargne la très catholique Evelyn. Il a décidé de se suicider avec Tae-Ju. Auparavant, il se rend devant son monastère où des croyants persuadés de sa sainteté, attendent son apparition. Lorsqu'ils découvrent sa (fausse) tentative de viol sur une jeune chrétienne, ils changent d'avis.

Entre la mer étale et la pleine immense à perte de vue où ils arrivent le matin en voiture, il n'y aura nulle place pour échapper aux mortels rayons du soleil. Tae-Ju essaie de se cacher mais Sang-hyun lui dérobe sa portière de coffre et même la voiture entière afin qu'elle meure avec lui...ce qu'elle finit par accepter. Après tout, la vie avec lui a été amusante.

Sang-hyun est un Dracula parfaitement crédible et Tae-Ju une Thérèse Raquin perverse et charnelle en diable. Adaptation de Bram Stocker et d'Emile Zola, Thirst est non seulement un mélange des genres réussi entre film fantastique et mélodrame social mais aussi un faux film mystique et une comédie pleine d'humour.

L'introduction fait croire à un film épique mystique avant que le fantastique ne s'introduise par les déformations des couleurs, les prouesses et transformations physiques de Dracula. Puis c'est Tae-ju, Thérèse Raquin, qui prend le dessus. Femme somnambule, exploitée et méprisée, elle devient organisatrice et corruptrice avec une soif de vie et d'amour qui effraie notre Dracula, resté encore un peu chrétien. Humour et élégie sont les deux dernières tonalités du film.

Jean-Luc Lacuve le 17/03/2010