2009

Compilation de douze courts métrages (treize sur le DVD) pornographiques et artistiques féministes :

Come Together de Mia Engberg. Plusieurs visages de femmes sont filmés pendant qu'elles se masturbent.

Skin de Elin Magnusson. Dans une chambre deux personnes sont vêtus tous deux d’une combinaison couleur chair, on ne peut distinguer ni leur sexe, ni leur visage. Ils redécouvrent la sensation de chaleur en se touchant à travers cette nouvelle peau. Peu à peu, à l’aide de ciseaux, ils décident de découper, de déchirer et de se débarrasser de ce qui est mort depuis longtemps. Des doigts apparaissent, puis une main... Les cheveux commencent à avoir une odeur et la sueur à couler.

Fruitcake de Sara Kaaman et Ester Martin Bergsmark. Mise en pararellèle du corps et des fruits. Le corps ruisselle de désir et les fruits ruissellent aussi de salive et lubrifiant de désir . Le corps se fond en une soupe, se mélange en salade de fruit. L’anus est la constante le centre du processus de dissolution

Night time de Nelli Roselli. Du sexe hétéro qui n’a rien à voir avec la beauté extérieure ais basé sur un simple plaisir, sans le perpétuel va-et-vient de pénétration, avant tout construit autour de sentiments positifs bien différents d’une passade ou des règles de la monogamie.

Dildoman de Åsa Sandzén . Dessin animé. Dans le Dildoman Gentlemen’s Club même les hommes et les femmes démunis, tristes ou perdus peuvent profiter d’une réduction importante. Toutes les stripteaseuses du club en sont aussi les copropriétaires.

Body contact de P. Harlow, Pella Kågerman. Cela fait des années qu'elle veut faire un film pornographique. Elle a été frustrée pendant des mois et des mois. Cinq hommes différents ont changé d’avis au tout dernier moment. Finalement, elle et sa copine à al caméra ont trouvé "Lex Luthor" sur le site www.bodycontact.se.

Red like cherry de Tora Mårtens. Construit sur de petits détails, pour faire croître la tension, le désir et l’envie. Ce qu’on ne voit pas est parfois plus excitant que ce qu’on peut voir.

On your back woman de Wolfe Madam. L’étude des règles du machisme féminin est simple ; la plaquer sur le dos pendant dix secondes et triompher. Les méthodes sont libres et seulement limitées à la sensibilité de chacun. C’est une violente mais pourtant tendre histoire de femmes qui trouvent la limite de leur propre empathie, souffrance et force physique. C’est une aventure sadomasochiste futile.

Phone fuck de Ingrid Ryberg. Deux femmes, après leur rupture, se rappellent et font l’amour par téléphone. Leur conversation est nuancée par des fragments d’intimité qu’elles partagent – images qui peuvent aussi bien être interprétées comme des souvenirs que comme des fantasmes.

Brown cock (DVD uniquement) de Universal Pussy. Le sexe feminin parfois mal rasée ou lubrifiée manipulé, toujours manipulé, par des femmes.

Flasher girl on tour de Joanna Rytel. "Je veux m’exposer aux hommes ; vieux, adultes, pères de famille et autres cochons. Je suis très sérieuse. Je ne veux pas le faire pour me venger du système patriarcal, même si ma chatte est aujourd’hui une arme. J’ai juste envie de le faire. Vous offrir un peu de chatte. Ca m’excite. Je suis une exhibitionniste".

Authority de Marit Östberg. Une femme se fait arrêter par une policière alors qu’elle est en train de faire des graffiti sur un mur.. Elle s’enfuit, la policière à ses trousses. Peut-être celle-ci sait-elle déjà comment la poursuite va se terminer. Peut-être obéira-t-elle à la volonté de la graffeuse.

For the liberation of men de Jennifer Rainsford. Une femme âgée parée de ses bijoux se souvient. Un homme à la perruque rousse se poestirue dans un ascenceur. Un deuxième vêtu de collants bleus, d’un manteau de fourrure et d’une perruque jaune se masturbe incessamment. Un trosième blond, nerveux était le préféré de la veille dame.

Dirty Diaries échappe assurément au cinéma érotique ou pornographique aliénant qui offre aux hommes l'image une femme façonnée selon ses fantasmes et qu'il tente ensuite vainement, ou au prix d'une violence insupportable, de retrouver dans la réalité.

Mia Engberg l'initiatrice de ce projet a fixé deux règles à celles qui ont bien voulu tenter de façonner une autre image du sexe que celle façonnée selon les canons classiques : user d'une démarche sincère et personnelle et filmer systématiquement avec un téléphone portable pour redonner une certaine dimension artistique au genre pornographique trop souvent édulcoré et uniformisé.

Une succession de sensibilités

Souvent bien trop courts pour provoquer l'épanouissement de signes ou de surprises qui aille au-delà de leur principe, souvent perçu dès les premières secondes, ces treize courts-métrages produisent d'abord l'impression d'une succession fastidieuse à la provocation facile ou délibérément arty.

Sans doute ces propositions, pas toutes anodines, s'inscrivent davantage comme des expérimentations vidéos, plus plastiques que cinématographiques, plus à leur place dans un musée que dans un cinéma. Mais sans doute aujourd'hui la salle de cinéma se prêtre mieux à ces expressions libres et libérées que nos salles de musées.

 

Genèse du projet

L'idée de créer Dirty Diaries est née après que Mia Engberg et quelques unes de ses amies aient réalisé Come Together pour le Festival du film de Stockholm. C'était un court-métrage où chaque participante se filmait avec un téléphone portable en train de se masturber. Come together a reçu beaucoup de commentaires négatifs, surtout de la part des hommes, qui se plaignirent du manque d'attirance des actrices-réalisatrices. Pour Mia Engberg, c'était la preuve que les films pornographiques exigeaient des actrices féminines qu'elles soient agréables à regarder pour un public essentiellement masculin. A ce propos, la productrice a d'ailleurs déclaré: "Le film a été diffusé sur internet et a suscité de nombreuses réactions. Beaucoup de commentaires négatifs comme "Mon Dieu, elles sont moches. Elles auraient au moins pu se maquiller" ont été faits. J'ai trouvé ces réactions très intéressantes. Elles montrent que l'image de la sexualité féminine doit encore et avant tout satisfaire le spectateur et non plaire aux femmes elles-mêmes. J'ai pensé que ceux qui avaient réagi négativement aux scènes de masturbation de Come Together avaient besoin de voir plus de films de ce genre. Et d'ouvrir leurs yeux. J'ai dès lors demandé à plusieurs artistes, réalisatrices et activistes de faire leur propre film pornographique féministe avec un téléphone portable."

L'un des critères retenus pour réaliser les douze courts métrages était de filmer systématiquement avec un téléphone portable pour redonner ses lettres de noblesse, du moins, une certaine dimension artistique, au genre pornographique trop souvent édulcoré et uniformisé, selon la productrice Mia Engberg. Ce film est un manifeste visant à libérer l'image de la sexualité féminine qui est souvent cantonnée à de la pornographie faite par des hommes pour des hommes. Elle déclare: "A travers l'histoire de l'Art, l'image de la femme a été créée par des hommes pour plaire à un regard masculin. La sexualité féminine se déclinait autour de figures limitées du système patriarcal : la putain, la femme, la mère, la muse. Aujourd'hui, nous pouvons créer nos propres images sexuelles, nous sommes confrontées à de nombreuses questions. Existe-t-il réellement un regard féminin et si oui, que pouvons-nous en retenir? Comment pouvons-nous libérer nos propres fantasmes sexuels des images publicitaires qui s'impriment chaque jour dans notre subconscient? De toute évidence, il semblait nécessaire de nous réinventer en créant un nouveau genre et voir ainsi le monde avec un regard neuf. Chaque réalisatrice de ce projet a sa propre interprétation de la pornographie féministe. Elles ont toutes choisi une manière différente de l'exprimer. Je suis très fière de voir une telle créativité et une telle diversité parmi les films réalisés. Chaque réalisatrice a pris cette demande très au sérieux et à réalisé des images fortes et singulières Alors comment repenser la pornographie? Il n'y a pas de réponse simple à cette question. Dirty Diaries propose toutefois douze courts-métrages atypiques qui susciteront une réflexion sur la notion de pornographie et sur notre regard. "

 

Jean-Luc Lacuve le 12/07/2010

 

Retour à la page d'accueil

Film collectif en douze segments de Mia Engberg, Elin Magnusson, Sara Kaaman, Ester Martin Bergsmark, Åsa Sandzén, P. Harlow, Pella Kågerman, Tora Mårtens, Wolfe Madam, Ingrid Ryberg, Universal Pussy, Joanna Rytel, Marit Östberg, Jennifer Rainsford. 1h38.

Dirty diaries
Genre : Film pornographique