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Musée des beaux-arts de Caen
Le château - 14 000 Caen 02 31 30 47 70

  • 27 avril - 29 septembre 2013
  • Tous les jours sauf le mardi
  • Tarifs: 5/3 euros.

Pour sa deuxième édition après celle de 2010, le festival Normandie Impressionniste fédère en 2013 un ensemble de projets autour du thème de l'eau.

Ce sujet offre un aspect particulièrement séduisant, vivant de l'impressionnisme et vient enrichir l'ensemble des expositions du festival : le musée de Rouen présente Eblouissants Reflets, Le Havre expose Pissarro dans les ports tandis que Fécamp organise des visites sur les pas de Monet sur les falaises normandes. Le musée des beaux-arts de Caen propose une exposition dédiée aux loisirs du bord de l'eau : Un été au bord de l'eau : loisirs et impressionnisme.

L'exposition de Caen rassemble une centaine de tableaux de peintres impressionnistes français et étrangers, mettant en scène des personnages pratiquant des activités de loisirs en lien avec l'eau, principalement la mer. La période couverte est très large. En introduction et conclusion sont ainsi présentées deux oeuvers majeures, l'une de Renoir de 1869 et l'autre de Matisse de 1906. Mais l'exposition présente aussi un Eugène Boudin de 1856 et un Théo Van Rysselberghe de 1920.

Auguste Renoir (1869) en Prélude et Henri Matisse (1906) comme Epilogue
Auguste Renoir : Nymphe à la source, 1869-70
Henri Matisse : Dame à la terrasse, 1906

Les scènes de plages ont la part belle : depuis les robes à crinolines des élégantes flottant dans la brise marine jusqu'aux costumes de bain des baigneurs téméraires, au milieu du mobilier indispensable à la villégiature balnéaire : cabines, tentes, sièges. Si les paysages de bord de mer sont l'objet de tous les soins avec leurs infinies variations atmosphériques, les peintres étudient aussi les corps dévêtus dans un paysage marin ; devenus sujets exclusifs d’étude du peintre, ces corps solaires consacrent la métamorphose du nu académique, conjuguant tradition et modernité.

Les activités sportives comme la régate, le canotage, la baignade constituent aussi des morceaux de choix. Ces nouveaux thèmes, dont s'emparent les peintres, correspondent au développement et à l'engouement pour les villégiatures balnéaires et les multiples activités de loisirs et de sports qui y sont attachées. Ces sujets jusqu'alors inexplorés, en lien direct avec la vie quotidienne, captivent bien entendu les impressionnistes qui y voient là une source d'inspiration inédite, moderne et particulièrement féconde.

L’exposition décline ainsi son propos en quatre chapitres qui illustrent les différents modes d’exploration de ces thèmes par le peintre : Sur la plage, Le spectacle de l’eau, Barques et voiles, A l'eau…

 


I Sur la plage

La plage devient naturellement un espace privilégié pour les premiers vacanciers à la découverte des plaisirs de la mer. Sous le Second Empire, les villages de pêcheurs deviennent en quelques années de mondaines stations balnéaires, voyant apparaître riches villas et luxueux hôtels.
À la recherche de dépaysement et de pittoresque, les vacanciers s’appliquent paradoxalement à reconstituer la société parisienne sur les plages normandes qui deviennent bientôt le « boulevard d’été de Paris ».
Lors de leurs séjours, Manet, Monet, Berthe Morisot, Degas vont réaliser des scènes de plages suggestives, conçues comme des esquisses libres et spontanées. Sous l’influence de Boudin, Monet peint les plages de Trouville et de Sainte-Adresse,
Inaugurant un genre enrichi par les expériences de Manet à Boulogne ou Gauguin en Bretagne... Cette séquence évoquera aussi les peintres réalistes et descriptifs tels Prinet, Blanche, Helleu, qui mènent aux interprétations lumineuses de Maurice Denis, séduisant metteur en scène de sa famille lors de ses séjours réguliers à Perros-Guirec. Gardons-nous aussi d’oublier les importantes contributions des peintres étrangers tels que Krøyer, Liebermann et l’Espagnol Sorolla...

Eugène Boudin : La plage à Trouville, 1865.
Princeton, university art museum.

Maurice Denis : Soir de septembre, 1908.
Brest, musée des beaux-arts.

   
   
Mary Cassatt, Enfants jouant sur la plage, 1885
Washington, National Gallery of Art
Eugène Boudin. Marine. Rivage normand 1856,
Quimper, Musée des beaux-arts.
   
   

 


Le spectacle de l’eau

Claude Monet,
L'hôtel des roches noires à Trouville
, 1870.
Paris Musée d'Orsay
Berthe Morisot,
Vue du port de Lorient, 1869.
Washington, National Gallery of Art.


Sous l’effet du tourisme, la côte se transforme et les plages se couvrent de cabines de bain, abri indispensable pour se préparer à affronter les vagues. On se baigne et on se promène vêtu, avec une ombrelle, par décence mais aussi parce que le teint clair demeure la fier té des classes aisées. Les peintres plantent leur chevalet le long des promenades ou directement sur la plage, à l’affut de sensations nouvelles. On a retrouvé du sable dans la pâte des tableaux de Manet !
Le genre qu’est devenue la marine se régénère avec la présence de promeneurs en quête de panoramas dégagés. La promenade en mer offre des points de vue inédits, certains peintres comme Monet ou Bonnard, représentent des scènes depuis les embarcations elles-mêmes.

Barques et voiles

John Singer Sargent,
Deux Femmes endormies dans une barque, 1887. Lisbonne, Fondation Gulbenkian

Claude Monet,
Les Barques. Régates à Argenteuil, 1874.
Paris, musée d’Orsay


Simples barques, voiliers, yachts vont captiver les peintres, pour eux-mêmes mais surtout pour les activités qu’ils permettent ; courses, régates, promenades. L’installation de Monet en 1871 à Argenteuil, au bord de la Seine, est décisive ; les nombreux artistes qui le rejoignent vont offrir à l’impressionnisme l’un de ses chapitres les plus créatifs.

A l'eau…

Pierre-Auguste Renoir,
Baigneuse aux cheveux longs , 1896.
Paris, musée de l’Orangerie

Pierre-Auguste Renoir,
Trois baigneuses au crabe, vers 1897.
Cleveland

Cette dernière section rassemble de grandes illustrations du thème, aux compositions souvent ambitieuses. Cette séquence nous éloigne des rivages normands, rappelant que l’impressionnisme possède un volet méditerranéen.

En cherchant la confrontation avec le grand genre et sa tradition séculaire, les peintres s’approprient le traitement académique du nu pour le transcender et peindre les corps en pleine lumière, sous le soleil, au sein d’une nature triomphante. On retrouve là Bazille, Degas avec ses étranges Petites paysannes se baignant à la mer vers le soir, baigneuses nues privées de toute inhibition, Seurat (remarquable série d’ébauches pour son chef-d’œuvre, Baignade à Asnières), Cross, un inattendu Kupka, et bien sûr Renoir, Cézanne, les plus assidus dans ce genre.Tous deux s’efforcent de placer la figure au centre de leur pensée et de leur esthétique : plénitude solaire et voluptueuse chez Renoir, recherches de structures et de rythmes chez Cézanne. Souvenons-nous qu’avec ses séries des Baigneurs, ce dernier allait marquer un jalon essentiel dans l’aventure de la modernité, passant magistralement le relais à Matisse, Picasso...