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Concetto spaziale, La fine di Dio (63-FD.17)

1963

Concetto spaziale, La fine di Dio (63-FD.17)
Lucio Fontana, 1968
Vinylique sur toile; incisions, 125 x 100,5 cm
Paris, MNAM

En 1963-1964, Fontana réalise un ensemble de trente-huit toiles monochromes de grandes dimensions et de forme ovoïde, constellées d'entailles et de perforations : les «Fine di Dio» (celle du Musée est répertoriée par E. Crispolti, cat. rais. Il, n o 63-FD.17). De couleurs très diverses (rouge, rose, vert, violet, jaune, blanc, or...), parfois couvertes de paillettes, ces peintures présentent le plus souvent une surface labourée de perforations de toutes tailles.

Entre 1956 et 1960, l'artiste avait déjà adopté, pour certains tableaux, des formats non quadrangulaires : losanges, polygones irréguliers, petits ovales (par exemple pour la série intitulée «Quanta» en hommage à Max Planck). La signification symbolique nouvelle de ces grands ovoïdes ne peut toutefois être écartée. Préfaçant la première exposition de cette série («Lucio Fontana : le Ova», Milan, galleria dell'Ariete, juin 1963), le critique d'art Gillo Dorfles voit dans les «Fine di Dio» de Fontana «le germe, l'embryon d'un nouvel être mais aussi la matrice spirituelle, le microcosme, la forme qui en elle-même contient toute existence future [...]; l'œuf géant, synonyme du monde et de la création, symbole d'une divinité toujours présente, toujours fécondante toujours fécondée, et aussi le symbole qui vient se substituer à l'iconologie d'une antique figuration désormais usée et caduque». Corroborant ultérieurement cette analyse, Fontana confiera, dans un entretien à Caria Lonzi, que le titre Fine di Dio ne doit pas être assimilé à «Mort de Dieu», mais à l'impossibilité actuelle d'une représentation traditionnelle de la divinité. «Dieu, dit-il, est invisible, Dieu est inconcevable, donc, aujourd'hui, un artiste ne peut représenter Dieu sur un fauteuil avec le monde dans sa main [...] ».

Les « Fine di Dio », présentés à Paris, galerie Iris Clert en 1964, sous-titrés à cette occasion «Les œufs célestes», susciteront des commentaires assimilant Dieu à l'absolue infinité spatiale. En offrant à celle-ci un cadre ovoïde ouvert sur le vide, Fontana détourne en faveur de cette vision syncrétiste du monde un symbole multiséculaire de résurrection.