La dame de pique
1965

Anna Fedorovna, comtesse russe et femme d'ambassadeur à Paris, a la manie de jouer et... de perdre. Un jour, un inconnu lui donne une martingale infaillible, mais dont elle n'aura le droit de se servir qu'une fois. Elle joue, gagne et renonce au jeu. Mais on est en pleine Révolution française, et la comtesse doit fuir Paris. Pour amadouer les gardes aux portes, elle donne la martingale à son mari qui joue avec les soldats et, contre son gain, achète leur liberté. Mais il est aussitôt assassiné.

Des années plus tard, en Russie, elle a la faiblesse de donner son secret à un jeune amant. Lequel sera tué en duel. Désormais, elle se retire du monde qui, d'ailleurs, la fuit. Mais son petit-fils a un ami, Hermann, dévoré d'ambition, qui a entendu parler de la martingale, et feint, pour l'obtenir, de vouloir séduire Lisa, la jeune protégée de la « Dame de pique ». Celle-ci meurt d'une crise cardiaque sans lui livrer le secret ; mais elle apparaît à Hermann la nuit suivante et le lui livre aux mêmes conditions, plus celle d'épouser Lisa.

Décidé à n'en rien faire, Hermann joue en trois fois. Mais, livrant à demi le secret à la camériste de la comtesse, il prétend que la troisième carte est la Dame de pique. Et, de fait, l'as qu'il tenait en main se change en dame. Il perd, est déshonoré et Lisa se suicide. Désormais. Hermann sera condamné pour l'éternité à jouer avec les dépositaires du fatal secret...

Film discret, feutré, brumeux, où le fantastique même se dépouille de ses oripeaux habituels, et qui cherche moins à plaire qu'à lentement nous envoûter. Dans La Dame de pique la jeune fille qui aura le malheur de s'éprendre du jeune officier attendra vainement un geste, un regard, une parole. C'est souvent à cette attente menaçante que nous convie le film.

Le texte d'Alexandre Pouchkine avait déjà été adapté par Tchardynine (1910) Protazanov, Razumny, Ozep et Dickinson (1949).

Keigel, après avoir adapté Léviathan de Julien Green est appelé par celui-ci lorsque ce dernier a envie; avec son fils Eric, d'adapter un roman russe. Ce sera, un pau par hasard, La dame de pique. Green partage avec l'écrivain russe le goût d’une certaine forme de fantastique. Mais le film donne aussi à voir certains des thèmes obsédants de l’œuvre de Green : vertige des miroirs, escaliers des chutes littérales ou morales, par exemple. On notera aussi l'atmosphère impériale et aristocratique russe du film qui eut pour source d'inspiration les souvenirs d'un ami de Green, le prince Youssoupov.

Dita Parlo, après quinze ans d'absence au cinéma, fait son grand retour aux côtés de Michel Subor.

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Avec : Dita Parlo (Comtesse Anna Fedorovna), Michel Subor (Herman), Simone Bach (Lisa), André Charpak (Le mari), Jean Négroni (Le Comte de Saint-Germain), Katharina Renn (Mademoiselle Doucet), Philippe Lemaire (Le Duc d'Orléans), Franz Hubler (Serge), Bernard Tiphaine (Tomsky). 1h32.

Genre : Fantastique