Ménilmontant

1926

Avec : Nadia Sibirskaïa (la jeune soeur), Yolande Beaulieu (L'ainée), Guy Belmont (Le jeune homme), Jean Pasquier (Le père), M. Ardouin (La mère), Maurice Ronsard (L'amant). 0h38.

Un couple est sauvagement assassiné à la hache. Leurs deux petites filles apprennent le drame. Devenues des jeunes femmes, elles vivent dans le quartier populaire de Ménilmontant. La cadette, séduite par un jeune homme, tombe enceinte avant de découvrir que son amant entretient une relation avec sa sœur. Désespérée, elle erre dans les rues avec son enfant. Observant le va-et-vient de prostituées, elle reconnaît sa sœur.

Réalisé durant l'hiver 1924-1925 en décors naturels dans ce qui était alors un faubourg déshérité de la capitale, le film de Kirsanoff raconte une histoire mélodramatique avec tous les moyens de l'avant garde impressionniste : mouvements de l'eau, mouvement des heures de la capitale, surimpressions, flous subjectifs, et même flash-back.

Ménilmontant (1926) est le précurseur de Berlin, symphonie d'une grande ville (Walter Ruttmann, 1927) sur une idée de Carl Mayer qui lance la formule du film symphonique et qui donnera un autre chef-d'oeuvre : L'homme à la caméra (Vertov 1929). La formule du film symphonique se retrouve dans Paris Londres (Jean Arroy, 1927), A propos de Nice (Jean Vigo), Saô Paulo, symphonie d'une métropole (Alberto Kermany, 1929) ou même Pluie (1929) de Joris Ivens qui entreprend de restituer, comme observée à la loupe, l'aventure globale d'une ville sous une averse.

Georges Sadoul qui voit là s'amorcer un puissant retour au monde concret proposera d'appeler "troisième avant-garde" les cinéastes attentifs à la fois vérité des lieux, aux décors réels traités avec un soin ethnographique, aux rues démultipliées et aux surimpressions.