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Le thème de la baigneuse apparaît dès 1960 dans l'uvre de Martial Raysse. L'Etalage-Hygiène de la vision n°1 installait pour la première fois une photo grandeur nature de jeune fille en maillot de bain tenant un parasol au sommet d'un présentoir de produits solaires et jouets de plage. De 1962 à 1965, Raysse réutilise fréquemment ce "cliché visuel" où il s'efforce de montrer ce que le "mauvais goût" (ce "rêve d'une beauté trop voulue", dira-t-il) peut receler de magie insoupçonnée et d'émotion.
Opérant par restructuration en plans décalés, par coloration au vaporisateur et au pinceau en teintes factices de zones arbitrairement délimitées, par adjonction, enfin, d'objets réels (ici un chapeau de paille et une serviette de bain), Raysse soustrait son motif à l'illusionnisme photographique, à l'espace perspectif, comme au discours représentatif qu'ils impliquent.
Ce nettoyage par le vide des conventions figuratives libère dans l'image des forces latentes : monumentalisée, articulée, déployée dans les trois dimensions (les objets réels l'arriment avec humour à la réalité), la baigneuse de Raysse reçoit une nouvelle vie empruntée et nostalgique, que le titre, référence à Tennessee Williams, accentue encore. Au rythme vif de ses fluorescences acides, elle se fait rayonnement et idéal objet de désir.