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(1884-1962)
Constructivisme
Torse 1924 New York, MOMA
surface développable 1939 Venise, Peggy Guggenheim Collection
     

Né en 1884, à Klimovitchi, en Biélorussie, Pevsner suit la formation de l’École d’art de Kiev. À partir de 1917, il enseigne à l’École de peinture, sculpture et architecture de Moscou et participe aux côtés de Kandinsky, Malevitch et Rodtchenko à l’intense activité artistique des avant-gardes russes. En 1920, il signe avec son frère Naum Gabo le Manifeste réaliste, publié à l’occasion de la première exposition constructiviste, que les deux artistes présentent à Moscou.

En janvier 1923, après quelques mois passés à Berlin, Pevsner s’installe à Paris. Peintre à l’origine, Pevsner délaisse la toile pour se consacrer davantage à la construction de l’espace en trois dimensions, et appliquer à la sculpture les idées exprimées dans le Manifeste réaliste. Si ses premières sculptures se rapprochent de manière évidente de celles de son frère – qui utilise des matériaux transparents comme le verre et le plexiglas pour capter la lumière et obtenir les reflets irisés du spectre solaire – son oeuvre va pourtant s’en différencier par un usage privilégié du métal. À cet égard, l’expérience acquise en tant qu’employé dans l’usine de métaux de son père est pour lui fondamentale.

À partir de 1924, il réalise des sculptures, rondes-bosses et bas-reliefs, en laiton, en cuivre, en bronze. Voulant libérer la sculpture du poids de la masse, du bloc, il livre avec le métal un combat permanent contre la pesanteur. Son matériau allégé est réduit à de fines baguettes de métal, soudées et assemblées en de larges surfaces symétriques et ondulantes. En résultent des surfaces aux fines structures, aux denses réseaux de lignes, dont les courbures créent des zones d’ombre. Les lignes regroupées en fuseau se déroulent et se détendent, donnant naissance à un rythme, accentué encore par l’alternance régulière de l’ombre et de la lumière.

En désignant l’espace et le temps comme les «seules formes sur lesquelles se construit la vie et, par conséquent, doit se construire l’art», Pevsner reste fidèle au Manifeste réaliste. Le sculpteur recherche cependant la profondeur, qui constitue «la forme représentante unique de l’espace», dans les qualités naturelles du métal réagissant à l’oxydation. Souvent dirigée, la réaction chimique permet à l’artiste de donner aux surfaces «développables» une vibration colorée. De ce travail minutieux, qui donne à l’oeuvre une stabilité classique, naît paradoxalement une impression de mouvement perpétuel, de métamorphose permanente.

Des oeuvres comme Projection dynamique au 30e degré (1950-1951), la Colonne de la paix (1954) ou Construction spatiale aux troisième et quatrième dimensions (1961) sont élaborées selon le même principe de développement infini des surfaces. Avec le Monument symbolisant la libération de l’esprit (1955-1956), Antoine Pevsner obtient la deuxième place au concours du «Monument pour le prisonnier politique inconnu» organisé par l’Institut d’art contemporain de Londres en 1953. Résultat d’une longue réflexion existentielle, ce thème lui donne l’occasion de mettre en oeuvre sa connaissance du matériau : il utilise la malléabilité des surfaces métalliques striées, pour les courber de façon à former une sphère, dont les limites sont transpercées de nombreuses tiges partant du centre et donnant l’impression de se prolonger à l’infini.

 

Repères biographiques
1884 Naissance à Klimovitchi le18 janvier
1902-1909 Ecole d'art à Kiev puis à l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Petersbourg.
1910 Est nommé professeur «de dessin et de dessin technique» à l'Ecole d'Art de Kiev.
1911-1913 Séjour à Paris, où il fréquente Archipenko et rencontre Modigliani et Duchamp.
1914 Au début de la Première Guerre Mondiale, il part à Copenhague.
1915-1916 Habite à Christiania (Norvège) avec ses frères, Naum et Alexeï.
1917-1918 Août, les trois frères Pevsner retournent à Moscou après la Révolution. Pevsner enseigne la peinture à l'Ecole de peinture, sculpture et architecture.
1919 Participe à la «Cinquième exposition nationale de tableaux» au Musée des Arts plastiques de Moscou, aux côtés de Kandinsky, Klioune, Lioubov Popova, Rodtchenko… A l'automne, il prend de Malévitch la direction des ateliers Svomas.
1920 L'été, Pevsner épouse Virginia Stépanovna Voïnova. Le 5 août, Gabo et Pevsner lancent à Moscou le «Manifeste réaliste» en même temps que l'«Exposition des peintures de Natan Pevsner, des sculptures de N. Gabo et de l'école de Pevsner. Gustav Klucis», organisée en plein air, sur le boulevard Tverskoï. C'est le point de départ du constructivisme soviétique.
1920-1923 Pevsner dirige un atelier de peinture aux Vkhoutémas, la nouvelle «Académie» russe des Beaux-Arts.
1922 Pevsner participe à la «Erste Russische Kunstaustellung», Galerie Van Diemen, Berlin.
1923 Le 7 janvier, Pevsner quitte Moscou pour Berlin et le 14 octobre il s’installe à Paris.
1924 Exposition «Constructivistes russes Gabo et Pevsner – Peintures, Constructions», galerie Percier, Paris.
1927 Pevsner crée avec Gabo la scénographie du ballet d'Henri Sauguet La Chatte pour les Ballets russes de Diaghilev.
1930 Il est naturalisé français.
1931 Fait partie du groupe «Abstraction-Création» aux côtés de Herbin, Kupka, Mondrian...
1945 Expose avec Arp, Robert et Sonia Delaunay, Domela, Freundlich, Gorin, Herbin, Kandinsky, Magnelli, Mondrian, Taeuber-Arp, van Doesburg dans le cadre du groupe «Art concret», galerie René Drouin, Paris.
1946 Fondation et organisation du 1er salon des «Réalités Nouvelles» avec Frédo-Sidès, Herbin, Gleizes, Pevsner et quelques autres. Exposition «Art concret» avec Sonia Delaunay, Herbin, Kandinsky, Magnelli, galerie René Drouin, Paris.
1947 Exposition personnelle, galerie René Drouin, Paris. Exposition «Gabo-Pevsner» au Museum of Modern Art à New York.
1948 Exposition «Antoine Pevsner, Max Bill, Georges Vantongerloo» au Kunsthaus à Zurich.
1953 Obtient un second Grand Prix au Concours international de sculpture, organisé par l’Institute of Contemporary Arts, Londres, autour du thème, «Monument pour le prisonnier politique inconnu».
1954 Exposition «Sept pionniers de la sculpture moderne : Arp, Brancusi, Chauvin, Duchamp-Villon, Gonzalez, Laurens, Pevsner», Yverdon, Suisse.
1956 Pevsner est élu vice-président du «Salon des Réalités nouvelles» et peu après président honoraire.
1956-1957 Exposition «Pevsner», au Palais de Tokyo, Paris.
1958 Il présente 14 sculptures à la 29e Biennale de Venise, à Anvers et à l'Exposition universelle de Bruxelles.
1961 Pevsner est fait chevalier de la Légion d'honneur.
1962 Il meurt à Paris le 12 avril.