Changement d'adresse

2006

Avec : Emmanuel Mouret (David), Frédérique Bel (Anne), Fanny Valette (Julia), Dany Brillant (Julien), Ariane Ascaride (La mère de Julia). 1h25.

Fraîchement installé à Paris, David, un musicien, timide et maladroit, tombe fou amoureux de sa jeune élève, Julia. Il tente tout pour la séduire. Sa colocataire, Anne, l'encourage, le conseille, et le console... passionnément !

David vit avec sa colocataire et avec celle qu'il aime comme avec sa musique : avec attention et sans méchanceté. Dans sa bulle d'amoureux fidèle, il ne voit pas le monde extérieur. L'aveuglement de David sur la non-réciprocité de son amour pour Julia rejoint celui de Anne sur l'affichage de sa sexualité : du poster de sa mère en passant par l'exibition de son frisson, la scène nue dans la baignoire, ou la séquence de massage.

La réalité rattrape parfois nos deux énamourés au détour d'un plan. Ainsi des grilles du jardin du Luxembourg qui se ferment et obligent David sortir entre deux policiers ou des klaxons qui mettent fin à sa discussion avec Anne.

Le cadre de ce "burlesque de bulle" est fracturé par la rencontre avec Julia et Julien dont le rapprochement des prénoms dit assez, qu'au delà de leur apparente différence -l'une est renfermée, l'autre est exubérant- ils appartiennent au même monde extérieur qui ne se satisfait pas de la seule rêverie.

C'est aussi le cas des objets, obtus, techniques, que leur poids de réalité rendent burlesques entre les mains de David : bouteille de mousseux qui refuse de s'ouvrir, bouton de costume qui s'accroche à l'instrument de musique, pièces de monnaie à sortir en nombre pour régler la consommation, petite cuillère lâchée dans la baignoire, chaussette retrouvée à l'apéritif.

Au début de leur colocation, Anne et David apparaissaient tout aussi différents que Julia et Julien. C'est bien pourtant par un travail constant de la mise en scène sur ce qu'elle considère comme l'aspect majeur de la personnalité- les rêveurs d'un coté, les réalistes de l'autre- que finissent par se créer les deux couples du film.

Cette économie de moyen, à l'image de la dernière séquence, concourt pour beaucoup à l'élégance du film.

Jean-Luc Lacuve le 11/07/2006