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Rock my religion

1984

Rock my religion
Dan Graham,
Video, stereo, 55' (video sur Vimeo).

La pensée et l'oeuvre de Dan Graham ont fortement influencé les artistes vidéo depuis le milieu des années 60. Nourri des différentes interrogations sociales, philosophiques et esthétiques du moment, il n'a cessé de questionner la structure et le système de l'art, la création et son autonomie supposée, la représentation et la perception.

A travers ses activités de galeriste, ses interventions sur les textes, sur l'environnement, ses performances, ses oeuvres vidéo, ses travaux critiques, son analyse de la musique rock, il interroge sans cesse le langage et le dispositif perceptif mis en jeu.

Dans Rock my Religion, il crée un langage parallèle entre la famille religieuse et celle "non oedipienne" du rock, entre la société et le star-system, et dénote ainsi nos structures modernes d'aliénation. Il met en regard l'idéologie même de la star comme "sauveur messianique", comme concept quasi religieux. Son image récupérée par les médias, la rock-star a pour fonction d'obscurcir la vérité quant à son origine et sa fonction en tant que pur produit de consommation.

Attentif au Pop Art, Dan Graham s'intéresse aux dualités entre l'expression populaire et la création artistique et à tout ce qui permet au spectateur de mettre en question sa position face aux fondements formels et politiques de ce rapport. Combinant la sociologie, l'anthropologie, la psychanalyse, la philosophie et la politique (entre Marx et Foucault), il observe les mutations fondamentales des croyances et superstitions depuis la fin du 18e siècle, ceci à partir des fondements de la religion Shaker, créée en Angleterre par une ouvrière du nom de Ann Lee et qui croyait à la stricte égalité des sexes devant Dieu.

Le monde du travail, la condition féminine, l'émergence de la musique rock, violence et sexualité sont les matériaux de cette réflexion critique. A travers les visages de Jim Morrison, Bob Dylan, Patti Smith, etc., entre l'église et Woodstock, se dessine par fragments un portrait, une mémoire de l'Amérique. Des images d'architecture, omniprésente dans l'oeuvre de Dan Graham, participent à l'élaboration de ce paysage, dans une sorte d'effet-miroir, et structurent ce discours complexe des liens entre public, spectacle, croyance et politique.

Stéphanie Moisdon pour Newmedia