Editeur : Arte éditions. Avril 2012. Langues audio : anglais, français. Durée film : 0h55. Durée total du DVD : 1h25. 15 €.

Supplément :

  • PALETTES : Vinci "le sourire et l'entrelacs". Un film d'Alain Jaubert - 30 min.

La Sainte Anne est un des plus beaux tableaux du monde, un des plus mystérieux. Mais c'était aussi un tableau malade, défiguré, voire menacé, par les « réparations », et les couches de vernis successives déposées au fil des siècles. Pour le sauver une restauration s'imposait. Une intervention spectaculaire qui s'est étalée sur plus de trois ans, un chantier comme il en existe un par siècle. Cette opération complexe et exceptionnelle a été l'occasion unique d'être au plus près du tableau tel qu'il a été peint à l'origine, et de mieux comprendre la relation complexe que Léonard de Vinci entretenait avec un de ses plus grands chefs-d'oeuvre.

Pendant les vingt dernières années de sa vie, Léonard de Vinci ne s’est jamais séparé de trois de ses tableaux : La Joconde, Saint Jean Baptiste et La Vierge, L’Enfant Jésus et Sainte Anne. Il vivait avec eux, les emportait d’Italie en France, les gardait dans son atelier et les reprenait sans cesse, à la poursuite d’un rêve de perfection. Des trois œuvres, La Joconde est la plus célèbre. Mais pour les contemporains du peintre, le véritable chef-d’œuvre est la Sainte Anne, la mère de la Vierge tenant celle-ci assise sur ses genoux, de loin la plus complexe et la plus ambitieuse ; la plus mystérieuse aussi.

Cinq siècles après, on s’interroge encore sur le sens de ce tableau. Est-il uniquement religieux ? Est-ce, comme l’écrit Freud, une confession intime du peintre, un aveu de son homosexualité ? Ou bien est-il le fruit d’une vision essentiellement picturale ? Les spécialistes cherchent aussi à comprendre le secret du sfumato, cette technique particulière à Léonard de Vinci, qui vise à estomper les traits et qui donne ce rendu unique au modelé des visages et aux lointains.

Mais le plus grand mystère de la Sainte Anne réside dans son inachèvement. Malgré sa perfection, le tableau n’est pas fini. L’artiste l’a commencé vers 1500, et il n’a cessé de le reprendre jusqu’à sa mort en 1519. Pendant vingt ans, Léonard n’a pas pu ou n’a pas voulu l’achever, nous laissant aujourd’hui face à une œuvre ouverte. Comment et pourquoi ? Jusqu’à maintenant, personne n’était en mesure de répondre à ces questions. D’autant plus que des couches successives de vernis jaunis ont petit à petit recouvert l’œuvre originale, ne permettant plus de voir sa véritable matière, ses nuances, ses profondeurs et ses couleurs.

La restauration entreprise, qui était d’abord une question de survie pour le tableau, permet aujourd’hui d’y voir plus clair. La Sainte Anne était un tableau malade, défiguré, menacé, par les "réparations", et les couches de vernis successives déposées au fil des siècles, sa couche picturale originelle risquant d’être altérée de manière irrémédiable. Une intervention spectaculaire s'est étalée sur plus de trois ans, un chantier comme il en existe un par siècle. Commencée en juillet 2009, la restauration mobilise d'abord les outils les plus sophistiqués de l’investigation scientifique. En mars 2011, elle entre dans une phase décisive : la toile rentre en soins intensifs auprès de Cinzia Pasquali, la restauratrice choisie sur appel d’offres. Le travail se fait à l’ancienne, à la main, et s’achève le 15 février 2012.

Cette opération complexe et exceptionnelle a été l'occasion unique d'être au plus près du tableau tel qu'il a été peint à l'origine, et de mieux comprendre la relation complexe que Léonard de Vinci entretenait avec un de ses plus grands chefs-d'oeuvre.

 

PALETTES : Vinci "le sourire et l'entrelacs" (1989, 0h30)

Depuis qu'elle a été peinte entre 1500 et 1515, de nombreux écrits et analyses sont parus sur cette oeuvre. En disséquant le tableau jusqu'aux moindres détails, Alain Jaubert mène enquête scientifique détaillée. En intitulant son documentaire Le sourire et l'entrelacs, il livre deux clés d'interprétation majeures pour convaincre le spectateur de la beauté et de l'importance du tableau.

Leonard, fils bâtard d'un notaire toscan a eu deux mères : sa vraie mère et sa mère d'adoption. Alain Jaubert valide la thèse de Freud pour lequel Vinci condense les deux figures maternelle de Marie et Anne en un seul corps. Le sourire énigmatique qui revient dans plusieurs de ses personnages serait le sourire maternel sublimé. La conquête d'un visage personnel et chargé d'implications philosophique est caractéristique de la renaissance florentine. A l'idéal platonicien de la beauté, à la douceur de Leonard qu'il partage avec Le pérugin ou Raphael, s'ajoute le trait distinctif de Léonard : le sourire. Evident dans la Joconde ou la sainte Anne, on peut le voir aussi sur les lèvres de la Vierge aux rochers, de l'ange, ou de la dame à l'hermine. Le sourire qui inscrit la bouche et les yeux dans un cercle parfait répond ainsi aux préoccupations scientifiques, intimes et artistiques de Leonard.

L'entrelacs des lignes et des formes souhaité par Léonard dans la condensation des corps d'Anne et Marie mais aussi de Jésus enfant et de l'agneau et dans tous le paysage multiplie les possibilités d'analogies et de correspondances et préfigure les tentations baroques qui succèderont à la Renaissance : au monde clos se substituera le monde infini, aux formes fermées succèderont les formes ouvertes. Ces pistes anachroniques sont peut-être l'explication de l'inachèvement des œuvres de Leonard.

 

 
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