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Née en 1947
Body-art

Née en 1947, Mireille Suzanne Francette Porte, dite Orlan, est une artiste s'exprimant à travers différents supports : peinture, sculpture, installations, performance, photographie, images numériques, intelligence artificielle, robotique, réalité augmentée, biotechnologies. En tant que performeuse, c'est une des artistes françaises de l'art corporel. Son œuvre se situe dans divers contextes provocateurs, légitimée par son engagement personnel.

Dès les années 1960 et 1970, Orlan interroge le statut du corps et les pressions politiques, religieuses, sociales, traditionnelles qui s'y inscrivent. Son travail dénonce la violence faite aux corps et en particulier aux corps des femmes, et s'engage ainsi dans un combat féministe. Elle fait de son corps l'instrument privilégié où se joue notre propre rapport à l'altérité. Ce travail d'Orlan sur le corps se fait notamment par le biais de la photographie. En 1976, par exemple, elle parcourt les rues parée d'une robe sur laquelle est représenté son corps nu. Dans la même période, au Portugal, elle propose sur un marché des photos collées sur bois et détourées correspondants à des morceaux d'elle-même : un bras, un bout de poitrine, etc.5. En 1977, lors de la Foire internationale d'art contemporain (FIAC), au Grand Palais à Paris, elle est vêtue de son torse représentant là encore une photo d'elle, nue, des épaules au bas du bassin, et propose, aux visiteurs, pour une somme modique à glisser dans une fente prévue à cet effet, un Baiser de l'artiste5,8.

En 1978, elle crée le Symposium international de la Performance, à Lyon, qu'elle anime jusqu'en 1982. Son manifeste de « l'art charnel » (Carnal Art Manifesto) est suivi d'une série d'opérations chirurgicales réalisées entre 1990 et 19935. La série comporte neuf opérations et chaque opération est une performance filmée. Orlan, sous anesthésie locale, lit des textes littéraires ou philosophiques dans une mise en scène préparée. L'opération en elle-même consiste à reproduire sur son corps des morceaux de visage de différentes oeuvres artistiques, comme le front de Mona Lisa ou le menton de la Vénus de Botticelli. L'objectif d'Orlan est de dénoncer l'absurdité des normes de beauté imposées aux femmes9. Avec cette série, le corps de l'artiste devient un lieu de débat public. Ces opérations chirurgicales - performances ont été largement médiatisées et ont provoqué une vive polémique, bien qu'elles ne représentent qu'une infime partie de son œuvre intégrale5.

Orlan explore également l'utilisation des nouvelles technologies dans le domaine des arts.

En 1982, avec Frédéric Develay, elle crée le premier magazine en ligne d'art contemporain, Art-Accès-Revue, sur minitel10. Cette revue11 convie des artistes internationaux travaillant in situ et/ou avec des problématiques conceptuelles à créer des œuvres originales spécialement conçues sur Minitel, par le Minitel et pour le Minitel. De nombreuses œuvres jouent avec le style graphique Vidéotex ou imitent de manière ironique les services Minitel (Bernard Venet, Vera Molnar, Ben, François Morellet, Daniel Buren…). Les œuvres sont accompagnées d'essais critiques. Le service donne également régulièrement la parole au public. Une présentation publique de cette banque de données a eu lieu au Centre Georges Pompidou dans le cadre de l'exposition Les immatériaux de Jean-François Lyotard. Le service Art-Accès a été distribué gratuitement par le serveur de la Ville de Metz : MIRABEL11.

Dans son travail de la fin des années 1990 et du début des années 2000, les Self-Hybridations, l'artiste, par le biais de la photographie numérique et des logiciels de retouches infographiques, hybride des visages de cultures différentes (amérindiens, pré-colombiens, africains)5.

Orlan tente ensuite d'élargir encore les frontières de l'art contemporain en utilisant les biotechnologies pour créer une installation intitulée Manteau d'Arlequin, faite à partir de cellules de l'artiste et de cellules d'origines humaine et animale.

Parallèlement, Orlan enseigne à l'École nationale supérieure d'arts de Cergy-Pontoise. En 2005, elle obtient une résidence d'un an à l'ISCP, à New York, par l'Association française d'action artistique (AFAA), et en 2006, elle est invitée à Los Angeles en résidence au Getty Research Institute, laboratoire de recherche du Getty Center.

En juin 2013, elle porte plainte contre Lady Gaga pour plagiat. Pour Orlan, la star américaine, dans l'album Born This Way sorti en 2011, s’inspire trop librement de ses « hybridations ». De plus, le début du clip de la chanson homonyme montre Lady Gaga fardée et décapitée et rappelle sa Femme avec tête exécutée en 1996. L'artiste demande un dédommagement de 31,7 millions de dollars. L'audience de plaidoirie avait été fixée au 7 juillet 2016 au tribunal de grande instance de Paris. Un premier verdict est annoncé en la défaveur d'Orlan qui doit alors verser 20 000 euros à la chanteuse mais l'artiste décide de faire appel12,13,14,15. En mai 2018, la cour d'appel de Paris déboute Orlan en confirmant l'absence de caractère parasitaire du clip vidéo incriminé16. Orlan est condamnée à verser 10 000 euros, au titre des frais exposés, à Lady Gaga17.

Elle reçoit le grand prix de l'e-Réputation 2013, organisé par Alexia Guggémos, catégorie « arts plastiques », qui récompense les personnalités les plus populaires sur internet, aux côtés de Philippe Starck et de Yann Arthus-Bertrand18

Depuis le 18 octobre 2018, Orlan est représentée en France par la galerie Ceysson & Bénétière à Paris19.

En 2019, elle est membre du jury du Opline Prize, le premier prix d'art contemporain en ligne20.

Pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, elle écrit son autobiographie, Strip-Tease tout sur ma vie tout sur mon art, publiée par Gallimard dans la collection « Témoins de l'art ».

Le 29 novembre 2020, elle est décorée de l' Ordre national de la Légion d'honneur au rang de Chevalière au titre du ministère de la Culture alors dirigé par Roselyne Bachelot.