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Suzanne et les vieillards

1610

Suzanne et les vieillards
Artemisia Gentileschi, 1610
Huile sur toile, 170 cm × 119 cm
Pommersfelden, Château de Weissenstein

Les historiens de l'art Roberto Longhi et Andrea Emiliani se sont demandé comment Gentileschi pouvait peindre un nu féminin convaincant à un si jeune âge.Ils ont spéculé si elle avait étudié l'anatomie féminine ou utilisé un modèle de son père, car son atelier de travail se trouvait dans la maison familiale.

La peinture de Gentileschi a été comparée à celle d'autres artistes qui ont utilisé le même sujet. La Suzanne de Gentileschi, horifiée par les propos que les vieillards lui tiennent n'est pas confortablement assise. Une torsion de son corps montre sa détresse, contrairement à de nombreuses représentations qui ne révèlent aucun inconfort. Une comparaison peut être faite avec la version d'Annibal Carrache :

Suzanne et les vieillards
Annibal Carrache, 1590-95
Suzanne et les vieillards
Artemisia Gentileschi, 1610

La Suzanne de Gentileschi est à la fois plus active et plus féminine que la Suzanne de Carracci, dont le corps semble plus anatomiquement masculin mais est représenté dans une position plus érotisée, comme si elle était réceptive à l'attention des deux aînés.

Plutôt que de représenter le type de corps typique des peintures précédentes de Suzanne, Gentileschi choisit un style plus classique pour le corps de Suzanne, qui élève sa nudité dans un sens plus héroïque. Le cadre de cette scène dans une enceinte en pierre représente en outre un écart par rapport au cadre de jardin typique utilisé dans les représentations précédentes d'autres artistes. La composition verticale de Gentileschi étend également les deux aînés au sommet comme un élément sombre planant au-dessus de la scène, créant un sentiment de pression malveillante imposée à Suzanne.

Gentileschi a peint cette scène au moins deux fois de plus au cours de sa vie. Comme cette version est la plus ancienne, Roberto Contini, Germaine Greer, Suzanne Stolzenwald et Mary D. Garrard ont supposé qu'elle avait peint avec les conseils de son père. Cependant, aucun autre artiste n'avait exploré la dimension psychologique de cette histoire biblique auparavant, suggérant que le père de Gentileschi, un artiste de formation traditionnelle, n'aurait eu aucune influence sur le concept de la peinture du jeune artiste. Le rendu naturaliste d'Artemisia de la forme féminine contraste avec le style de son père, mais les ajustements révélés par les rayons X peuvent suggérer que les conseils d'Orazio se concentraient sur l'arrangement de la composition plutôt que sur la représentation.

La signature de Gentileschi est indiquée sur la marche en pierre, en bas à gauche du tableau. Elle n'a signé que 19 de ses peintures.