Sportif par amour

1927

(Collège) coréalisé avec James W. Horne. Avec : Buster Keaton (Ronald), Anne Cornwall (Mary), Flora Bramley (Son amie), Harold Goodwin (Jeff Brown), Snitz Edwards (Le doyen), Carl Harbaugh (L'entraineur d'aviron), Sam Crawford (L'entraineur de baseball), Florence Turner (La mère de Ronald). 1h06.

Ronald, élève modèle, rat de bibliothèque et fils à papa se met à dos les autres élèves lorsqu'il consacre son discours de remise de diplôme à une condamnation du sport en général. Mary, la fille la plus populaire du lycée, a le cœur partagé entre lui et Jeff Brown, pas très malin mais grand athlète. Mary et Jeff sont acceptés à l'université de Clayton, mais la mère de Ronald, veuve, ne peut assumer les frais d'inscription.

Ronald décide donc de travailler pour pouvoir se les offrir et être auprès de sa bien aimée. Il décide aussi de devenir sportif et débarque à Clayton avec deux énormes valises pleines d'équipements et une impressionnante collection de manuels de sport. Mais ses performances au base-ball et sur le terrain de l'athlétisme sont désastreuses. Le bienveillant doyen de l'université, inquiet devant ce brusque changement de centre d'intérêt de son élève préféré et la baisse consécutive de ses résultats scolaires, essaye néanmoins de l'aider en insistant pour qu'il occupe une place de barreur dans l'équipe d'aviron. Malgré l'hostilité de l'équipage, Ronald participe à la grande régate et, galvanisé par l'image de Mary, parvient à remporter la course !

Pendant ce temps, le méchant Jeff s'est enfermé dans une chambre avec Mary, afin qu'ils se fassent renvoyer tous les deux. Alors que Ronald vole à son secours, le danger dans lequel se trouve sa bien-aimée lui procure l'inspiration pour accomplir toutes les prouesses sportives qu'il avait jusqu'à présent ratées.

Le chef-d'œuvre de Keaton, Le mécano de la General, avait été un désastre financier. Les Artistes Associés, la société qui l'avait produit, exigea des coupes dans le budget de son film suivant et s'efforça de contrôler Keaton par l'intermédiaire d'un directeur de production, d'un coréalisateur et de scénaristes en qui la compagnie avait confiance... même si Keaton était agacé d'être entouré de gens dont il avait l'impression qu'ils ne lui apportaient rien.

Jusque là Keaton avait toujours choisi des sujets originaux et hors des sentiers battus. Cette fois cependant, il suivit la tendance et choisit un genre qui était très à la mode. Harold Lloyd avait connu un immense succès avec Vive le sport ! où un intello gringalet veut impressionner l'élue de son cœur en se mesurant aux sportifs de la faculté. L'effet comique réside dans les efforts pathétiques pour devenir un athlète. Le dénouement heureux intervient quand par chance, par miracle ou par pure persévérance, il finit par devenir un héros sur le terrain de sport.

Sportif par amour fut réalisé très simplement, avec peu de moyens et une caméra très statique. Les décors en studio sont réduits au minimum, et plus de la moitié du film est tourné en extérieur, sur la route, un terrain de base-ball, un stade ou lors de la course de bateaux.

Les gags visuels sont des démonstrations étonnantes des capacités physiques de Keaton. Les scènes montrant ses échecs sportifs demandent un immense talent athlétique souvent plus qu'il n'en faut pour les exécuter à la perfection. Pourtant c'est dans ce film qu'il eut pour la première fois recours à une doublure pour réaliser le grand bond final au saut à la perche au travers de la fenêtre de la chambre où Mary est retenue prisonnière. Pendant quelques secondes et pour ce moment précis, il fut donc doublé par un athlète de l'université de Californie, Lee Barnes, qui avait remporté une médaille d'or aux jeux olympiques de 1924 avec un saut de 3,95 mètres.