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Grande Cretto di Gibellina

1984

Grande Cretto di Gibellina
Alberto Burri, 1984
Ciment, 300 x 400 mètres

Grande Cretto di Gibellina, également connu sous le nom de laberinto della memoria, est une œuvre en ciment réalisé par Alberto Burri en 1984 et laissé inachevé faute de fonds en 1989

22 blocs de ciment hauts d’1,60 mètres et de larges de dix à vingt mètres, aux formes variées, composent un quadrilatère de 300 mètres sur 400 qui couvre les 12 hectares d'un terrain escarpé. Elle est la plus grande œuvre de land art en Europe, et l’une des plus étendues au monde. Le ciment blanc évoque un suaire recouvrant une partie des ruines de Gibellina Vecchia

La ville d'origine de Gibellina a été complètement détruite lors du tremblement de terre au Belice de 1968. Gibellina a depuis été reconstruite, à environ 20 km de l'emplacement d'origine de la vieille ville. Dans le cadre d'une reconstruction artistique de Gibellina voulue par le maire Ludovico Corrao, Burri intervient sur les ruines abandonnées de Gibellina Vecchia en concevant une œuvre monumentale de conservation et mémorielle qui devient l'une des pièces maitresse de cette « ville-musée ». Auteur du concept de « cretto » ou terre craquelée depuis le début des années 1970 et jusqu'à sa mort, l'artiste poursuit à Gibellina son travail reproduisant l'esthétique des sols fissurés par le soleil. L’œuvre suppose d'abord la suppression par l'armée de tous les décombres qui subsistent depuis 1968, au grand dam des anciens habitants, nourrissant une forme d'opposition locale au projet. La réalisation est financée par les dons des Siciliens américains et par l'apport de la matière première par des cimenteries italiennes. En 2015, pour marquer le centième anniversaire de Alberto Burri, les travaux ont finalement été achevés. Autour, aucun élément d'explication ou de contextualisation n'accompagne le visiteur comme pour éviter d'en faire une attraction touristique, mais limite la portée évocatrice et commémoratif du monument, qui n'est pas reconnue par les habitants ayant vécu ou non le séisme.

situé sur la vieille ville de Gibellina. Le 14 janvier 1968, Gibellina, un village plus que millénaire, comptait quelque 6 000 habitants, vivant surtout de l’agriculture. Cette nuit-là, le tremblement de terre d’une magnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter qui ravagea la vallée du Belice, détruisit Gibellina et trois autres villages, tua quelques centaines de personnes, fit plus de 1 000 blessés et quelques milliers de sans-abris. Peut-être inspiré par les spectaculaires reconstructions des villes du Val di Noto après le tremblement de terre de 1693, le maire de Gibellina décida de faire appel à des architectes et des artistes, dont Pietro Consagra, pour planifier la reconstruction de la ville nouvelle de Gibellina Nuova, parachutée à une quinzaine de kilomètres des ruines de l’ancien village, au milieu de nulle part, sur des terrains acquis à gros prix de la mafia, dit-on

Invité à créer une œuvre d’art pour Gibellina Nuova, Alberto Burri, s’avoua peu inspiré par l’emplacement prévu. Le site du village original lui faisait plus d’effet. Il proposa d’en faire une œuvre d’art dans la mouvance du « Land Art » et choisit de bétonner le village pour créer une sorte de monument à la mémoire des disparus et du lieu. Le béton permettra d’enfouir les restes du village sous une lourde chape blanche faite d’une centaine de blocs géants de plus d’un mètre et demi de hauteur, ne respectant que le tracé des anciennes rues de la topologie du lieu. Baptisé Grand Cretto, ce cimetière de maisons et de mémoire, un immense monument horizontal désolé, silencieux et désert, qui a fait mourir le village une seconde fois, laisse une impression de désespoir. Du côté de Gibellina Nuova, le rendez-vous des habitants et des artistes, étrangers à la réalité de la région, n’a pas eu lieu. L’endroit est désert, sans âme et semble aussi abandonné que le village mort.