C'est au cours de travaux de déblaiement d'un terrain destiné au départ à ériger, en plein centre d'Athènes, un musée d'art moderne que les pelleteuses ont mis au jour en 1996 les vestiges du fameux Lycée d'Aristote que les archéologues recherchaient depuis des siècles. Situé dans le prolongement du musée byzantin, le site est ouvert au public depuis le 5 juin 2014, de 08h00 à 20h00.

Le lycée d'Aristote

C'est près du temple consacré à Apollon lycien, qui donna son nom à l'école, qu'Aristote (384-322 av. J.-C.) a fondé son académie vers 335 av. JC, après son retour de Macédoine à la suite du départ de son élève Alexandre le Grand pour les guerres de conquête. Le lycée constituait l'une des trois grandes écoles philosophiques de l'antiquité grecque avec l'académie de Platon et l'école du Cynosarge, créée par les cyniques après la mort de Socrate (339 av. J.-C.).

Aristote y enseigna la rhétorique, les mathématiques et la philosophie à ses étudiants pendant douze ans. Le philosophe dispensant son enseignement à ses disciples en marchant, son école est dite péripatétique, ou péripatéticienne, du grec ancien peripatetikós, "qui aime se promener en discutant". Les élèves étudiaient sur des parchemins dans des pièces situées autour de la cour centrale, le palestre, où ils s'entrainaient à la lutte et à l'art de la guerre.

Au coeur d'un parc archéologique

Outre les restes de deux temples, dont celui d'Apollon, les vestiges comprennent les ruines du palestre. Construit au IVe siècle avant Jésus-Christ, habité et reconstruit jusqu’au IVe siècle après JC, le palestre sera finalement abandonné et détruit. La construction de baraquements militaires du XIXe siècle, utilisés jusque dans les années 1960, a fortement abîmé la structure. De l’époque d’Aristote, il ne reste d’ailleurs plus rien, si ce n’est quelques poteries. Heureusement, les murs révèlent des indices, que seuls les archéologues savent décrypter.

Un projet de protection consistant à recouvrir entièrement les restes de construction par une structure métallique a été abandonné. Le site a ainsi été livré aux aléas de la météo pendant plusieurs années. "Le Palestre a été très abîmé, déplore Nikki Sakka, archéologue en charge du maintien du site. Depuis, nous essayons de reconstruire certains tranchées pour faciliter l’écoulement de l’eau". Seules protections installées, des petites structures de verre et de métal qui protègent les restes de bains chauds et froids, relativement bien conservés.

Une reprise de projet, sous la forme d'un parc arhéologique, a été permise par une importante dotation de l’Opap, la société qui gère la loterie nationale et les paris sportifs. Situé à quelques centaines de mètres du Parlement, dans le prolongement du musée byzantin, il offre environ un hectare de verdure où les visiteurs peuvent à nouveau "se promener en discutant" un voyage dans l'univers du philosophe grec. Uun mini amphithéâtre à ciel ouvert accueillera bientôt des auditeurs qui partageront sans doute la même soif d’apprendre que les étudiants d'Aristote.