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Du 14/09/2022 au 31/12/2022
Lieux principaux : Usines Fagor-Brant, Musée d’art contemporain de Lyon Musée Guimet
Tarifs : De 10 € à 20 €

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La Biennale d’art contemporain de Lyon revient cette année pour sa 16e édition sous le titre Manifesto of fragility. L'évènement investit de nombreux lieux de la ville dont les Usines Fagor, l'ancien Musée Guimet ou le macLYON, et réserve des surprises dans l’espace public ou dans des lieux insolites à découvrir spécialement pour l’occasion. La Biennale d'art contemporain de Lyon est l'une des plus importantes manifestations en France consacrées à l’art contemporain.

Imaginée par les commissaires Sam Bardaouil et Till Fellrath comme un "manifeste de la fragilité", la 16e édition de la Biennale d’art contemporain de Lyon est une invitation à réfléchir à la précarité de notre condition humaine, de la fragilité de notre propre corps jusqu’à la vulnérabilité de la planète entière, en passant par toutes les situations intermédiaires imaginables.

Cette édition propose de rencontrer des œuvres d'art qui prennent le pouls de leur époque. Elle est envisagée comme un lieu de réflexion, centré sur des pratiques artistiques qui embrassent la fragilité de notre existence.

La fragilité est peut-être l'une des rares vérités universellement ressenties dans notre monde divisé. Elle n'est nulle part plus apparente que sur et dans le corps, cette frontière poreuse entre l'intérieur et l'extérieur.
Au travers de la fragilité, cette Biennale explore également la résistance en tant qu'acte générateur, aussi révélateur de la créativité et de la capacité à réinventer le monde.

88 artistes contemporains issus de 39 pays sont invités à aborder le thème de la fragilité dans une grande diversité de pratiques artistiques.
De nombreuses œuvres, créées sur place, s’adaptent au contexte architectural des lieux dans lesquelles elles sont exposées, dont notamment plusieurs installations immersives de très grand format. Pour cette édition, la Biennale puise aussi dans la richesse des collections des musées de Lyon et d’ailleurs afin d’inviter à une nouvelle lecture des œuvres au travers de récits intemporels faits de vulnérabilité et de persévérance.

Les usines Faber, hall 1.

Joana Hadjithomas & Khalil Joreige – Where is My Mind?, 2020
Installation vidéo, 3 vidéos HD synchronisées

Né·e·s en 1969 à Beyrouth, Liban. Vivent et travaillent à Paris, France, et Beyrouth, Liban. Dans leur travail multimédia, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige interrogent la fiabilité des images, des histoires collectives et parfois tenues secrètes, ainsi que la construction des imaginaires et des expériences personnelles. Les deux artistes développent depuis plusieurs années le projet J’ai regardé si fixement la beauté introduisant la poésie comme une forme de résistance face au chaos du monde qui nous entoure. C’est dans ce cadre que le duo réalise Where Is My Mind?, une installation vidéo composée à partir d’images prises dans divers musées archéologiques. Des statues antiques ayant perdu leur tête ou des visages privés de leur corps s’avancent comme hanté·e·s par les vers du poète grec Georges Séféris. Ce défilé de héros et d’héroïnes mutilé·e·s et dénué·e·s de leur singularité questionne notre identité à l’heure où nous avons le sentiment d’être de plus en plus captif·ve·s des données et des codes qui pourraient mettre en péril notre propension à rêver librement, politiquement et poétiquement.

 

James Webb – A Series of Personal Questions Addressed to a Roman Coin, 2019
Denier d’argent romain daté de l’an 70 , haut-parleur, amplificateur, lecteur multimédia, audio

Né en 1975 à Kimberley, Afrique du Sud. Vit et travaille au Cap, Afrique du Sud et à Stockholm, Suède. Connu pour ses interventions et ses installations sonores conçues spécifiquement pour certains espaces, James Webb introduit des objets dans des environnements différents, afin de créer de nouvelles possibilités de compréhension et de communication entre les oeuvres et le public. Dans A Series of Personal Questions Addressed to a Roman Coin, l’artiste interroge un denier d’argent frappé en l’an 70 de notre ère, qui aurait été utilisé pour toutes sortes de transactions sous l’Empire, de l’achat de pain au paiement d’un pot-de-vin. Bien qu’aucune réponse ne soit écrite, donnée ou suggérée par l’artefact, les questions posées par James Webb, relatives aux diverses expériences de l’objet, favorisent un autre type de dialogue avec le public.

Klara Hosnedlova : Sound of hatching (2022)
Epoxy, inox, fil coton, métal

Née en 1990 à Uherské Hradiště, République tchèque. Vit et travaille à Berlin, Allemagne et Prague, République tchèque. Le travail de Klára Hosnedlová, qui combine sculpture, performance, photographie et textile, explore les sentiments historiques des idéologies collectives tels qu’ils se cristallisent dans le design et l’architecture modernes et contemporains. Conçue spécifiquement pour les usines Fagor, son installation se compose de grandes sculptures en époxy ornées de broderies et entourées d’une sorte de mur invisible, qui crée un sentiment d’abri mais aussi d’emprisonnement. Conformément aux procédés habituels de création de l’artiste, son oeuvre s’inspire de ses précédents projets (dont elle réutilise des photographies) afin de former un environnement unique, où s’entremêlent divers récits. Invité à traverser l’espace, le public réactive ces multiples histoires, en découvrant le passé afin de donner un sens à l’avenir.

 

Hans Op de Beeck : we were the last to stay
Installation in situ, matériaux divers

Né en 1969 à Turnhout, Belgique. Vit et travaille à Bruxelles, Belgique. Inspiré par le peintre Johannes Vermeer, le cinéaste David Lynch ou encore l’écrivain Raymond Carver, Hans Op de Beeck compose des univers miniatures ou gigantesques, vides ou peuplés d’êtres anonymes. Entre immobilité et mouvement, ces espaces offrent des instants d’émerveillement et de silence. Pour la Biennale de Lyon, l’artiste réalise une installation immersive entièrement grise, qui ressemble autant à un camping abandonné qu’à un parc urbain délabré recouvert de cendres. Le titre We Were the Last to Stay fait référence aux dernier·ère·s habitant·e·s qui sont resté·e·s dans cet espace communautaire, lorsque l’élan du rêve de la vie partagée s’est dissipé, et que le lieu animé s’est tristement vidé. Telle une ville fantôme, l’ensemble pétrifié et figé peut être perçu comme un gigantesque memento mori, qui nous rappelle la fuite irrémédiable du temps et la vanité de l’existence humaine.

Julian Charrière :
Towards No Earthly Pole, 2019 - Not All Who Wander Are Lost, 2019 - Pure Waste, 2021
Film couleur 4K, 104’30’’; Sculpture, roche glaciaire, carottes de forage, aluminium, laiton, cuivre, acier inoxydable; Vidéo couleur UHD, 5’30’’

Né en 1987 à Morges, Suisse. Vit et travaille à Berlin, Allemagne. Créant des parallèles entre les champs de l’art et de la science, la pratique de Julian Charrière explore la relation entre l’homme et son environnement, que la crise climatique actuelle a bouleversée. Dans cette installation combinant vidéo, sculpture et sons, Julian Charrière reproduit le sentiment de désorientation que l’homme éprouve lorsqu’il contemple l’immensité des paysages glaciaires. Dans Pure Waste, il inverse le cycle traditionnel de l’exploitation des ressources naturelles par l’homme, en restituant à la Terre, cinq diamants qu’il a fabriqués à partir du CO2 récolté dans l’air ambiant ou d’émanations diverses, en collaboration avec l’institut technologique de l’ETH de Zurich. Dans Towards No Earthly Pole, l’artiste joue sur le décalage entre notre perception collective des paysages glaciaires et la réalité fragile des cryosphères, mises en péril par le réchauffement climatique. Enfin, le bloc erratique de Not All Who Wander Are Lost - perforé et posé sur ses propres carottes et éléments métalliques insérés -nous rappelle l’histoire des glaciers, entre résistance millénaire et disparition progressive. L’installation multimédia propose une interprétation poétique et intime de ces mondes, habituellement abordés avec une objectivité scientifique.

Musée Guimet

Dans son travail, à mi-chemin entre cinéma et arts visuels, Clément Cogitore explore inlassablement la survivance des rites et la perméabilité des mondes archaïques et contemporains. Dans Morgestraich, il rend hommage au carnaval de Bâle, évènement qui se déroule depuis plus d’un siècle, mais qui a été annulé en 2021 et en 2022, en raison de la pandémie mondiale. À quatre heures du matin, alors que les lumières de la ville s’éteignent, des groupes de musicien·ne·s défilent dans la rue, au son des pipeaux et des tambours. Mis en scène sur un fond noir, les carnavalier·ère·s déguisé·e·s, qui portent sur leur tête des petites lanternes, marchent sans fin en direction d’une foule rendue invisible. Déployant cette procession lugubre et festive, qui marque le passage de l’hiver au printemps, de la nuit au jour et de la mort à la vie, l’oeuvre de Clément Cogitore plonge le public au coeur d’un événement déplacé hors du temps.

Jean-Luc Lacuve, le 26 octobre 2022

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