Opéra

1987

Genre : Giallo

(Opera). Avec : Cristina Marsillach (Betty), Ian Charleson (Marco), Urbano Barberini (L'inspecteur Alan Santini), Daria Nicolodi (Mira), Coralina Cataldi-Tassoni (Giulia), Antonella Vitale (Marion William), McNamara (Stefano). 1h47.

L'Opéra de Parme confie la mise en scène du Macbeth de Verdi à Marco, un réalisateur de films d'horreur. Alors que les répétitions touchent à leur fin, la diva, Mara Cecova, est renversée par une voiture et se voit contrainte d'abandonner le projet. Elle est remplacée par Betty, sa doublure, une jeune soprano qui se trouve soudainement propulsée sur le devant de la scène. Elle hésite pourtant. Elle a reçu un mystérieux coup de téléphone lui annonçant déjà la nouvelle et la rumeur veut que le drame de Shakespeare soit maudit. Mira, son impresario, le chef d'orchestre et le metteur en scène finssent toutefois par la convaincre

Le soir de la première, quelqu'un rôde dans les loges et, surpris par un ouvreur, le tue et fait tomber un projecteur dans la salle. Le spectacle reprend malgré l'incident et Betty triomphe dans son rôle. Ce n'est qu'après la représentation que l'on découvre le cadavre. Choquée, Betty demande au machiniste, Steffano, de l'accompagner à la soirée donnée en son honneur. Dans la nuit, il la ramène chez lui mais Betty s'avère frigide. Alors que Stefano est parti chercher de l'eau un tueur ganté et masqué de noir attache Betty et lui scotche des aiguilles sous les paupières pour l'obliger à voir. Il poignarde à coups redoublés le pauvre Stefano. Libéré par le tueur, Betty tombe par hasard sur Marco auquel elle avoue la vérité. Même s'il souhaite rester avec elle, Marco rejoint sa compagne.

Dans la nuit, Betty est en proie au cauchemar récurent de son enfance. Une femme debout en regarde une autre qui crie de terreur....

Les meurtres horribles, caractéristiques du giallo, sont nombreux avec, ici, la particularité d'être liés à la vision. L'obsession du criminel est redoublée par celle du cinéaste.

Un criminel névropathe

Le criminel s'avére être le policer, l'amant de la mère de Betty. Celle-ci voulait assister à un meurtre sanglant avant chaque représentation afin de mieux chanter. Son amant ne s'en est jamais remis et trucide horriblement ceux qui approchent Betty la contraignant à voir pour qu'elle devienne comme sa mère, dépendante de la vision de meurtres atroces, et ainsi devenir son amant. Si l'ancien amant et policer est dorénavant un psychopathe, Stefano est lui aussi victime de préjugés sur les cantatrices, imaginant qu'elles ont besoin de faire l'amour avant de chanter. Enfin Marco lui même,  sil ne tente pas de profiter de la détresse de Betty baigne, tout de même, dans le milieu du film horreur. Sa tentative de filmer une mouche  dans le chalet en Suisse rappelle les propres essais de Dario Argento dans Phenomena. Betty, se veut elle pure cantatrice qui trouvera le réconfort dans  la vision des insectes et des fleurs de la Suisse face aux désirs des hommes.

Redoublement de la thématique du regard

La thématique de la vision est initiée dès le premier plan qui débute au travers de la pupille d'un corbeau. Cette pupille des corbeaux, Marco s'en servira pour piéger l'inspecteur, comptant sur les souvenirs des corbeaux maltraités par lui une journée avant. Ceux ci se souviennent de celui qui les a persécuté. Ils iront lui lacérer le visage et lui crever un œil. Mira l'agent de Betty, est tuée par une balle qui traverse judas de la porte par lequel elle regardait. Tout aussi horribles les meurtres de Stefano et de Giulia, la couturière, dont le tueur découpe le thorax pour atteindre la gourmette qu'elle avait avalée.

La bande-son juxtapose des passages classiques : Norma de Vincenzo Bellini, Madame Butterfly de Puccini, La Traviata (par Maria Callas) et Macbeth de Verdi et du Heavy Metal (No Escape par le groupe Nordern Light), des morceaux à la basse de Bill Wyman ou encore des compositions de Brian et Roger Eno.

Mouvements d'appareil sophistiqués mêlant travellings et panoramiques pour aller cherche une ombre derrière un soupirail ou le mouvement d'un personnage, mais ensuite, au tiers du film, abandonnés.

Jean-Luc lacuve, le 4 août 2018