J'ai rencontré le diable
2010

Joo-yeon, une charmante jeune femme discute au téléphone avec Soo-hyeon : elle est immobilisée dans sa voiture sous la neige et attend la dépanneuse. Elle est sauvagement agressée par le serial killer Kyung-Chul qui la découpe en morceau, laissant une bague s'échapper dans le caniveau.

Plus tard des enfants ne retrouvent qu'une oreille du cadavre et la police que la tête. Soo-hyeon, le fiancé de Joo-yeon dont le père est policier et lui-même agent secret, jure à sa fiancée défunte de faire souffrir son assassin mille fois plus qu'elle n'a elle-même souffert.

Kyung-Chul se retrouve dans la peau d'une victime. Pour la première fois de sa vie, il est pourchassé par un adversaire de sa trempe.

Il prend la vengeance de Soo-Hyun pour un jeu et décide de représailles dont seul le diable a le secret.

Le projet de départ, un film de vengeance nihiliste, est plutôt intéressant. Ainsi, si le film semble débuter comme les pires scénarios des films d'autodéfense des années 70 (Un Justicier dans la ville, Michael Winner, 1974) quand le rôle de la police est remis en cause, il laisse de plus en plus de place au sentiment qu'il n'existe nulle vengeance possible face aux criminels endurcis. Celui-ci est d'ailleurs ici excellemment interprété par Choi Min-sik avec ce qu'il faut de détermination, de ruse et de jouissance dans le mal.

Ce qui aurait pu faire un bon polar démoniaque, voir un chemin de croix vers la mort pour son héros, type Seven, est ici délayé dans un jeu de plateaux spectaculaire mais sans profondeur.

Passé l'introduction sur les deux faux coupables tabassés, on s'amuse d'abord de la petite pilule GPS qui est censée donner à Soo-hyeon des pouvoirs semi-divin mais qui, ici, ne donne pas d'image plus forte que celle d'un petit triangle coloré bougeant sur une carte GPS. On découvre ensuite un complice cannibale pas très savoureux et dont la fonction se résume à expliquer pourquoi Kyung-Chul découpait ses victimes. Kyung-chul découvre qu'il est porteur de la pilule par une ruse de scenario particulièrement éculée. Sa vengeance est particulièrement attendue et la fin, son exécution par sa famille, plus un dernier suspens inutile qu'un travail sur ses antécédents familiaux. Le plan final sur la crise de larmes du héros est tout aussi convenu. L'antimorale énoncée, "La vie se résume à chasser ou être chassé", c'est-elle perdue en route ?

Pour un film nihiliste c'est beaucoup de moyens, beaucoup de pistes abandonnées et, hormis l'interprétation de Choi Min-sik, presque aucune invention.

Jean-Luc Lacuve le 09/08/2011

 

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(Akmareul boatda). Avec : Lee Byung-hun (Kim Soo-hyeon), Choi Min-sik (Kyung-chul), Jeon Gook-hwan (le chef d'escadron Jang), Jeon Ho-jin (le chef de section Oh), Oh San-ha (Joo-yeon) et Kim Yoon-seo (Se-yeon). 2h21.