A bigger splash
1974

Juin 73, Genève. David Hockney est avec son nouvel amant qu'il trouve beau, sexy, et doté d'un bon sens de l'humour. Au même moment dans le quartier de North Kesington à Londres, Mo McDermott se souvient des bons moments passés avec Ossie, David et lui-même ces dernières années. Ossie, le couturier avait épousé Célia qui réalisait ses robes mais rien n'avait changé entre eux. Et Peter Schlesinger, l'amant de David le rendait vraiment heureux.

Puis tout bascula ce soir de mai 1971, le soir du grand défilé de mode organisé par Ossie auquel assistaient David et Peter. Le lendemain Mo avait appris que Peter quittait David.

David continuait néanmoins de travailler dans son atelier en plein réaménagement. Alors que des ouvriers découpent les cloisons, il peint Peter, son modèle, de dos. Dans sa galerie, Kasmin attend vainement que David apporte des dessins qu'il a pourtant promis à ses clients. Ossie revient de voyage et retrouve Célia et Mo.

David se plaint à Celia d'aller toujours aux mêmes endroits. Il évoque la Californie où il n'est pas revenu depuis quatre ans. Il préférerait voyager en France si on ne l'oblige pas à peindre épais. Si la nourriture lui plait, il se dit gêné de ne pas connaître le français. A tout prendre, il préférerait encore l'Italie où les hommes sont si beaux.

Septembre 1971. La peinture n'avance pas : "Quand l'amour déraille, il n'y a pas que les amants qui souffrent" dit Mo. Peter, qui a rompu avec David, vient voir Celia en cachette.

Octobre 1971 : Henry Geldzahler encourage David à se rendre à New York où il pourra exposer dans sa galerie. Les peintres qui ont déjà peint cette ville, Hopper, Sheeler ou Avery devraient le stimuler.

Décembre 1971. David assiste à une exposition de son ami Patrick Procktor. Il se rend dans une pièce où est exposé le tableau qu'il a peint représentant son ami fumant. Il hallucine sa présence. Il pourrait allumer sa cigarette au risque de détruire la toile

Mars 72. David a décidé de se rendre à New York ce qui inquiète Mo. Sous sa douche, David se souvient de la piscine où Peter aurait rencontré de nouveaux amants. David déchire un portrait de Peter. Avant de partir dans trois semaine à New York, Tony Richardson prête sa piscine dans le midi. Mo a pris des photos de John plongeant en slip dans la piscine. Il s'est fait photographier au bord de la piscine mais sait que David attend que quelqu'un d'autre prenne sa place au bord de la piscine. Ce sera l'homme à la veste rose.

Parodie gay de miss monde 72. David y rencontre Peter. Il le convainc de venir se faire photographier dans un parc le lendemain avec sa veste rose. Kasmin harcèle David : six toiles par an, ce n'est pas assez. David n'a réalisé qu'une seule nouvelle toile lors de l'exposition de Whitechapel. La dernière grande toile montrée à Londres, c'était A bigger splash. Flash mental de David sur Kasmin, le nez collé à la vitre.

David dort, il rêve de Peter dans la piscine. Le réveil interrompt le rêve.

Mai 72 New York. Exposition à la André Emmerich gallery. David disparaît. Celia appelle Ossie

Juin 1973. Genève. David décide de garder les dessins de sa mère mais se débarrasser de ceux de Peter.

Jack Hazan a su convaincre David Hockney, d'abord très réticent, à jouer son propre rôle dans un film de fiction. Celui-ci relie le surgissement de l'inspiration, aux travaux préparatoires de la toile, à son exécution difficile puis à sa présentation lors de l'exposition de 1972.

Si l'oeuvre de David Hockney, d'abord fortement influencée par Picasso, est habituellement classée au sein du pop art, la toile dont on voit ici la réalisation s'apparente davantage au mouvement concomitant de l'hyperréalisme.

Ce type de peinture s'adapte parfaitement à la mise en scène obsessionnelle qu'a choisi le réalisateur. Le film est certes assez classiquement une méditation sur les relations de l'art et de la vie. Mais jamais aussi bien que dans l'hyperréalisme la frontière entre monde réel et monde ressenti est mince. C'est la fragilité de cette limite que met en scène Jack Hazan.

Le film est encadré d'un prologue et d'un épilogue situé à Genève en 1973. Six mois après la fin de l'exposition, David a retrouvé un nouvel amant et semble de nouveau apaisé. Les deux courtes scènes fonctionnent comme les parenthèses ouvrante et fermante d'un épisode particulièrement douloureux et intense de la vie du peintre. Pour mettre aussi à distance ce qu'aurait pu avoir de trop autobiographique l'épisode raconté, ce n'est pas Hockney qui prend en charge le récit mais son assistant, Mo McDermott. Une deuxième parenthèse au sein de la première est ainsi constituée par un plan de caméra s'avançant puis reculant sur le visage de Mo qui se rappelle ce qu'à pu avoir de douloureux cette période de mai 1971 à mai 1972 : celle de la réalisation d'une peinture qui vient comme recoudre une déchirure sentimentale.

Londres, Mai 1971. Le peintre David Hockney est en pleine crise, profondément affecté par la rupture avec Peter Schlesinger, son modèle et amant, qui vient de le quitter. Son travail en est bouleversé. Il doit pourtant terminer Portrait of an Artist pour une exposition qui doit avoir lieu à New York l'année suivante. En pleine lutte avec son art et avec lui-même, il passe d'intenses séances de travail à de longues errances chez ses amis, en proie au doute, ne parvenant pas à trouver sa forme définitive au tableau, qu'il finit par abandonner avant d'y revenir six mois plus tard.

 

critique du DVD
Editeur : La compagnie des phares et balises, octobre 2008. Version originale, sous-titres français.


Suppléments : Grant North, un film inédit de Jack Hazan sur le peintre Keith Grant. Entretien exclusif avec le réalisateur. Galerie de photos.

 

 

 

 

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Avec : David Hockney, Peter Schlesinger, Mo McDermott, Celia Birtwell, Henry Geldzahler, Kasmin, Ossie Clark, Mike Sida, Patrick Procktor, Susan Brutsman (eux-même). 1h46.

 
Voir : Photogrammes
DVD chez Bach Films
Genre : Drame psychologique
Thème : Le peintre au cinéma