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Plastica

1964

Plastica
Alberto Burri, 1964
Polychlorure de vinyle (PVC) calciné, 150,5 x 251 cm
Paris, MNAMi

Les premières « Combustioni » sont réalisées en 1953-1954 : ce sont des reliquats de papiers brûlés, eux-mêmes collés sur papier. Les brûlures ont alors une valeur ornementale. Le feu, en 1958-1961, remplace le pinceau pour réaliser les soudures de la série des « Ferri ». C’est à partir de 1961 qu’apparaissent à la fois les « Plastiche » et les « Combustioni plastiche ». L’œuvre du Mnam (cat. rais. n° 953) est composée d’un plastique troué par le feu et tendu sur un châssis métallique. Contrairement à d’autres œuvres de la série des « Combustioni », où le plastique est opaque, rouge ou noir, il est ici blanc et transparent. L’œuvre paraîtrait immatérielle si les trous dus à la combustion ne lui rendaient un aspect visuel et tactile en raison de leurs rebords noircis et ourlés, et parce que le vide qu’ils ouvrent fait ressortir par contraste l’épaisseur du plastique. Par rapport aux « Sacchi », la série gagne en radicalité : elle se passe de toile de fond et la peinture est désormais totalement absente. Le feu, à la différence des outils du peintre, travaille par retrait de matière : l’opération étant purement quantitative, elle met en évidence le matériau pour lui-même. Il convient d’ailleurs de distinguer ces combustions, dont seul compte le résultat matériel, de celles d’Yves Klein, qui sont auréolées du moment mystique de l’embrasement. Le choix du plastique, tout au début des années 1960, invite à rapprocher la série de l’émergence du pop. Mais Burri traite le plastique comme il a traité les sacs : si l’inscription dans le contexte social ne saurait être négligée, il faut considérer avant tout la composition, avec le rythme, la tension, les valeurs visuelles introduites par les trous et par le choix du matériau. Pour cette raison, ce n’est pas non plus un écran transparent à travers lequel le monde se rend visible. Loin du Grand Verre de Marcel Duchamp, c’est, comme l’écrit Pierre Restany, en 1962, « un art brut soumis à l’esprit de géométrie » (Cimaise , n° 59, mai-juin 1962, p. 12-25).