2000

Anita, la chanteuse dont Libération fera sa une lors du décès de Doisneau. Puis l'enfance rêvée comme fils du jardinier du château dans lequel il aurait mérité de vivre précepteur et non pas dans le ruisseau de Gentilly.

Sa formation est empirique. Il lit les notices. Timide, il n'ose pas photographier les gens et préfère les objets de la rue, les pavés, les lanternes de chantiers. Photographe, c'était déchoir, être assimilé au camelot. Il est timide, a peur de gêner et photographie des enfants. Ses photos prises de loin par timidité ont maintenant l'avantage de mettre davantage de l'entourage et, avec le temps, l'entourage prend de l'importance.

Il suit ensuite les connditions de vie de ceux qui se lèvent tôt font un boulot répétitif. "De là à avoir envie que ça change il n'y a qu'un pas à faire. Cinq ans chez Renault; Je comprends les révoltes ; je prends parti bien sur. Je ne peux pas faire autrement". Il photographier les nouvelles chaînes avec des appareils assez gros chambre 18x24 avec des châssis avec des plaques de verre et du magnésium pour éclairer le tout. La grande récompense d'alors est faire une photo publicitaire au bois de Boulogne avec huit dactylos dans une Viva Stella. C'était en 1934 dans uen usine, médiévale, de 30 000 ouvriers à Billancourt. Robert Doisneau regrette de ne pas avoir fait un travail sur les conditions de vie des ouvriers de la grosse sidérurgie, des mines ou sur les pécheurs. Il a égratigné le sujet mais sans vivre plusieurs jours, plusieurs semaines avec ces gens là. Il n'en avait pas les moyens devant obtenir des travaux alimentaires mais manquait aussi de la volonté d'organisation nécéssaire.

Il photographie la Libération un peu par hasard. Des FFI lui demandent des photos avec leurs vêtements et elur armement de bric et de broc.

Opposition vivement erssentie entre le décor absurde, très laid de la banlieue parisienne et les gens qui passent là-dedans. Par opposition avec le fond, la tendresse des être apparait plus touchante. J'ai voulu montrer cette espèce de grogne, de plainte. Je ne trouvais pas juste qu'un type de 18 ans ou une jeune fille de vingt ans, avec ses petits seins tout neu,f se ballade dans ce décors fait de rajouts, de creux, d'éboulis. Après, ca peut devenir un système ; faut faire très attention. Mais au début, c'est comme ça que ça a commencé.

Plutôt que cette banlieue grise, on lui demande des photos de jardin de femmes. Puis Blaise Cendrars qu'il doit photographier lui propose de faire un livre sur ses photos de Gentilly. Prévert second ange gardien qui lui fait découvrir le canal saint Martin. Photo de métro mais sans autorisation car interdiction de prendre les voyageurs. Se délimiter un cadre et attendre que quelque chose surgisse dans ce petit théâtre. Ce n'est pas mettre en scène c'est attendre le moment où ça coïncide avec ce que vous voudriez voir. Pas objectif choix de la place, choix du moment
Music hall des concerts Maillol, les nuits de paris avec Robert Giraud chez la mère Guignard. Livre sur le tatouage Richardeau. Intérieurs, petits métiers, vieillesse. Pour Doisneau, la pitié de soi va avec la pitié des autres dont il aime bien immobiliser le petit moment de bonheur qu'ils ont eu dans leur vie et provoquer une jubilation parallèle chez d'autres.

Photos dans les grands bals. Ilse sent comme le fils du jardinier invité à jouer avec les enfants du château. Les gens qui passent leur temps à ne rien faire sont beau car passent leur temps à se pomponner et sont bien habillés. Les bals d'Etienne de Beaumont.

parfois, il demande au gens de repasser comme ils l'ont fait. Le couple au triporteur, c'est la file de la patronne, le commis deman donc qu'on ne la montre pas. "Bon, allez chercher une autre jeune fille et refaite ce que vous venez de faire". "C'était un peu tricher, avoue Doisaneau, maus qu'importe la façon dont ça s'est fait, ce qui compte c'est l'impression le sentiment de moments de bonheur qu'ils ont donné au passage.

Guignettes et mariages du samedi. Voyage aveux d'impuissance à voir, voir son décors quotidien l'exotisme est bien meilleur marché avec l'immobilité. L'insolence des appareils qui ressemblent à des armes et qui créent des rapports de domination. Le reflex c'était la génuflexion. Je regrettais que le reflex ne me permette pas de m'approcher plus mais toutes les scories que l'on voit autour de l'image c'est bien, c'est là que c'est intéressant.

Pierrette d'Orient chez les bouchers de la Villette. Rencontre avec Léautaud à 35 ans. pas facile mais une méthode : on leur parle, on les distrait, on fait exprès d'être maladroit. Picasso s'amuse avec le pain du le boulanger de Vallauris. Deux jours : vingt photos gags en septembre 52. Puis Giacometti

Doisneau n'aime pas la photo de mode etdéteste ce monde. travaille pour Life qui lui demande une série sur les baisers de Paris. "Je ne suis pas un voyeur. Pour les couples qui s'embrassent, j'ai employé des figurants. Des tas de gens revendiquent d'avoir été les amoureux de l'hôtel de ville car ils s'identifient avec ce symbole d'un moment heureux. Prévert et son le poème, Le jardin, " Des milliers et des milliers d'années ne sauraient suffire pour dire la petite seconde d'éternité où tu m'as embrassé."

Robert Doisneau est né en 1912 à Gentilly, en banlieue parisienne. Jeunesse grise derrière les rideaux de macramé d'une famille petite-bourgeoise, il apprend à 15 ans le métier de graveur lithographe à l'école Estienne et entre dans la vie active en dessinant des étiquettes pharmaceutiques. C'est chez André Vigneau, dont il devient le jeune opérateur en 1931, qu'il découvre le monde de la création artistique qui l'animera désormais. Quatre années au service publicité des usines Renault soldées par un licenciement pour retards répétés, lui permettent d'accéder au statut convoité de photographe indépendant. La guerre éclate alors mettant un frein brutal à ses projets. Dans l'euphorie des années d'après-guerre, bien qu'il soit quotidiennement soumis à la commande pour des raisons matérielles, il accumule les images qui feront son succès, circulant obstinément " là où il n'y a rien à voir ", privilégiant les moments furtifs, les bonheurs minuscules éclairés par les rayons du soleil sur le bitume des villes.

Photographe du siècle (tableau d'un Paris d'antan et de la France d'après-guerre), Robert Doisneau a laissé une œuvre d'une incroyable richesse. Quand il meurt en avril 1994, il laisse derrière lui quelques 450 000 négatifs qui racontent son époque avec un amusement tendre et bienveillant qui ne doit toutefois pas masquer la profondeur de la réflexion, la réelle insolence face au pouvoir et à l'autorité et l'irréductible esprit d'indépendance. À l'occasion du centenaire de sa naissance (il est né le 14 avril 1912), Les éditions Montparnasse éditent en DVD le film de Patrick Jeudy qui retrace le parcours et l'univers de l'artiste qui commente plus de 700 de ses clichés. Un documentaire subtil, drôle, parfois émouvant qui ne recourt que rarement au zoom avant avec recadrage de la photo pour appuyer son propos. Il les présente dans le format choisi par Doisneau ce qui en fait le document de référence du photographe.

Doisneau commente ses précieux clichés, des plus célèbres comme le fameux Baiser de l'Hôtel de Ville ou encore Les Coiffeuses au soleil, au moins connus d'un Paris occupé ou de son ami Jacques Prévert. Doisneau n'apparaît jamais physiquement à l'écran, il n'y a que sa voix qui habite ce document. Le photographe décrit sa façon de travailler, comment sa timidité a défini son style. Celle-ci l'a conduit à faire des cadrages assez larges, par peur de s'approcher des gens. Le petit banlieusard qu'il a été, celui qui n'osait pas aborder les filles, a toujours photographié avec bienveillance ce Paris populaire. Les ouvriers, les concierges, les couturières… Doisneau, qui explique son rejet du misérabilisme, a eu à cœur d'immortaliser leurs petits moments de bonheur. Sans vouloir occulter la réalité sociale : un de ses grands regrets, après cinq années passées chez Renault à Boulogne-Billancourt, reste de ne pas avoir assez photographié les conditions de travail des ouvriers.

 

critique du DVD
Editeur : Montparnasse, avril 2012.

Supplément :

  • Accès direct à 12 photos légendées : Le Baiser de l'Hôtel de Ville ; La ligne de chance (portrait de Picasso) ; Amoureux aux poireaux...

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Avec : la voix de Robert Doisneau. 1h07.
Robert Doisneau tout simplement
dvd aux Editions Montparnasse
Voir : Photogrammes
Patrick Jeudy