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La fée Électricité

1937

La fée Électricité (voir vue à 360°)
Raoul Dufy, 1937
Peinture à l'huile sur contreplaqué, 1000 x 6000 cm
Musée d'Art moderne de Paris

Comme Fernand Léger, Robert Delaunay et nombre d’autres artistes, Raoul Dufy reçoit, pour l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne du 25 mai au 25 novembre 1937 se déroulant à Paris, la commande de décorations monumentales, notamment celle du mur légèrement courbe du hall du Palais de la Lumière et de l’Électricité, édifié par Robert Mallet-Stevens sur le Champ-de-Mars.

Il se plie au programme du commanditaire, la Compagnie parisienne de distribution d’électricité, pour raconter La Fée Électricité en s’inspirant entre autres du De rerum natura de Lucrèce. Cette composition de 600 m2 est formé de 250 panneaux en contreplaqué indéformable parqueté sur bois et cintré (afin d'épouser la courbure de la charpente métallique du Palais de la Lumière de Robert Mallet-Stevens), mesurant chacun 2 m de hauteur sur 1,20 m de largeur. Elle se déploie, de droite à gauche et sur deux registres principaux, l’histoire de l’électricité et de ses applications, depuis les premières observations jusqu’aux réalisations techniques les plus modernes. La partie supérieure est un paysage changeant dans lequel le peintre a disséminé ses thèmes favoris : voiliers, nuées d’oiseaux, batteuse, bal du 14 juillet. Le long du registre inférieur sont disposés les portraits de cent dix savants et inventeurs ayant contribué au développement de l’électricité.

Mêlant la mythologie et les allégories à l’exactitude historique et à la description technologique, Dufy joue sur l’opposition des contraires. Au centre, les dieux de l’Olympe et les générateurs de la centrale électrique reliés par la foudre de Zeus ; la nature primordiale et les architectures ; les travaux, les jours et les machines modernes. Immédiatement à gauche du centre, Iris, messagère des dieux, fille d’Electra, vole dans la lumière, au-dessus d’un orchestre et des capitales du monde diffusant toutes les teintes du prisme. Des aplats de couleurs rouges, bleus, jaunes ou verts indépendants du dessin très souple, organisent et dynamisent cette composition virtuose. La méthode utilisée par Dufy permit une réalisation très rapide (dix mois depuis la conception), grâce à un médium mis au point par le chimiste Jacques Maroger qui rend en outre la matière picturale transparente, comme à l’aquarelle. Cette apparente facilité dissimule en réalité une importante innovation technique, de nombreuses recherches documentaires et un travail soutenu (modèles peints nus puis en costumes, dessins reportés au calque pour trouver la disposition des groupes ensuite projetés grandeur nature sur les panneaux à l’aide d’une lanterne magique). Donnée par Électricité de France, cette décoration monumentale fut installée au Musée d’Art Moderne de Paris en 1964 et restaurée en 2020.