Je ne voudrais pas être un homme

1918

(Ich möchte kein Mann sein). Avec : Ossi Oswalda (Ossi), Curt Goetz (Dr. Kersten), Ferry Sikla (Brockmüller), Margarete Kupfer (La femme du gouverneur). 0h45.

Voir : édition DVD

La jeune et rebelle Ossi accepte mal le point de vue autoritaire de son oncle sûr ce que devrait être une femme. Elle décide alors de s’habiller en homme pour mieux saisir l’autre aspect de la guerre des sexes. Cela va lui procurer de nombreuses mésaventures…

Dans la Filmographie de Lubitsch, Je ne voudrais pas être un homme fait partie des films en un à trois actes réalisés de 1914 à 1918 avant les "grands" films muets allemands de 1918 à 1922, les films muets américains de 1923 à 1929 et les films sonores américains de 1929 à 1948.

Cette comédie en trois actes cache sous des airs assez grossiers, la finesse et la malice que Lubitsch déploiera ensuite plus complètement.

C'est aussi un de ses nombreux films avec Ossi Oswalda qui fut l'actrice qui tourna le plus de films avec lui. Leur collaboration commença en 1917 avec Le journal d'Ossi et se terminera avec La crise du logement en 1920.

Cette finesse n'est habituellement pas reconnue à cette période des comédies allemandes de Lubitsch souvent considérées comme grossières et qui n'auraient changées qu'après son arrivée en Amérique où elles seraient subitement devenues fines.

Le titre pourrait laisser penser à une vision misogyne du monde ce qui serait un contresens pour cette comédie qui tourne autour du jeu des apparences.

Si l'héroïne ne veut pas être un homme c'est, qu'en apparence, cela serait plus simple qu'être une femme. Mais cela ne se révélera ni plus simple, ni plus compliqué mais tout simplement... différent.

Afin de découvrir cela Ossi doit jouer avec les apparences et donc se travestir. Ce travestissement aurait pu donner lieu à des gags très grossiers comme c'est si souvent le cas dans ce genre de situation hors Lubitsch refuse ceux-ci. Lorsque Ossi se sent mal et a besoin d'aller aux toilettes, elle ne peut plus rentrer dans les toilettes pour femmes étant un homme et ne veut pas rentrer dans celle des hommes.

Une fois cette situation posée Lubitsch au lieu de mettre son personnage dans une situation embarrassante lui fait décider de ne pas aller aux toilettes. Le gag inhérent à la position délicate de la personne travestie est présenté au spectateur mais ne va pas à terme pour ne pas devenir grossier.

Dernier exemple de la retenue de Lubitsch, Ossi dans une comédie normale se serait trouvée dans une impasse avec une femme éperdument amoureuse d'elle voulant l'embrasser. Lubitsch évite l'érotisme facile et préfère une tendresse réciproque qui amène Ossi et son tuteur à s'embrasser et ce qui aurait été gênant devient ici troublant. Le spectateur sait qu'Ossi est une femme mais ce n'est pas le cas du tuteur et il est certain que ce genre de relation devait être très mal vu à l'époque mais Lubitsch arrive à faire passer cela grâce au travestissement.

Il semble donc assez injuste de ne voir dans ses comédies allemandes que grossièreté et dans ses comédies américaines que finesse. Chacune d'elles étant l'art de trouver un équilibre délicat entre les deux

Barthélémy Guillemet le 24/10/2007

critique du DVD
Editeur : Mk2, octobre 2007. Stéréo muet- Sous-titres : Français. Format : 1,33.
critique du DVD

Coffret 6DVD,5 films : Je ne voudrais pas être un homme (1918, 0h50). La princesse aux huitres (1919, 1h15). Sumurun. (1920, 1h44). Anna Boleyn (1920). La chatte des montagnes. (1921). DVD6 : Ernst Lubitsch à Berlin, documentaire de Robert Fischer (1h50).