A travers le miroir

1961

Voir : Photogrammes du film

(Sasom I en Spegel). Avec : Harriet Andersson (Karin), Gunnar Bjornstrand (David), Max von Sydow (Martin). 1h29.

La plage d'une île à l'aspect désolé. Quatre personnes reviennent de leur baignade. Il y a David l'écrivain, sa fille Karin, son fils Frederik surnommé Mino, et Martin, le mari de Karin, qui est médecin.

De retour de Suisse, où il est allé travailler à son dernier roman, David célèbre ces courtes retrouvailles par un dîner au cours duquel il annonce qu'il doit bientôt repartir, cette fois pour un voyage en Yougoslavie. Lors de la petite fête Mino et Karin interprètent une pièce de leur création, l'histoire d'un poète qui se réfugie dans la solitude de son art malgré l'amour d'une princesse. Une saynète directement adressée à leur père auquel ils reprochent la difficulté de communiquer avec lui. La soirée montre également combien Karin se sent proche de Mino, malgré son mari, Martin, qui ne semble pas pouvoir la comprendre.

Au cours de la nuit, Karin est atteinte d'insomnie. Dans l'une des pièces abandonnées, elle contemple les murs au papier peint délavé et rongé par l'humidité. Elle perçoit des bruits et des visions comme étant les preuves d'une apparition prochaine de Dieu. Dans le bureau de son père, elle trouve des notes confirmant l'état incurable de ses troubles psychiques.

Le lendemain matin, David et Martin partent en barque. Karin entend se rapprocher encore un peu plus de son jeune frère, et de le faire pénétrer dans son monde intérieur. Au cours d'une tempête, réfugiés dans la carcasse d'un vieux navire, ils communiquent par l'inceste.

Karin plonge à nouveau dans ses fantasmes et délires, Dieu lui est apparu sous la forme d'une monstrueuse araignée. Inquiets de la gravité de cette nouvelle crise, David et Martin préviennent l'hôpital qui envoie un hélicoptère.

Mino parle de ses problèmes à son père. David prend enfin le temps de l'écouter et de lui répondre : "Dieu n'est peut-être que l'Amour, c'est en aimant que l'on peut quelque chose pour les autres. "

A travers le miroir est le premier volet de la trilogie de chambre de Bergman. C'est aussi son premier huis clos insulaire et sa première incursion dans le domaine de la psychose :

"C'est un cas de schizophrénie d'ordre religieux. Un Dieu descend dans une personne et établit une demeure en elle. Ensuite il l'abandonne, il la laisse vide et consumée sans aucune possibilité pour elle de continuer à vivre dans le monde."

Avec ce film, le réalisateur met en application un souhait qu'il a maintes fois exprimé : construire tout un film à partir de l'exploration d'un visage. Pour ce faire, il isole ses personnages dans un lieu qui deviendra son décors privilégié, son île de Faro. Abandonnant tout effet stylistique, la caméra n'enregistre que l'essentiel : Harriet Andersson. Bergman estime que c'est la comédienne qui fait le film et lui rend un hommage révélateur en affirmant "le miracle, c'est Harriet Andersson".

Saint Paul a promis qu'après la mort, nous ne verrions plus "comme dans un miroir" (titre original, mal traduit en français) mais "face à face". C'est toujours l'obsession bergmanienne : même s'il n'y a pas de Dieu, pas de figure visible dans l'au-delà, il y a peut-être, au moins une vérité qui m'attend et dont je ne serai plus seulement condamné à voir le reflet.

critique du DVD
Editeur : Opening. Novembre 2007. VOST
critique du DVD

Edition double DVD avec Sonate d'automne dans le coffret Bergman