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Les constructeurs

1950

Les constructeurs
Fernand Léger, 1950
Huile sur toile, 300 x 228 cm
Biot, Musée national Fernand Léger

Au début des années 1950, Fernand Léger réalise la série des Constructeurs. Cette œuvre est la version la plus aboutie de la série éponyme. S’inquiétant de savoir comment l’artiste moderne peut approcher le peuple, il accroche ses Constructeurs dans la cantine des usines Renault : « A midi, les gars sont arrivés. […] Il y en avait qui ricanaient. "Regarde-les, mais jamais ils ne pourraient travailler ces bonhommes avec des mains comme ça" […] Moi, je les écoutais et j’avalais tristement ma soupe. Huit jours plus tard […] l’atmosphère avait changé. Les gars ne riaient plus, ils ne s’occupaient plus des tableaux. Pourtant pas mal d’entre eux […] levaient les yeux, regardaient un instant mes toiles, puis se plongeaient à nouveaux dans l’assiette. […] Et quand j’étais pour partir, voilà un gars qui me dit : "Vous allez voir […] quand on aura enlevé les toiles, quand ils auront le mur tout nu devant, ils vont s’apercevoir ce que c’est que vos couleurs […]."

Par l’emploi de couleurs franches et lumineuses, Léger parvient à créer un espace de fausses perspectives. La composition est quadrillée par des poutrelles dressées à l’infini, ne rejoignant aucun point de fuite. Sur celles-ci, les ouvriers, tels des acrobates, défient les lois de l’équilibre et semblent presque flotter. A droite, l’ondulation d’une corde contraste avec les lignes formées par les poutrelles et un mouvement associé à celui des nuages de l’arrière-plan. La souche de bois située dans la partie inférieure du tableau paraît sortir de la toile. Cet élément inerte et insolite rappelle l’importance de la nature dans l’œuvre de l’artiste. Bien que Léger n’accorde pas plus de place aux constructeurs qu’aux échafaudages, l’homme se promène désormais librement, libéré des contraintes de la technique. 

Le peintre met en scène des personnages plus humains et individualisés que jamais, comme pour mieux contraster avec l’échafaudage métallique : « J’ai voulu rendre […] le contraste entre l’homme et ses inventions, entre l’ouvrier et toute cette architecture métallique, ce fer, ces ferrailles, ces boulons, es rivets. » Toutefois la figure humaine est traitée ici encore comme un simple objet.