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Les frises du Parthénon

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Frise dorique (-439 à -432 av. J-C)
Frise ionique (Phidias, 442 et 438 av. J-C)
Athènes, Musée de l'Acropole

Le Parthénon fut érigé entre 447 et 438 av. J. C. Ce très grand bâtiment mesure 30,88 mètres de large pour 69,50 mètres de long. Le sékos en lui-même a une largeur de 19 mètres. Le projet de décor fut tout à fois traditionnel et inédit. Les frontons furent plus grands et plus complexes que ce qui avait été fait jusque là. Le nombre de métopes de la frise dorique (92) était sans précédent, et ne fut jamais renouvelé. Enfin, alors que le temple est d'ordre dorique, le décor autour du sékos (normalement métopes et triglyphes) fut remplacé par une frise d'ordre ionique.

La frise dorique extérieure est faite de triglyphes (trois bandes verticales) alternant avec des métopes (parties plates). Les quatre-vingt-douze métopes du Parthénon ont été sculptées en haut-relief, une pratique jusqu'alors réservée aux trésors (bâtiments utilisés pour conserver les offrandes aux dieux). Selon les archives de la construction du Parthénon, les sculptures des métopes datent des années -446 à -440. Leur conception est attribuée au sculpteur Calamis. Chacune des faces est conçue autour d'un thème : est : Gigantomachie (14 métopes), sud : Centauromachie (32 métopes), ouest : Amazonomachie (14 métopes), nord : Ilioupersis : scène du sac de Troie (32 métopes, dont trois seulement sont conservées).

Les métopes conservent des traits du style sévère dans les visages et dans la limitation aux contours des détails corporels, sans indication des muscles, mais avec des veines saillantes bien visibles sur les personnages de la Centauromachie. Quelques-unes de ces métopes sont encore en place sur le bâtiment, mais elles sont gravement endommagées. Certaines d'entre elles sont conservées au musée de l'Acropole, d'autres sont au British Museum et l'une d'entre elles peut être vue au musée du Louvre.

Métopes sous le fronton est

Les métopes du côté est du Parthénon, au-dessus de l'entrée principale, décrivent une Gigantomachie (bataille mythique entre les dieux de l'Olympe et les Géants). Zeus (no 8) figure au centre, suivi de son frère Poséidon (no 6) jetant l'île de Nisyros sur un géant vaincu. La victoire des dieux est célébrée par le Soleil qui émerge de la nuit avec son char (no 14), inaugurant une nouvelle ère. Ces métopes du côté est sont en très mauvais état et l'interprétation des leurs figures demeure très conjecturale.

Métopes du côté sud

Les métopes du côté sud (1-12 et 21-37), à l'exception de la problématique métope 13-20 aujourd'hui perdue, montrent la Centauromachie ou combat des Lapithes et des Centaures (combat mythique des Lapithes aidés par Thésée contre les Centaures, mi-hommes, mi-chevaux, en Thessalie). Les Centaures sont figurés avec des traits rappelant ceux des masques de théâtre ; ils sont vêtus de peaux d'animaux et sont armés de branches d'arbres. Les Lapithes sont figurés nus ou vêtus de la chlamyde ; ils portent des épées et des boucliers, avec des éléments métalliques véritables qui se trouvaient insérés dans la pierre. On distingue aussi des hydries, qui semblent indiquer une bataille se déroulant à l'intérieur de bâtiments. Contrairement à ce qu'on attendrait d'un point de vue moral, ce sont les Centaures qui semblent l'emporter sur les Lapithes, du moins à cette phase de la bataille.

Le bombardement vénitien de 1687 a gravement endommagé nombre de métopes du côté sud, surtout au centre du mur. Les métopes détruites ne nous sont connues que par les dessins de Jacques Carrey (1674) et par quelques fragments parvenus jusqu'à nous. On ne peut déterminer avec certitudes ce qu'elles représentaient, probablement des scènes de mythes attiques, à mettre en rapport avec la Centauromachie déjà mentionnée.


Métopes sous le fronton ouest

Les métopes de l'ouest montrent le combat contre les Amazones (combat consécutif à l'invasion légendaire d'Athènes par les Amazones en habits perses, en référence aux guerres médiques).

Métopes du côté nord

Du côté nord du Parthénon, les métopes sont mal conservées, mais elles semblent avoir pour thème le sac de Troie.

La frise ionique du Parthénon est réalisé en marbre du Pentélique. Elle mesure 160 mètres de long et représente 378 figures humaines et 245 animaux. Elle entourait le sékos (partie fermée) du Parthénon sur l'Acropole d'Athènes. Si elle a été réalisée par plusieurs artistes, elle fut sculptée très probablement sous la direction de Phidias entre 442 et 438 av. J-C.

Le naos (ou cella) est décoré, de façon inattendue, au-dessus de l'architrave dorique, d'une frise ionique en continu, que l'on nomme généralement « frise du Parthénon » ou « frise des Panathénées », car elle semble représenter la grande procession qui se déroulait au cours de cette fête. De structure complexe, mesurant 160 m de long, comprenant 360 personnages, elle représente une procession comprenant hommes, héros éponymes des tribus grecques, dieux, chevaux d'une cavalcade et divers objets cultuels. De nombreux chars pour les apobatai (pluriel d'apobátês) sont aussi présents. Ce sont des guerriers en armes sautant en marche des chars pour y remonter après avoir couru à côté ; ces athlètes participaient à un concours et le meilleur d'entre eux recevait comme prix une amphore d'huile tirée des oliviers sacrés. Il est possible que cet exercice d'essence religieuse provienne du fait qu'Érichthonios passait pour l'inventeur du char. Parmi les mortels se trouvent peut-être — les exégètes ne s'accordent pas — les ergastinai, femmes chargées de tisser le péplos dont on habillait une statue de bois d'olivier d'Athéna Polias ("protectrice de la cité", gardée dans l'ancien temple d'Athéna) pendant les Panathénées. Il est notable que des mortelles soient représentées : en effet c'est une des rares cérémonies auxquelles elles étaient conviées.

L'interprétation la plus répandue est qu'elle représente la procession du péplos lors des grandes Panathénées. C'est une nouveauté dans la sculpture grecque : un thème non-mythologique sur un bâtiment à vocation religieuse. La procession part du côté ouest du bâtiment où sont représentés les préparatifs, avec principalement des cavaliers. Le magistrat au coin nord de la frise ouest est le point de départ symbolique de la procession. Elle se déroule ensuite en parallèle sur les murs sud et nord. Le côté nord, celui potentiellement le plus vu, est celui qui a fait l'objet du plus d'attentions de la part des sculpteurs. Les deux côtés représentent la même chose : d'abord des cavaliers, puis des chars sur près de la moitié. Ensuite, parmi les personnages à pied, se trouvent des hommes âgés, des musiciens, des porteurs de divers objets puis les animaux destinés au sacrifice. La frise arrive du côté est où elle est accueillie par les dieux. À l'est apparaissent pour la première fois des figures féminines. À nouveau, les scènes sont similaires au nord et au sud : un groupe féminin, des hommes qui selon les interprétations sont des magistrats ou les héros éponymes des dix tribus, les dieux et enfin au centre, la scène de remise du péplos.

Il n'existe aucun texte antique expliquant avec certitude ce que la frise représente. Les historiens et archéologues ont proposé, autour de cette procession des Panathénées, des interprétations différentes. C. Kardara, C. Jeppese ou Joan B. Connelly y lisent des mythes fondateurs athéniens ; John Boardman y voit l'héroïsation des marathonomaques. Pour d'autres, enfin, la représentation transcenderait la simple procession et exprimerait la dédicace de l'ensemble de la cité à sa déesse tutélaire.


Le thème de cette frise est lié à la fête des Panathénées. À partir de 566 av. J. C., la principale fête religieuse d'Athènes était les Panathénées, célébrées durant le mois d'hécatombeion, avec, tous les quatre ans, en imitation des Jeux olympiques, une cérémonie plus importante, celles des « grandes Panathénées ». Ces dernières s'accompagnaient de concours sportifs et musicaux, de spectacles équestres, d'un concours de beauté masculine et même d'une régate en baie du Pirée. Les vainqueurs recevaient une amphore remplie de l'huile d'olive produite par les arbres sacrés d'Athéna. L'apogée de la fête était la procession qui se déroulait sur un peu plus d'un kilomètre entre le Dypilon et l'Acropole. Tous les quatre ans, elle portait à la statue d'Athéna Polias (un xoanon-statue en boisconservé dans l'Érechthéion) un nouveau péplos brodé.

Les archéologues et spécialistes de l'art antique ont numéroté les plaques, avec des chiffres romains, et les personnages, avec des chiffres arabes. À l'ouest, la plaque de référence est celle du coin nord-ouest (magistrat) numérotée I, jusqu'à XVI au coin sud-ouest. La numérotation reprend à I au coin sud-ouest pour la frise sud pour atteindre XLVII au coin sud-est. Pour la frise nord : I au coin nord-est et XLVII au coin nord-ouest (dans le sens inverse donc de la numérotation de la frise sud). À l'est, la frise est numérotée I depuis le coin sud-est à IX au coin nord-est. Les personnages sont numérotés en chiffres arabes, selon la même organisation.

Les inscriptions relatives à la construction du Parthénon permettent de penser que les blocs de marbre ont été mis en place en haut des murs du sékos entre 442 et 440 avant J.C et certainement sculptés ensuite (contrairement aux métopes, sculptées au sol avant d'être positionnées). Les échafaudages étaient de toutes façons nécessaires aux finitions peintes qui ne pouvaient être faites qu’in situ. Les derniers blocs sculptés auraient été ceux de la frise à l'est, terminés vers 438 avant J.C. La frise est placée très haut, et donc potentiellement peu visible. Pour avoir le meilleur angle de vue, il faut se trouver à l'extérieur de la colonnade à environ vingt mètres du bâtiment (et dans ce cas, les colonnes bouchent en partie la vue). Pour compenser ce défaut, les blocs de marbre ont été sculptés de façon à ce que le haut soit un peu plus avancé que le bas, le faisant ainsi légèrement pencher vers les spectateurs. De plus, l'usage de la couleur rendait la frise plus visible. Toute trace de peinture a aujourd'hui disparu. Cependant, il est possible de conjecturer, à partir de ce qui est connu pour le « Théséion » et des statues classiques. Le fond devait être bleu ; les chevaux qui se superposent devaient être de différentes robes ; des détails, trop difficiles à sculpter devaient être simplement peints (branches d'olivier par exemple). Divers objets de métal devaient se trouver aussi tout au long de la frise, comme l'indiquent les nombreux trous d'attache retrouvés : ainsi, les rênes des chevaux, les couronnes (celle de laurier d'Apollon par exemple) ou les attributs des dieux.

La longueur de l'ensemble sculpté se prête à la représentation d'une procession. Les préparatifs sont présentés du côté ouest du bâtiment, que les visiteurs qui arrivaient sur l'Acropole par les Propylées à l'ouest voyaient donc en premier. Elle se déroule ensuite d'ouest en est, de chaque côté du sékos. À l'est, la procession est accueillie par les dieux. Au total, elle représente 378 personnes et 245 animaux (227 chevaux ainsi que 14 bovins et 4 ovins pour le sacrifice). Il semblerait qu'en choisissant de faire passer la procession en parallèle de chaque côté du bâtiment, Phidias ait voulu éviter qu'elle en fasse le tour et qu'elle se trouve à progresser en sens contraire. La majeure partie de la frise représente une cavalcade. Il pourrait ici s'agir d'un choix artistique : les nombreuses attitudes des chevaux, cavaliers et chars évitant la monotonie d'une simple procession à pied. La partie ouest (frise ouest et moitié ouest des frises nord et sud) est généralement interprétée comme un moment dynamique et bruyant, tandis qu'à partir du moment où les personnages sont à pied, la procession semble se faire plus calme, lente et accompagnée de musique (donc audible). La frise répond à la règle traditionnelle d'« isocéphalie » qui voulait que toutes les figures représentées aient toutes les pieds sur la même ligne (en fait le bas des plaques) et toutes les têtes sur la même ligne (pratiquement au sommet de la plaque). Cela nécessita des adaptations de la part des sculpteurs : les chevaux sont représentés plus petits (trop petits même pour leurs cavaliers) tandis que les dieux sont un tiers plus grands que les mortels. Pour éviter la « monotonie », les concepteurs de la frise lui ont donné un rythme (a-b-a : lent-vite-lent), plus visible pour les animaux du sacrifice que pour les humains : une génisse marche doucement, une est agitée, une se calme. Les personnages faisant les mêmes gestes sont aussi représentés à différents stades, consécutifs, du geste : ainsi, pour les jeunes gens portant des hydries, le premier rencontré dans le déroulé de la frise se penche pour prendre son vase, le suivant la place sur son épaule, celui qui précède ajuste l'hydrie, le premier de la file marche. Enfin, pour rompre le rythme, un magistrat est placé à intervalles irréguliers le long de la frise / procession.

Toutes les plaques du côté ouest ont une unité de sujet : les préparatifs avant le départ. Il n'y a aucun chevauchement d'une plaque à l'autre. Comme elles sont de tailles différentes, elles ont dû être taillées pour correspondre au sujet représenté et non l'inverse. Elles auraient pu aussi être sculptées au sol avant d'être mises en place. Les plaques de la moitié sud de ce côté ouest représentent des chevaux (un avec la crinière non taillée, un autre se cabrant) et des hommes à pied, le tout sous la supervision d'un homme qui a une tablette à la main. La seconde plaque au nord représente deux jeunes hommes à cheval ; le premier se retourne et fait un geste avec la main au-dessus de la tête. Les différences de style sont telles sur cette plaque qu'elle a dû être sculptée par plusieurs artistes. La variété d'actions et de vêtements sur l'ensemble des plaques ouest suggère que les instructions données aux sculpteurs ont dû être succinctes. Elles ont donc été certainement réalisées en premier, peut-être même avant 440 avant J.C. Quelques-uns des cavaliers et des chevaux sont tournés vers la droite (des spectateurs), mais la grande majorité est tournée vers la gauche, vers le nord, car le chemin le plus facile pour faire le tour du Parthénon en arrivant des Propylées est par le côté nord du bâtiment. Par conséquent, le travail de sculpture a été plus soigné sur la frise nord.

Côté nord

La procession part du coin nord de la frise ouest, avec une plaque courte représentant un magistrat (c'est aussi celle qui est choisie comme plaque no I dans les descriptions). Les plaques de la frise nord mesurent en moyenne 1,22 mètre de long. Les sculptures de ce côté du bâtiment ne tiennent pas compte des plaques et se poursuivent de l'une à l'autre, donnant l'impression d'une continuité. Seuls des éléments « uniques », comme la tête des cavaliers, ne sont pas coupés. Cette continuité d'une plaque à l'autre signifie surtout que les sculptures n'ont été réalisées qu'une fois que les plaques de marbre ont été installées au sommet du mur. Aux quelques endroits vierges de toute sculpture, les traces de coups de ciseau montrent que le bloc avait été préparé avant d'être mis en place. Par la suite, l'artiste coordonnateur aurait pu faire sur la surface un dessin préparatoire, laissant ses assistants réaliser le bas-relief. La première plaque sur le côté nord est une des plus longues. Deux cavaliers ne sont pas encore montés sur leurs chevaux. Un des jeunes hommes est nu (convention artistique répétée régulièrement tout au long de la frise), simplement vêtu d'une chlamyde attachée au cou et flottant derrière lui. Il fait le même geste au-dessus de la tête que le cavalier sur la deuxième plaque du côté ouest. L'autre cavalier porte un chiton qu'attache un jeune garçon, dernière figure de la frise nord. Cette plaque fait donc la liaison entre les deux côtés du bâtiment. Les vingt plaques suivantes, composant quasiment l'intégralité de la procession de ce côté du bâtiment représentent soixante ou soixante-deux cavaliers. Plusieurs artistes ont participé à ces sculptures, sous la direction d'un seul donnant une unité à l'ensemble. Les cavaliers et leurs montures sont représentés de façon à donner l'idée qu'ils avancent à six, parfois sept ou huit de front : le bas-relief est de moins en moins profond du cheval au premier plan au cheval au dernier plan. La plupart des chevaux sont au trot ; quelques-uns sont au galop ; tous tentent de se maintenir au même rythme.

La cavalcade est ainsi divisée en rangs, avec un chef de file (le cavalier de tête), celui sculpté devant sur les deux plans : devant les autres cavaliers dans le sens de la marche et devant les autres cavaliers sur la profondeur de la frise sculptée. Souvent, il est tourné ou regarde vers les spectateurs. Cette organisation spatiale qui donne l'impression de profondeur est ici utilisée pour la première fois. Elle permet aussi de représenter le maximum de chevaux dans le minimum d'espace. L'organisation de la cavalcade sur la frise sud est claire (dix groupes de six). Au contraire, sur la frise nord, il est plus difficile de déterminer le nombre de groupes et le nombre de cavaliers cheminant de front et les auteurs divergent dans leur description des soixante cavaliers. Les chevaux et leurs attitudes sont tous différenciés. Cependant, les pattes arrières sont toutes pliées de façon à ce que l'arrière du cheval soit plus bas que l'avant, afin de disposer au dessus de l'espace nécessaire à la représentation du cavalier. Pour la même raison, les chevaux ne sont pas sculptés à l'échelle, mais ils sont un peu plus petits que nature. Les cavaliers eux-aussi sont tous différents. Certains sont nus (convention esthétique) ; d'autres sont en tunique ou ont un manteau ; d'autres encore portent une cuirasse ; les couvre-chef varient : rien, bandeau, chapeau, bonnet scythe, casques divers.

Les parties suivantes de la frise nord ont été les plus endommagées par l'explosion de 1687. De ces plaques ne subsistent que quelques fragments. Elles ne sont connues que par des descriptions ou des dessins, comme ceux attribués à Jacques Carrey. Aussi, comptes et interprétations divergent. Devant les cavaliers, se trouvait un groupe de dix ou douze quadriges, chacun portant un aurige en chiton et un apobátês (soldat en armes, montant et descendant du char). Les chars sont accompagnés d'un magistrat à pied. Devant les chars, tous les personnages sont à pied. La procession devait alors entamer sa montée vers l'Acropole dont cavaliers et quadriges ne pouvaient négocier la pente. Les personnages à pied sont principalement connus par les dessins attribués à Jacques Carrey, ainsi que par une plaque retrouvée dans les murs d'une maison construite par un Ottoman sur l'Acropole. Le bloc de marbre a été récupéré lors de la démolition de la maison après la guerre d'indépendance ; il est conservé au musée de l'Acropole. Le groupe à pied était composé de seize hommes âgés, de huit musiciens jouant de la lyre et de l'aulos, de quatre jeunes gens portant des hydries (hydriaphoroi) ou des plateaux d'offrandes (skaphephoroi), ainsi que du bétail (quatre génisses et quatre brebis) destiné au sacrifice

Côté sud

La frise sud est quasiment identique à la frise nord. Il y a aussi soixante cavaliers, organisés en dix groupes de six, de façon bien plus évidente que sur la frise nord. Les tenues sont ainsi immédiatement identifiables et groupées : bonnet scythe (alopekis) pour les six premiers ; tête nue et presque nu (simple chlamyde) pour les six suivants ; tête nue et chitoniskos (tunique courte) avec double ceinture pour le troisième groupe de six ; tête nue, tunique et chlamyde pour les six suivants ; tête nue et armure de métal pour les suivants ; tête nue et armure de cuir pour la demie douzaine suivante ; casque attique pour le septième groupe ; pétase pour le neuvième groupe. Le nombre de chars par contre est différent.

La représentation de la cavalcade est moins détaillée que de l'autre côté du bâtiment (avec des exceptions : la plaque III et les chevaux au galop de la plaque avec les chars sont ainsi de très grande qualité). Comme la frise sud allait être moins vue, il est possible que des artistes moins doués ont été délibérément employés. Il se pourrait aussi que la réalisation de cette partie ait été retardée au profit de travaux plus importants et qu'elle ait donc été terminée dans l'urgence. Enfin peut-être, l'artiste ayant réalisé le dessin préparatoire était moins doué au sud qu'au nord. C'est aussi sur cette partie de la frise que les différences de technique entre les nombreux sculpteurs sont les plus marquées (comme pour les crinières des chevaux). La disposition des chevaux au sud est sans imagination : six groupes de dix contrairement au nord où elle est plus variée. Il n'y a qu'une seule plaque avec des chars : sur l'un des fragments, le char roule, l’apobátês « à bord » ; sur un autre fragment, le char est arrêté et l’apobátês est descendu : aucun n'est représenté en mouvement. La partie représentant des personnages à pied a, elle aussi, presque totalement disparu lors de l'explosion de 1687 et n'est connue que grâce aux dessins attribués à Carrey. Il semblerait donc qu'il n'y ait aucun musicien au sud, mais plutôt quatre jeunes hommes portant des objets rectangulaires (des tablettes, des pinax ?). Dix génisses sont les seuls animaux menés au sacrifice représentés sur la frise sud.

Côté sud

Lorsque la procession quitte les côtés nord et sud pour arriver à l'est, le rythme représenté semble se ralentir ; pour la première fois, des figures féminines apparaissent ; les animaux disparaissent. La composition est symétrique, avec les divinités encadrant la scène centrale, tournées vers la procession qui arrive de chaque côté. La représentation de l'espace est très complexe de ce côté est : il y a en effet trois points de fuite : un à chaque extrémité où arrive la procession et celui de la scène centrale. La position des dieux complexifie aussi les choses. Il ne peuvent être représentés de face (convention artistique grecque), donc, ils doivent être tournés soit vers la procession, soit vers la scène centrale. Dans un cas comme dans l'autre, ils tournent le dos à l'une des deux. Certains commentateurs ont considéré qu'il s'agissait ici d'un défaut. Leur disposition de chaque côté de la scène centrale est liée au problème technique de la représentation de l'assemblée des dieux. Ils sont en fait, comme il est de tradition, en groupe, mais installés comme sur les gradins d'un théâtre, dominant les deux actions qui se déroulent à leurs pieds. La procession est alors menée par un groupe de dix-sept personnages de chaque côté. À l'extérieur, se trouvent des personnages féminins. Du côté nord, deux jeunes femmes (vêtues d'un himation sur un péplos) font face à deux hommes dont l'un porte un objet plat que les jeunes filles auraient pu lui donner. Vêtements et cheveux des jeunes femmes font penser qu'elles pourraient être les vierges canéphores (porteuses des paniers rituels). Derrière elles, apparaissent quatre jeunes femmes, dont une portant une phiale bien visible ; puis deux jeunes femmes portent un thymiaterion (pour brûler l'encens) ; puis deux autres se présentant avec des œnochoés et quatre avec des phiales. Du côté sud, les deux premières jeunes femmes sont vêtues d'un chiton en plus de l'himation et du péplos ; elles sont suivies de deux jeunes femmes portant un thymiaterion, cinq avec un œnochoé et cinq avec des phiales. Les objets que portent certaines ne sont pas facilement identifiés : certains pourraient être des montants pour les broches destinées à rôtir la viande du sacrifice ; d'autres pourraient être des éléments de métier à tisser. La jeune femme en tête de chaque groupe ne porte rien. Entre les jeunes femmes et les dieux au centre, se trouve un groupe d'hommes âgés : quatre au nord et six au sud. Ils sont les seuls personnages mortels de la frise à ne rien faire : ils semblent discuter, pour certains appuyés confortablement sur une canne.

Les dieux sont assez facilement identifiables. À gauche, tournés vers le sud, se trouvent Hermès, Dionysos, Déméter et Arès. Hermès porte les signes du voyageur : manteau, bottes et pétase sur les genoux ; le caducée qu'il avait en main était en métal et a disparu, ne subsiste que le trou dans la sculpture où il s'adaptait. Appuyé sur l'épaule d'Hermès, assis sur un coussin, le dieu suivant est identifié à Dionysos ; sa main levée devait tenir son thyrse qui ne devait qu'être peint puisqu'il n'y a aucune trace d'une attache d'un objet en métal. Il est le seul à n'être pas « tourné » vers la procession, mais vers la scène centrale. Déméter est ensuite représentée : la main droite sous le menton est son geste de deuil pour sa fille Perséphone disparue ; sa main gauche tient la torche, tournée vers le bas, qui l'éclairait dans sa quête de sa fille. Ensuite, Arès est assis dans une position détendue ; un fragment de sa lance subsiste le long de sa cheville ; le reste devait être peint. Les figures suivantes sont une figure ailée (Iris ou Niké, la première étant préférée dans les identifications), Héra et Zeus. Héra fait le geste traditionnel de l'épouse, levant son voile. Zeus est assis à la place d'honneur de ce côté, non pas sur un banc, comme les autres divinités, mais sur un trône (avec dossier et accoudoirs soutenus par un sphinx). Il devait tenir un sceptre dans la main droite.

À droite, tournés vers le nord, sept autres dieux accueillent la procession. De la plaque la plus au nord ne subsistent que des fragments. Cependant, un moulage avait été fait en 1790. Elle est aussi connue par des gravures. Elle représentait Poséidon (avec son trident), Apollon (avec une branche et une couronne de laurier), Artémis (avec son arc ?), Aphrodite (avec un parasol ?) plus Éros nu. Apollon se tourne vers Poséidon pour lui parler ; Artémis prend le bras d'Aphrodite. Cette dernière montre à son fils Éros la procession qui s'approche. Plus au centre se trouvent Athéna et Héphaïstos. La déesse est à la place d'honneur de ce côté, au même niveau que son père, le Parthénon lui étant dédié. Elle ne porte pas son casque. Selon certaines interprétations, Athéna n'est pas armée. Pour d'autres (Ian Jenkins par exemple), elle a l'égide sur le genoux et devait avoir une lance dans la main droite, comme l'indiquerait la rangée de trous destinés à tenir l'objet de métal. Héphaïstos est soutenu par une béquille sous l'aisselle. Les deux divinités sont associées dans le « Théséion » voisin construit en même temps que le Parthénon. Diverses explications ont été avancées pour cette organisation divine. Des interprétations anciennes ont suggéré qu'elle correspondrait à l'organisation géographique de leurs cultes respectifs en Attique. Jenifer Neils considère que le premier groupe serait celui des « dieux de la terre », mené par Arès, le dieu de la guerre sur terre, accompagné de divinités de la fertilité plus Hermès, le psychopompe guidant les humains chez Hadès. Le second groupe serait donc celui des « dieux marins », mené par Poséidon, avec les jumeaux nés sur l'île sacrée de Délos et Aphrodite née de l'écume de la mer. Hermès et Aphrodite, les dieux les plus proches des humains par leurs interactions, sont placés à l'extérieur, au plus près de ceux-ci. Les dieux sont assis, mais leur tête reste au même niveau que celle des mortels (« isocéphalie ») qui s'approchent : ils sont donc représentés plus grands (d'un tiers à peu près), convention artistique et religieuse. De même, dans chacun des groupe de sept divinités, six sont assis et un septième est debout, donc plus petit, donc plus jeune selon les conventions en vigueur. La question se pose aussi quant à l'endroit où se trouvent les dieux. Si l'interprétation la plus courante est l'Acropole, des auteurs ont suggéré que se puisse être l'Olympe voire l'Agora. Cette présence des dieux parmi les mortels est la theoxenia (le fait de recevoir les dieux chez soi), très répandue dans la mythologie grecque et donc dans les cérémonies religieuses. L'action sculptée au centre est sujette à controverses. Deux très jeunes filles, d'âge différent, au sud, portent sur la tête un tabouret (dont les pieds, totalement détachés du fond, ont disparu, à l'exception d'un seul ; ces pieds semblent moins travaillés que ceux des sièges des dieux) et des coussins. De plus, la seconde (depuis le centre) porte un repose-pieds, rappelant celui sur les représentations courantes de Zeus. Cet unique repose-pieds induit une différence entre les deux personnes à qui tabourets (dont l'un est plus petit) et coussins sont destinés. Elles s'approchent d'une femme vêtue d'un chiton, d'un péplos et d'un himation, qui leur fait face, au centre. Elle a saisi le pied (subsistant) du tabouret le plus proche d'elle. Au nord, un enfant et un homme tiennent une pièce de tissu pliée. L'homme porte une simple tunique à courtes manches, sans ceinture : la tenue traditionnelle des prêtres sur les représentations. L'enfant, parfois vu comme un pré-adolescent, semble être celui qui a remis l'étoffe à l'homme. Il porte un long manteau, plus long devant, révélant tout l'arrière de son corps, nu. Sa tenue rappelle celle du jeune esclave au tout début du côté nord de la frise.