The Soldier’s Tale
2007

Penny Allen a rencontré un soldat (nommé « Sergent R. ») lors d'un voyage en avion entre Paris et Portland. Il lui a spontanément parlé de son expérience de l’Irak, comment ensuite ils se sont retrouvés dans un hôtel pour discuter en profondeur, à partir des photos qu’il a prises et des vidéos qu’il a ramenées.

Il révèle que le danger pour les soldats américains se résume principalement aux bombes dissimulées par les Irakiens sur le bord de la route. Les Américains apprennent à rouler « au milieu de la route » pour les éviter et pousse les civils à rouler sur les côtés. Il faut donc apprendre à se défendre (position à adopter dans la voiture, vitre ouverte ou fermée) contre ses bombes activées par des guetteurs embusqués à plusieurs centaine de mètres.

Le sergent montre des images d’Irakiens qu’il garde sur son ordinateur. Il dit que c’est « comme des cartes de base-ball » que les soldats s’échangent. Il confesse faire des cauchemars depuis son retour mais ne peut se séparer de ces images.

« Good times » et « bad times », le sergent ne tranche pas. La guerre est comme la vie, il y a de bons moments et de mauvais. D’abord très virulent contre la guerre, puis reconnaissant les bons côtés, puis décidant in fine d’y retourner : parce qu’il n’a plus d’argent, parce qu’il n’arrive pas à se réinsérer, et aussi parce qu’il peut aider d’autres soldats là-bas.

Penny a rencontré un soldat dans un avion, le jeune gars à côté duquel elle voyageait, entre Paris et Portland (Oregon), s’est mis à lui parler, sans s’arrêter un instant, pendant 9 longues heures du vol. Il lui a montré des photos, des vidéos de sa guerre en Irak. De cette rencontre improbable est né War is Hell. Les 4 planches de cette œuvre ont rencontré un succès important, une exposition aux états unis, des publications dans de nombreux journaux et magazine de part le monde, en particulier dans libération..

Le soldat et Penny sont restés en contact. Quelques moi plus-tard, il est finalement démobilisé. C’est à cette époque que le documentaire est sorti des nimbes. Le soldat en a accepté l’idée, Penny s’est lancée. Il faudra 2 ans de travail, tournage, montage, recherche de financement pour le faire naitre. Il faudra encore plusieurs long mois pour qu’ils trouvent un support définitif, le bonheur de la distribution.

Penny Allen a elle-même contacté le site des Cahiers du cinéma pour montrer son documentaire.

Penny Allen en face est remarquable : combative d’abord, militante anti-guerre convaincue, puis écoutant le récit du soldat jusque dans ses contradictions. Elle tente par la maïeutique de lui faire dire son horreur de la guerre, mais il garde son cap paradoxal. Horrifié mais attiré par cet endroit où il a, lui, plus d’importance qu’ailleurs.

La réussite du film tient dans l’étrange réserve du sergent, d’abord très virulent contre la guerre, puis reconnaissant les bons côtés. La perplexité de Penny Allen est la nôtre. Ce jeune homme parle par instants comme un enfant, il refuse d’aller au fond des choses, mais il est évidemment hanté. Sa voix douce, son regard gêné, les brusques confessions d’horreur, ses cauchemars, son désir même de parler (mais pourquoi a-t-il accepté ce film ?) laissent affleurer qu’il est brisé. Mais quelque chose le pousse à y retourner. C’est un des rares portraits de vétérans dont nous disposons.

 

Source : Stéphane Delorme sur le site des Cahiers

 

Retour à la page d'accueil

Genre : Documentaire

Avec : Penny Allen et Le Sergent R. (eux-mêmes). 0h54.

 
Thème : Guerre d'Irak