Fleurs   Odilon Redon 1890
 
 

Fleurs (anciennement Le pavot rouge)
Odilon Redon, 1890
Huile sur carton, 27 x 19 cm
Paris, Musée d'Orsay

   


Dans les premières années du XXe siècle, et particulièrement après son exposition de 1903 chez le marchand Durand-Ruel, ses bouquets de fleurs valurent à Redon un grand succès critique et commercial. Critiques et écrivains contemporains louaient leur poésie et leur harmonie colorée, reléguant les “Noirs” à une période révolue, ainsi que le souhaitait l’artiste.

Redon avait été lié d’une grande amitié avec le botaniste Armand Clavaud dans sa jeunesse et le motif floral est présent dans son œuvre dès ses débuts. Dans ses œuvres en noir et blanc, cependant, la fleur n’est pas figurée de façon naturaliste mais s’intègre dans la vision du Redon d’alors, en s’hybridant avec une tête ou un œil humains. Les bouquets colorés représentent en revanche des fleurs vraisemblables, mais qui n’existent pas toujours réellement dans la nature.

En effet, si Redon a réalisé jusque dans ses dernières années dans études de fleurs sur le motif, il laisse toujours s’opérer dans ses œuvres abouties un travail de mémoire et d’imagination. Ainsi, même lorsque les fleurs existent réellement, Redon peut associer des variétés qui s’épanouissent à des saisons différentes, créant un bouquet impossible, à la manière de peintres flamands du XVIIe siècle.

En réalité, ce ne sont pas tant les fleurs elles-mêmes qui intéressent l’artiste, que les jeux de formes et de couleurs qu’elles permettent. Dans le bouquet qui nous concerne, la composition est dominée pour une fleur rouge – une sorte d’hibiscus à pistil bleu –, boule de taille quasiment égale à celle du vase vert aux reflets bruns qui la contient. Quelques fleurs blanches, jaunes et roses viennent faire une transition entre ces deux pôles.

Le traitement n’est pas minutieux mais assez libre. Comme dans les autres bouquets de l’artiste, le fond est neutre, d’un beige rosé. La composition est décentrée vers la gauche et le cadre coupe une des feuilles, introduisant ainsi un léger mouvement et une impression de vie, selon des procédés utilisés par les artistes japonais.

Texte : Cécile Thézelais

 

Retour à la page d'accueil de la section Beaux -Arts