Le char d’Apollon Odilon Redon 1910
 
 

Le char d’Apollon
Odilon Redon, Vers 1910
huile avec rehauts de pastel sur toile, 89 x 70 cm
Paris, Musée d'Orsay

   


En 1868, Odilon Redon avait copié l’interprétation qu’Eugène Delacroix avait faite de ce thème pour le plafond de la galerie d’Apollon au Louvre : le jeune artiste était alors très impressionné par la force des couleurs et du mouvement chez le maître du romantisme. Il laissa ensuite cette thématique de côté, pour ne la reprendre que vers 1908. Elle devint alors un de ses sujets de prédilection. Dans les nombreuses variantes qu’il en donne, Redon varie par l’atmosphère colorée les heures du jour où il choisit de représenter le dieu-Soleil dans sa course, cabre plus ou moins les chevaux et va jusqu’à remplacer Apollon par un personnage ailé. Des papillons peuplent parfois les abords de la scène.

Dans cette version de 1910, conservée au musée d’Orsay, comme dans le plafond de Delacroix, le moment représenté est celui de la fin du combat avec le serpent Python, d’où Apollon sort vainqueur. La silhouette d’Apollon, le dieu-Soleil, est à peine discernable, noyée dans la lumière qu’il dégage. La pureté du ciel – un camaïeu de bleus s’enrichissant de verts à mesure que l’on s’approche du char – situe la scène à l’aurore. La gueule du serpent Python agonisant est elle aussi à peine visible, juste esquissée, avant sa disparition définitive. Son corps est percé des flèches d’Apollon et se tord dans une dernière convulsion. Seuls les quatre chevaux sont bien distincts, leur blancheur soulignée par la lumière du dieu-soleil. Leurs corps ne sont modelés qu’avec du pastel, posé à même la toile qui apparaît vierge dans les zones d’ombre. L’un d’eux tourne un regard curieux vers la tête du serpent.

Redon s’intéressait depuis sa jeunesse aux questions de création et de destruction du monde. À la fin de sa vie, c’est le versant positif de ce questionnement qu’il met en avant en représentant le char d’Apollon, symbole de la création de la vie, de la victoire sur le chaos.

Texte : Cécile Thézelais

 

 

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