l'Église Sainte-Agnès Francesco Borromini 1653

Eglise Sainte Agnès.
Francesco Borromini, 1653
Rome

Borromini, comme Della Porta avant lui au Gésu, continue à faire usage, tout en les transformant, des éléments architecturaux de la Renaissance. Comme Della Porta, il a encadré son entrée principale d'un portique de temple ; comme lui, il a dans les parties latérales employé des pilastres par couples, pour la somptuosité de l'effet. Mais à côté de la façade de Borromini, celle de della Porta paraît sobre.

Borromini ne se contente pas d'orner un mur d'ordres empruntés à l'architecture classique. Il lui fallait combiner toutes sortes d'éléments divers : vaste coupole, façade proprement dite et tours latérales. La façade s'incurve avec la souplesse d'une maquette de glaise. L'architecture a accumulé les détails inattendus. Le premier étage des tours est de plan carré, le second circulaire, et le passage d'un étage à l'autre est ménagé par un entablement étrangement brisé. L'encadrement des portes latérales est encore plus extraordinaire. La manière dont une espèce de fronton y circonscrit une fenêtre ovale est absolument sans précédent. Les courbes et les volutes du style baroque en sont arrivées à commander à la fois le plan d'ensemble et la décoration.

On a reproché aux édifices de ce genre d'être trop chargés et de donner dans le théâtral. Sans doute l'architecte lui-même n'aurait pas compris un tel reproche. Il voulait son église gaie et magnifique. Si le but du théâtre est de réjouir aux prestiges d'un monde féerique de lumière et de faste, pourquoi l'architecte qui construit une église ne chercherait-il pas à nous suggérer le ciel par plus de faste encore ? A l'intérieur les marbres précieux, l'or et le stuc ont été employés à profusion dans le but délibéré de nous proposer une vision de la gloire céleste d'agir plus puissamment sur nos sens que le mystère des cathédrales médiévales.

Source : Gombrich , histoire de l'art.

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