Le mariage de Maria Braun

1979

Genre : Drame social

(Die Ehe der Maria Braun). Avec : Hanna Schygulla (Maria Braun), Klaus Löwitsch, Ivan Desny, Gottfried John, Gisela Uhlen, Günter Lamprecht. 2h00.

1943. Alors que la guerre a éclaté, Maria épouse le soldat Hermann Braun à la hâte dans une mairie de fortune. Les jeunes mariés ont une après-midi et une nuit avant que Hermann rejoigne le front. 

Restée seule avec sa mère et son grand-père, Maria voit l'Allemagne s'effondrer sous les bombes. Alors qu'Hermann est porté disparu, Maria visite les convois de prisonniers, persuadée que son mari est vivant. Pourtant, un soir, on lui annonce la mort de ce dernier. C'est au club américain que Maria fait la connaissance de Bill et, ayant des relations avec le soldat, elle se retrouve enceinte. 

Un soir, alors que Maria et son amant sont couchés, Hermann rentre et gifle sa femme. Bill essaie d'intervenir. La jeune femme l'assomme et le tue avec une bouteille. C'est Hermann qui prend en charge le meurtre de Bill et il est condamné à plusieurs années de prison. 

Pendant ce temps, Maria devient la maitresse de son patron et tient au courant son mari dans sa prison. Lorsque celui-ci doit sortir, il s'enfuit en Australie car il a passé un contrat secret avec l'amant qui doit mourir prochainement. A la mort de celui-ci, Hermann revient toucher la moitié de l'héritage. Maria, qui croit tout lui offrir en ayant eu tant de mal à tenir une ligne de conduite, se suicide ; elle oublie de fermer le gaz et une explosion éclate dans l'appartement.

Sous couvert d'une intrigue romanesque et mélodramatique, Fassbinder décrit avec une profonde ironie l'Allemagne d'Adenauer et de la reconstruction. la succession des portarit - Adenauaer (1949- 1963), Erhard (1963-1966), Kiesinger (1966-69) Brandt (1969-1974), Schmidt (74-1982)- montre que le capitalisme corrompt tous les idéaux.

Maria se vend à n'importe qui pour survivre au nazisme : aussi bien aux Etats-Unis (le GI) qu'à la libre entreprise européenne (son patron). Maria Braun combine un nom qui rappelle, Eva Braun, la maitresse d'Hitler et un prénom biblique dans la très catholique Bavière. Ainsi écartelée entre la blancheur et la noirceur, l'héroïne ne pouvait que mal finir. Symboliquement, le film s'achève sur la victoire de l'équipe nationale de football à la coupe du monde 1954, moment décisif pour le peuple allemand qui, de vaincu, devient vainqueur. La critique est violente : ne voit-on pas Fassbinder lui même, dans une courte scène, sacrifier la poésie - les oeuvres complète de Kleist- sur l'autel du marché noir ?


Le film est dédicacé à Peter Zadek, metteur en scène qui dirige une troupe d'acteurs proches de Fassbinder et qui joue le rôle du réalisateur dans Le secret de Veronika Voss.